Les ambitions économiques de la Chine en 2025 

Par Rémi Brosseau-Fortier 

Wang Huning, Chairman of the Chinese People’s Political Consultative Conference, speaks during the opening session in the Great Hall of the People in Beijing, Monday, March 4, 2024. (AP Photo/Ng Han Guan)/XHG131/24064361105986//2403041110

Pékin a été, du 4 au 11 mars dernier, le théâtre des congrès annuels des « Deux Sessions » du Parti communiste chinois (PCC). Lors de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et l’Assemblée populaire nationale (APN), le premier ministre Li Qiang a annoncé l’objectif ambitieux d’une croissance du PIB d’environ 5 % pour son pays.  Une cible qui semble optimiste dans un contexte marqué par les défis internes de l’Empire du Milieu et l’affrontement sino-américain. Retour sur les annonces budgétaires. 

Près de 3 000 délégués représentants de la société civile et des hauts cadres du PCC se sont rassemblés pour énoncer les politiques phares du régime du président Xi Jinping. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le Bureau politique du PCC, véritable instance décisionnelle en Chine, a préféré prioriser la modernisation industrielle plutôt que la stimulation de la consommation des ménages. 

Malgré l’annonce de croissance du PIB de 5 % en 2024, les experts estiment qu’elle était en réalité d’environ 2,5 %. Cette dissimulation de données se manifeste aussi dans le taux de chômage : il s’agit d’un des rares indicateurs économiques atteignant toujours les objectifs officiels selon le Bureau national des statistiques de Chine (BNS).  

Pourtant, le chômage, en particulier chez les jeunes (16-24 ans), est criant en Chine depuis des années : il était de 5,1 % pour la population générale et de 15,7 % pour les jeunes en décembre dernier. Il avait atteint un pic historique de 21,3 % en juin 2023. Ce phénomène risque de s’amplifier avec l’arrivée de plus de 12 millions de diplômés sur le marché du travail dans la prochaine année. 

Pour nourrir la croissance, le gouvernement chinois a décidé de fixer son déficit budgétaire à 4 % de son PIB, soit une augmentation des dépenses de 1 300 milliards de yuans, l’équivalent de 179 milliards de dollars américains. Cette mesure s’accompagne de l’émission de plusieurs milliards de yuans en obligations du Trésor de la banque centrale chinoise. 

La Chine hausse le ton face à l’Occident 

Du côté de sa politique commerciale, Pékin a émis des contre-tarifs face aux droits de douane de 20 % imposés sur les produits chinois par l’administration Trump. La Chine a annoncé des taxes supplémentaires de 10 % sur le soja et le porc, 15 % sur le poulet, le blé, le maïs et le coton américain. 

Le Canada est aussi touché par la guerre commerciale sino-américaine. Dès le 20 mars, des tarifs de 100 % seront appliqués sur huit produits canadiens exportés en Chine, dont l’huile et la farine de colza. D’autres droits de douane de 25 % seront appliqués sur 49 produits de la mer du Canada. 

Devant « un environnement extérieur de plus en plus complexe et difficile » selon Li Qiang, le budget militaire chinois connaît une nouvelle augmentation de 7,2 %, comme ce fut le cas l’année précédente. En 2025, il atteindra la somme de 1 784 milliards de yuans (245 milliards de dollars américains). 

L’ensemble des orientations du budget national a été officialisé le 11 mars. Marqué par la continuité, l’Empire du Milieu devra prouver que le modèle économique ayant fait son succès depuis 1978 est résilient face à l’incertitude actuelle. 


Crédits : Ng Han Guan

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