Par Judith Doré Morin
Le 14 octobre 2017, la tante de Matthew Jefferson, un métis, disparaît non loin de la tristement célèbre « Highway of tears » en Colombie-Britannique. Depuis, il parcourt le Canada à pied, afin de sensibiliser la population à la cause des filles et des femmes autochtones disparues et assassinées. La semaine dernière, Matthew Jefferson était de passage à La Capsule Bistro-Cinéma afin d’ouvrir un dialogue avec la communauté sherbrookoise.
Traversée du Canada
Issu d’un père nouveau-zélandais et d’une mère de la Première Nation Witset, Matthew Jefferson a entamé sa marche à travers le pays le 1er juin à Victoria. Sa tante a disparu l’automne dernier, alors que la femme cueillait des champignons avec un groupe près de la route 16 surnommée « Highway of tears ». Cet évènement a encouragé Matthew Jefferson à engager la conversation avec les Canadiennes et les Canadiens à propos de la situation des femmes autochtones. Selon lui, la marche était un bon moyen de rejoindre un plus grand nombre de personne.
Avec son compagnon de voyage, Mark Vigers, Matthew Jefferson parcoure entre 25 et 45 kilomètres par jour. Sur son dos, son équipement et de la nourriture dans un sac dont le poids varie entre 120 et 150 livres.
Highway of tears
La soirée, organisée par le Comité de droit autochtone et le Comité de droit pénal de l’Université de Sherbrooke, était également l’occasion de projeter le documentaire Highway of Tears. Réalisé par Carly Pope et Matt Smiley en 2015, le long-métrage aborde les différents meurtres commis le long de la route 16, en Colombie-Britannique, entre 1969 et aujourd’hui.
Alors que des enquêtes ont mené à l’arrestation du tueur en série, les autorités policières doutent qu’elles parviendront à résoudre tous les cas de femmes et de filles disparues ou assassinées le long de cette route. Considérant le fait que la plupart des victimes étaient issues des Premières Nations, le documentaire se penche sur l’influence possible du racisme systémique sur l’enquête.
Un phénomène sociologique
Au Canada, les femmes autochtones ont trois fois plus de chances d’être victimes de violence que les femmes allochtones. En 2004, Amnistie internetionale publie le rapport «Stolen Sisters» qui explore cette crise canadienne, encore peu connue, de violation des droits humains. En 2014, la GRC rapporte le décès et la disparition de 1181 femmes autochtones au pays, entre 1980 et 2012. Selon Maggie Cywink, pour qui le meurtre de sa sœur n’a toujours pas été résolu après plus de vingt ans, le nombre de femmes disparues devrait être triplé.
Lors de sa campagne, le futur premier ministre Justin Trudeau avait promis de tenir une commission d’enquête sur ce phénomène sociologique. Cette promesse mena à la création de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). Pourtant, depuis l’assermentation de Justin Trudeau et de son équipe libérale en novembre 2015, plus d’une centaine de femmes autochtones ont disparu ou ont connu des fins tragiques.
Crédit Photo @ Charla Sylvester