Par Emmy Lachance
Le 10 septembre dernier avait lieu le premier débat opposant Kamala Harris et Donald Trump sur les ondes de ABC News. La plupart des sondages accordent la victoire à Harris pour sa performance durant le face à face.
Le débat organisé par la chaine ABC News avait lieu à Philadelphie en Pennsylvanie, un lieu très stratégique pour les candidats. En effet, la Pennsylvanie est un État clé pour l’élection présidentielle. Puisqu’il s’agit d’un État pivot avec beaucoup de grands électeurs, les candidats ont tous deux une chance de l’emporter et ils mettent tout en place pour le faire.
Cela s’est fait ressentir dans leurs interventions durant le débat, alors qu’ils ont mentionné à plusieurs reprises leurs intentions par rapport à des enjeux locaux comme la fracturation hydraulique. Le débat a été l’occasion pour les candidats de discuter de nombreux sujets, mais l’économie, les droits reproductifs et l’immigration étaient au centre des interventions.
Avantage pour Trump sur le plan économique
Dès les premières minutes du débat, Harris a utilisé son temps de parole pour parler de ses idées en économie. Celle-ci a mentionné son plan de réduction des taxes pour les familles, et de déductions d’impôts pour les petites entreprises.
Elle a également critiqué le plan de Trump d’imposer des tarifs douaniers sur les biens importés aux États-Unis. Selon elle, cela aurait le même effet qu’une taxe à la consommation, que les Américains devraient éventuellement repayer en raison de l’augmentation des coûts liés à des tarifs douaniers plus élevés.
De son côté, Trump a défendu son plan en précisant qu’il avait pour but de favoriser les entreprises locales et d’améliorer l’économie américaine, en augmentant les entrées de capitaux sur le territoire.
Il a également attaqué les Démocrates à propos de l’inflation, attribuant le blâme à l’administration Biden et à son adversaire qui en fait partie.
Il a défendu son bilan économique des quatre années qu’il a passé à la Maison-Blanche, attribuant le ralentissement économique à la pandémie de Covid-19, et soulignant que les emplois créés depuis l’arrivée de Biden au pouvoir sont seulement liés au redressement naturel de l’économie.
Les téléspectateurs semblent avoir préféré son discours à celui de Harris, le plaçant en avance sur ce point dans de nombreux sondages. Selon un sondage IPSOS mené à la demande du réseau ABC News à propos du débat, Trump aurait une avance de 7% quant au niveau de confiance que les téléspectateurs lui accordent pour sa capacité à gérer l’économie et l’inflation.
Accès aux soins reproductifs
Au niveau de l’accès aux soins reproductifs, tels que les traitements de fertilité ainsi que l’accès à l’avortement, c’est plutôt Harris qui domine les sondages. Dans une enquête menée par CNN, Harris s’attire la confiance de 52% des répondants contre 31% pour Trump par rapport à sa capacité à gérer la question de l’avortement.
Pour sa part, le sondage IPSOS mené pour le compte de ABC News rapporte 48% d’appuis pour Harris et 34% d’appuis pour Trump pour la confiance qui leur est accordée quant à la gestion de la question de l’avortement. Selon de nombreux articles d’opinion, c’est grâce à sa performance sur cette question que Harris a remporté le débat.
Harris a tenu à souligner qu’elle soutenait tous les efforts pour remettre en place la décision Roe v. Wade, qui protégeait l’avortement au niveau national jusqu’à ce que la Cour suprême américaine la renverse en juin 2022 et laisse aux États le soin de choisir son statut légal.
La candidate à la présidentielle a insisté sur le fait que Trump s’était vanté à plusieurs reprises d’avoir nominé des juges conservateurs à la Cour suprême, ce qui a eu pour effet d’obtenir une majorité des voix pour le renversement de la décision.
La candidate démocrate a également gagné beaucoup de sympathie lorsqu’elle a parlé de femmes qui se voyaient refuser l’accès à des soins de santé quand elles éprouvaient des complications avec leur grossesse dans certains États, parce que les équipes médicales craignaient d’être tenues responsables si un problème survenait.
De son côté, Trump a tenté de rallier ses troupes en déclarant faussement que le plan des Démocrates était de légaliser l’avortement durant le troisième trimestre et « d’exécuter le bébé même après sa naissance ».
Quand il a été questionné sur ses intentions d’apposer son veto présidentiel à une potentielle interdiction fédérale de l’avortement, Trump a refusé de répondre.
Notons toutefois que Harris a également esquivé des questions par rapport à son opinion et son éventuel support à des restrictions précises et limitées à l’avortement.
Manger des chats et des chiens?
C’est la question de l’immigration qui a laissé place aux moments les plus mémorables du débat. Montrant du doigt les démocrates et leurs politiques sur l’immigration, Trump a utilisé son temps de parole pour dénoncer l’entrée de millions d’immigrants aux États-Unis qui, selon lui, seraient majoritairement des criminels.
À ce sujet, Harris a soulevé les efforts de l’ancien président pour demander aux membres du congrès de voter contre un projet de loi bipartisan visant à réformer l’immigration.
La réplique de la soirée qui a le plus fait parler est certainement la déclaration de Trump selon laquelle les immigrants haïtiens entrant aux États-Unis mangeaient les chats et les chiens des habitants de la ville de Springfield, en Ohio.
Notons que les représentants de la ville ont déclaré n’avoir reçu aucune plainte pour un tel incident. Cette réplique a tout de même fait son chemin sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont repris la réplique pour en faire des parodies.
Les électeurs américains se rendront aux urnes le 5 novembre prochain. Si Harris domine de peu dans les intentions de vote, les projections pour le résultat du vote du collège électoral sont encore trop serrées pour faire quelque prédiction que ce soit.
Une longue période d’attente risque donc d’être palpable avant de connaitre les résultats finaux, comme ce fut le cas en 2020.
Crédits: Patriotic Cyber Punk-Flickr