Escalade des tensions au Liban : comprendre le conflit en 4 questions 

Par Emmy Lachance 

Des soldats du Hezbollah durant une cérémonie militaire. 

Près d’un an après le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, l’atmosphère est de plus en plus tendue dans la région. Dans la semaine du 16 septembre, des explosions de dispositifs de communication reliés au Hezbollah ont causé au moins 37 morts et des milliers de blessés. Les autorités libanaises blâment Israël, qui n’a pas réfuté ou confirmé la véracité de ces accusations. Depuis, les attaques fusent des deux côtés, rendant les risques d’une escalade vers une guerre totale de plus en plus élevés.  

Résumons la situation en 4 questions 

Pourquoi viser le Hezbollah? 

Le Hezbollah est défini différemment selon les acteurs. Pour de nombreux pays occidentaux, il s’agit d’un groupe terroriste. Pour sa part, le groupe se dit un mouvement de résistance contre l’occupation israélienne. Il s’organise sous la forme d’un parti politique qui a une grande influence sur le pays. Le Hezbollah s’impose comme un acteur de premier plan en raison de ses moyens importants et de son influence auprès des acteurs internationaux.  

Depuis le début de la guerre dans la Bande de Gaza, il est un allié important du Hamas. Ses nombreux tirs de roquettes et de missiles vers Israël ont fait de l’organisation une menace pour l’État hébreu, qui a depuis répliqué avec de nombreuses frappes sur le Liban.   

Qu’est-ce qui a mené à cette situation? 

En juillet dernier, des missiles ont atteint le Plateau du Golan, un territoire syrien occupé par Israël. Les autorités israéliennes blâment le Hezbollah pour cette frappe, qui a tué 12 enfants.  

En riposte à la frappe de juillet, Israël a lancé une attaque contre Fuad Shukr, un membre haut placé du Hezbollah, à Beyrouth, la capitale du Liban. Cette attaque a mené au décès de la cible, mais également de trois civils.  

Au début du mois de septembre, l’État hébreu a mené une série de frappes aériennes contre des infrastructures liées au Hezbollah un peu partout au Liban. Finalement, dans la semaine du 16 juillet, une série d’explosions de pagettes, puis de walkie-talkie, utilisée par des combattants du Hezbollah, a causé 37 morts et des milliers de blessés dans le pays.  

Depuis, les tirs proviennent des deux côtés. Le Hezbollah et ses alliés ont lancé une série d’attaques contre Israël, dont certains missiles ont atteint leur cible, sans toutefois causer de dommages majeurs.  

Du côté libanais, la journée du 23 septembre a été, selon les informations actuelles, la plus meurtrière. Les nombreuses frappes aériennes contre des régions très peuplées du pays, dont sa capitale Beyrouth, auraient fait 558 morts, dont de nombreux civils, incluant des femmes et des enfants (au moins 50 enfants tués en une journée).  

Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile libanaise dans les années 1990.  

En date du 25 septembre, l’armée israélienne préparerait son entrée terrestre sur le territoire libanais. Le général Herzi Halevia, chef d’état-major de l’armée israélienne, a déclaré que son pays continuait les frappes aériennes afin de préparer le nord du Liban à une éventuelle entrée de ses soldats sur le territoire et surtout pour détruire le Hezbollah.  

Dans ses communiqués officiels, Israël indique que ses motivations sont de permettre à sa population vivant au nord du pays de retourner à la maison. Ceux-ci avaient été chassés de chez eux en raison des tirs de roquette fréquents en provenance du Liban depuis l’ouverture d’un front au nord d’Israël en soutien au Hamas.  

Pourquoi les experts s’inquiètent-ils? 

De nombreux experts et dirigeants ont avoué leurs inquiétudes par rapport à l’escalade des tensions dans cette région.  

Cette inquiétude est due aux nombreux alliés puissants du Hezbollah qui, s’ils s’engageaient dans le conflit, causeraient des dommages encore plus importants. L’organisation entretient effectivement des liens avec des régimes anti-Israël en Syrie et en Iran. En effet, le Hezbollah agit pour l’Iran et est soutenu par le régime en place.  

Il reçoit d’ailleurs la majorité de son financement et de ses équipements de la part du géant régional, qui forme également ses soldats. Une autre partie de son soutien vient du régime de Bachar al-Assad en Syrie.  

C’est principalement l’Iran qui inquiète la communauté internationale. Il s’agit d’un État extrêmement important dans la région, qui représente également une menace pour le monde occidental en raison de son programme nucléaire. S’il se joignait officiellement aux hostilités, la guerre pourrait s’étendre à l’ensemble du Moyen-Orient et ainsi causer la mort de milliers de civils innocents.  

Quelles options pour une résolution pacifique? 

Une série d’actions ont été prises par l’administration des États-Unis après l’évolution du conflit la semaine dernière. Washington, en collaboration avec la France, serait effectivement à l’origine d’une proposition de cessez-le-feu.  

Alors qu’une rencontre de l’Assemblée générale de l’ONU est en cours à New York, les différentes parties impliquées devraient discuter afin d’en arriver à un consensus. Cependant, les discussions ne seraient pas très fructueuses, le Hezbollah déclarant qu’il n’arrêterait pas ses offensives tant qu’Israël ne se retirerait pas de Gaza, occupé depuis octobre 2023, et où les attaques israéliennes ont causé 41 495 morts. 

Malgré ces difficultés, le président Joe Biden, dans son allocution devant l’Assemblée générale à New York, a indiqué continuer de viser une résolution diplomatique au conflit. Il a soutenu que la diplomatie était la seule manière d’en arriver à une situation sécuritaire et durable pour les deux pays.  

Une rencontre du Conseil de sécurité, seul organe de l’ONU qui peut autoriser l’utilisation de la force dans certains contextes, est planifiée pour le 26 septembre. À la demande de la France, les dirigeants des pays membres du conseil devraient se rencontrer pour discuter des scénarios de sortie de crise.  

*Cet article contient des informations à jour en date du 25 septembre. La situation évoluant rapidement, il est possible que certaines informations soient devenues erronées au moment de publier ce texte. * 


Crédits: khamenei.ir-WikimediaCommons

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