La magie de Noël se rend-elle aussi jusqu’en prison?

Par Laurence Poulin

Le temps des fêtes, et plus précisément le soir de Noël, est empreint d’une lumière chaleureuse qui vient éclairer des cœurs qui en ont souvent bien besoin. C’est la période où l’on prend davantage le temps de se rassembler en famille et entre amis. Durant l’année, les obligations du train de vie occupé de tout un chacun ne permettent pas toujours à la famille entière de passer du temps réunie. Il arrive que la distance empêche certaines familles d’être complètes autour de la table le soir du 25 décembre. D’autres fois, il arrive que ce soit le système judiciaire qui les en empêche. On oublie parfois que de nombreuses familles sont déchirées par le manque d’un fils, d’une mère, d’un frère, d’un cousin qui est confiné derrière les barreaux. Le fait d’avoir un membre en prison est une réalité à laquelle beaucoup de gens de notre société doivent faire face. Pour l’année 2013-2014, les établissements de détention de la province du Québec ont enregistré plus de 43 560 détenus. Ces hommes et ces femmes vivent en marge de la société, dans un système qui réglemente leurs activités et leurs rencontres. Ce temps de l’année est souvent empreint de nostalgie et de souvenirs des Noëls d’enfance, de sapins scintillants et de soupers en famille.

On fait souvent croire aux jeunes enfants qu’ils doivent « être sages » durant l’année pour que le père Noël leur apporte leurs joujoux le soir venu. Qu’en est-il des « moins sages » de notre société ? Sont-ils laissés pour compte durant cette période d’autant plus difficile pour eux ?

Dans certains centres carcéraux du Québec, des activités sont offertes aux détenus afin de chasser les idées noires qui traversent leurs esprits. Par exemple, à la prison de Sherbrooke, des activités sont organisées par le responsable des activités pastorales, Danny Perras. On tente de tenir les détenus occupés et de les divertir pour éviter qu’ils ne pensent trop à leur femme ou leurs enfants. Des tournois sportifs, des jeux de société ou même encore du bingo sont orchestrés par le fonds des détenus. Au centre carcéral de Drummondville, on tente aussi de rendre vivant l’esprit des Fêtes, malgré la difficulté que cette période procure pour la majorité des détenus. Une fête communautaire est organisée avec leurs familles ainsi qu’avec les différents groupes religieux, qui sont tous les bienvenus, puisque tous ont droit à leur religion. Le soir du 24 décembre, une messe catholique, accompagnée de musique et de chants performés par les prisonniers, est courue par la majorité des détenus.

Ces différentes activités peuvent venir mettre un baume sur leurs âmes pour un moment. Cependant, tous n’ont pas toujours le cœur à la fête vu la réalité carcérale et la solitude qui les rattrapent bien souvent. Le 31 décembre au soir, ces hommes et ces femmes feront le décompte vers l’année 2015 à voix haute, dans leurs cellules respectives. Ils devront ensuite s’endormir en silence, comme à chacune de leur nuit, et ce, jusqu’à leur libération…

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