Par Meg-Anne Lachance

Les tensions entre les États-Unis et l’Iran sont montées d’un cran dimanche après l’attaque lancée par Washington sur trois installations d’enrichissement nucléaire. L’Iran a fortement dénoncé ces bombardements qu’elle qualifie comme une violation pure et dure de sa souveraineté.
« Les installations essentielles d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été intégralement et totalement détruites. L’Iran, le caïd du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix », a confirmé le président Trump lors d’une prise de parole officielle à la Maison Blanche.
Les frappes ont également été confirmées du côté iranien et les autorités du pays ont assuré qu’il n’y avait pas de danger pour la population civile des régions touchées.
L’opération « Midnight Hammer » consistait à l’envoi de bombardiers et le lancement de missiles de croisière Tomahawk depuis un sous-marin, afin de détruire les sites nucléaires de Fordo, de Natanz et d’Ispahan.
Selon le chef d’état-major interarmées américain Dan Caine, l’opération s’est déroulée sans résistance des forces iraniennes. « Les évaluations définitives des dégâts nécessiteront un certain temps, mais une première évaluation indique que les trois sites ont subi des dégâts très importants », a rapporté le général Caine en conférence de presse.
Le vice-président J.D. Vance a quant à lui déclaré que les États-Unis ont décidé de « négocier de manière agressive » avec l’Iran et que cette attaque a « considérablement retardé le développement de leur programme nucléaire ».
Malgré ces attaques, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a assuré que les États-Unis ne désiraient pas entrer en guerre avec l’Iran et que la mission ne visait pas à changer le régime iranien.
Or, le président Trump ne s’est pas retenu d’évoquer cette possibilité via sa plateforme Truth Social.
« Il n’est pas politiquement correct d’utiliser le terme “changement de régime”, mais si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE L’IRAN GRAND À NOUVEAU, pourquoi n’y aurait-il pas un changement de régime ??? », a écrit le président.
La communauté internationale dénonce
« C’est une violation choquante, grave et sans précédente des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et du droit international », a affirmé le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi.
M. Araghtchi a dénoncé « l’agression brutale des États-Unis » et a affirmé que Washington était « l’entier et unique responsable » des actions que pourrait prendre Téhéran.
« Ils ont franchi une ligne rouge très importante en attaquant des installations nucléaires. Je ne sais pas quelle marge diplomatique il reste », a annoncé le ministre.
La Russie a elle aussi fermement condamné les attaques, déclarant que le bombardement d’un État souverain « viole de manière flagrante le droit international ».
Le Pakistan, seul pays musulman détenant l’arme nucléaire, a lui aussi désapprouvé les frappes américaines, rappelant que « l’Iran a le droit légitime de se défendre en vertu de la Charte des Nations unies ».
La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a demandé à « toutes les parties à faire un pas en arrière, à revenir à la table des négociations et à éviter toute escalade supplémentaire ». Une demande similaire a été formulée par la France qui a précisé n’avoir aucun rôle dans ces attaques.
« C’est une dangereuse escalade dans une région déjà sur la corde raide – et une menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde », a dénoncé de son côté le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.
Le premier ministre Mark Carney a quant à lui écrit sur X que « le programme nucléaire de l’Iran constitue une grave menace pour la sécurité internationale, et le Canada a toujours été clair sur le fait que l’Iran ne peut en aucun cas être autorisé à mettre au point une arme nucléaire ».
Un « tournant historique »
« Votre décision audacieuse de viser les installations nucléaires de l’Iran avec la puissance impressionnante et juste des États-Unis changera l’Histoire », a déclaré le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou dans un message vidéo de remerciement.
Ce dernier a qualifié les frappes de « tournant historique » pouvant aider à « conduire le Moyen-Orient et au-delà vers un avenir de prospérité et de paix ».
« Le président Trump et moi disons souvent : la paix par la force. D’abord vient la force, ensuite vient la paix. […] Le Président Trump et les États-Unis ont agi avec beaucoup de force », a poursuivi M. Nétanyahou.
Accusant l’Iran d’être sur le point de se doter de l’arme nucléaire, Israël a lancé, le 13 juin dernier, des frappes massives contre des centaines de sites militaires et nucléaires iraniens.
Démentant les accusations, l’Iran a répliqué à l’aide d’attaques de drones et de missiles balistiques. Depuis, Israël rapporte la mort de 25 personnes, alors que le ministère de la Santé iranien dénombre plus de 400 morts et 3 056 blessés, en majorité des civils.
L’escalade des tensions entre les deux pays avait obligé Donald Trump de quitter prématurément le Sommet du Groupe des Sept (G7) à Kananaskis, en Alberta. Ce départ avait fait craindre une implication militaire des États-Unis dans le conflit.
La Maison Blanche avait cependant laissé entendre, jeudi, que Donald Trump pourrait prendre jusqu’à deux semaines pour trancher entre une riposte militaire contre l’Iran ou la poursuite des négociations diplomatiques.
Washington dit avoir profité de l’affaiblissement des défenses aériennes de l’Iran pour mener leurs attaques et qu’il n’hésiterait pas à frapper de nouveau en cas de représailles.
La possibilité d’engager les États-Unis dans un nouveau conflit au Moyen-Orient est fortement contesté et divise au sein même du parti Trump. Plusieurs supporteurs du président ont formulé des réserves quant à l’intervention américaine en Iran, dont Marjorie Taylor Greene, pourtant connue pour son soutien constant à Donald Trump.
« Ce n’est pas notre guerre. Et même si elle l’était, seul le Congrès doit décider de ces questions, conformément à notre Constitution », a écrit sur X le représentant républicain Thomas Massie.
Source : Getty Images

Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!