La situation humanitaire en Haïti se détériore dramatiquement 

Par Alexandre Ménard 

Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, est toujours en grande partie aux mains de bandes armées. L’organisation onusienne pour les migrations (OIM) rapporte que la violence des gangs aurait poussé au moins 15000 personnes à fuir Port-au-Prince en une semaine. 

Face à l’escalade de la violence en Haïti, la situation humanitaire s’est dramatiquement détériorée. Les habitants de la capitale vivent « enfermés », la ville étant « entourée de groupes armés et de dangers », a déclaré Philippe Branchat, le chef du bureau haïtien de l’OIM. 

Des bandes armées contrôlent la majeure partie de la capitale ainsi que les liaisons routières avec le reste du pays. Depuis plusieurs jours, ils attaquent les policiers, les prisons et les tribunaux. 

« Les Haïtiens ne sont pas en mesure de mener une vie normale. Ils vivent dans la peur, et chaque jour, chaque heure que dure cette situation, le traumatisme s’aggrave », a déclaré Branchat. Au total, 362 000 déplacés internes sont enregistrés en Haïti, selon l’OIM. 

État d’urgence et couvre-feu 

En raison de la détérioration massive de la situation sécuritaire, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence avec couvre-feu nocturne il y a une semaine, tandis que des bandes d’insurgés ont attaqué des postes de police. Ce week-end, des unités de police ont tenté d’étendre leur contrôle territorial à proximité d’importants bâtiments gouvernementaux. 

La violence a dégénéré en l’absence du chef du gouvernement haïtien, Ariel Henry, alors que celui-ci se trouvait en voyage à l’étranger, au Kenya. Les bandes armées du pays exigent sa démission, puisqu’il aurait dû quitter ses fonctions en février. À la fin du mois, Henry s’est mis d’accord avec l’opposition pour gouverner ensemble jusqu’à la tenue de nouvelles élections. 

Depuis Port-au-Prince, un journaliste de l’AFP a rapporté que des dizaines de personnes occupent des bâtiments administratifs locaux pour y trouver refuge contre la violence. Vendredi, des hommes armés ont attaqué le palais présidentiel et le commissariat de Port-au-Prince, selon le syndicat de la police haïtienne. 

Des violences également en dehors de la capitale 

Le représentant de l’OIM, M. Branchat, a signalé des violences également dans la région de l’Artibonite, situé au nord-ouest de la capitale, ainsi que des barrages routiers au Cap-Haïtien, dans le nord de l’État insulaire, et des pénuries de carburant dans le sud. Les administrations publiques et les écoles du pays sont fermées en permanence, tandis que l’aéroport et le port de Port-au-Prince sont hors service. 

Selon l’OIM, les soins de santé sont également fortement perturbés. Plusieurs hôpitaux ont été attaqués ; le personnel médical et les patients ont dû quitter les cliniques — parmi eux des nouveau-nés. Plusieurs représentants de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Haïti ont averti dans une déclaration commune que 3 000 femmes enceintes pourraient être privées d’accès aux soins médicaux. 450 d’entre elles risquent de souffrir de « complications mortelles » sans assistance médicale. 

Haïti, pays pauvre, traverse depuis des années une grave crise économique et politique et déplore une augmentation de la violence. Selon l’ONU, environ 1 200 personnes ont été tuées et près de 700 autres blessées par la violence des gangs depuis le début de l’année. Les services publics de base sont au bord de l’effondrement et des milliers de personnes sont coupées de l’aide humanitaire, selon l’ONU. 


Source: Us Marine Corps

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