Ces femmes derrière le Québec 

Par Meg-Anne Lachance 

Depuis 1975, le 8 mars est réservé pour la Journée internationale des droits des femmes.

Dans une ère où les discours masculinistes prennent de plus en plus de place dans la société, la Journée internationale des droits des femmes prend tout son sens. Avec le recul de certains droits féminins un peu partout dans le monde, il est important de se rappeler le chemin parcouru et les personnes derrière ces progrès. 

Depuis plusieurs années, le 8 mars est célébré comme la « Journée internationale des droits des femmes ». Mais une longue histoire précède la proclamation officielle de cette journée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1975. 

On peut retracer la première « Journée nationale de la femme » au 28 février 1909, aux États-Unis. Alors que le mouvement ouvrier atteint son apogée, 15 000 femmes descendent dans les rues de New York pour réclamer de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Un an après cet événement, le Parti socialiste instaure cette journée, qui sera célébrée annuellement jusqu’en 1913 seulement. 

De l’autre côté de l’océan, la première « Journée internationale des femmes » est célébrée le 19 mars 1911 en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse. Un an auparavant, l’idée de cette célébration avait été présentée par Clara Zetkin, cheffe du « bureau des femmes » du Parti social-démocrate d’Allemagne, et adoptée par les 17 pays présents lors de la seconde Conférence internationale des femmes socialistes. 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est grâce à l’URSS que nous devons la date du 8 mars, correspondant au début des grèves « Du pain et la paix » lancées par les femmes. Quatre ans plus tard, Lénine officialise cette date comme la Journée des femmes. 

Au Québec, selon le Conseil du statut de la femme (CSF), cette journée fait son entrée dans les années 1960. Mais elle se concrétise réellement le 8 mars 1971 avec la campagne nationale pour l’avortement libre et gratuit, lancée par le Front de libération des femmes. 

Les grandes pionnières du Québec 

De Thérèse Casgrain à Renée Rowan, en passant par Alanis O’Bomsawin, le Québec a été marqué par une multitude de femmes remarquables. Voici cinq d’entre elles qui, par leur militantisme, leur engagement et leur persévérance, ont laissé une empreinte indélébile sur l’histoire du Québec. 

Mary Two-Axe Earley 

Mary Two-Axe Earley, née le 4 octobre 1911 sur la réserve de Kahnawà:ke, au Québec, est une militante féministe et une pionnière dans la lutte pour les droits des femmes autochtones, principalement active dans les années 1960, 1970 et 1980. 

Tout au long de sa vie, cette grande figure kanien’kehá:ka se bat contre les injustices introduites par la Loi sur les Indiens à l’encontre des femmes autochtones. Dans les années 1960, Mary Two-Axe Earley lance une série de campagnes de sensibilisation pour dénoncer la perte de statut, de droits fonciers et de droits issus de traités subie par ces femmes en raison de cette loi. Elle est également l’une des fondatrices de l’Association des femmes autochtones du Québec. 

Grâce à son travail acharné et à celui de centaines d’autres femmes autochtones, le projet de loi C-31 reçoit la sanction royale le 28 juin 1985. Cette victoire permet aux femmes autochtones de conserver leur statut, même en cas de divorce ou de mariage avec un homme allochtone. 

Madeleine Parent 

Née le 23 juin 1918 à Montréal, Madeleine Parent entame son engagement militant en participant à la création du Canadian Student Assembly, une organisation offrant 500 bourses aux étudiants issus des milieux ruraux. 

Dès la fin de ses études universitaires, elle s’engage dans la lutte syndicale et joue un rôle clé dans la syndicalisation des ouvrières du secteur textile. Organisatrice de la grève de 100 jours contre la société Dominion Textiles, elle est longtemps critiquée par le gouvernement Duplessis. Malgré plusieurs tentatives d’inculpation, la syndicaliste et son mari fondent le Conseil des syndicats canadiens. 

En parallèle de ses luttes syndicales, Madeleine Parent fonde le Comité d’action pour le statut de la femme à Ottawa et s’implique activement dans la cause de l’avancement des femmes immigrantes et autochtones. 

Marie-Claire Kirkland-Casgrain 

Première femme députée élue à l’Assemblée nationale, Marie-Claire Kirkland-Casgrain, née le 8 septembre 1924 au Massachusetts, consacre sa carrière à améliorer le statut politique, économique et social des femmes québécoises. 

Élue le 14 décembre 1961, elle devient la première femme ministre en 1962, lorsque Jean Lesage lui confie un ministère sans portefeuille. Deux ans plus tard, en 1964, elle présente le projet de loi 16, qui met fin à l’incapacité juridique des femmes mariées, leur permettant ainsi d’accomplir des actes juridiques sans le consentement de leur mari. 

Durant sa carrière politique, elle occupe également les postes de ministre des Transports et des Communications, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ainsi que ministre des Affaires culturelles. Pendant près de douze ans, Marie-Claire Kirkland-Casgrain est la seule femme membre du gouvernement provincial, faisant d’elle une figure clé de l’émancipation des femmes en politique québécoise. 

Juanita Westmoreland-Traoré 

Juanita Westmoreland-Traoré, née le 10 mars 1942 à Verdun, est une juriste engagée dans la défense des droits et des libertés. Elle lutte notamment contre les discriminations subies par les personnes racisées et pour l’égalité salariale entre femmes et hommes. 

Elle joue un rôle clé dans l’établissement du Conseil des communautés culturelles et de l’immigration du Québec, qu’elle préside de 1985 à 1990. Elle devient ensuite la première femme noire doyenne d’une faculté de droit au Canada et la première personne racisée à intégrer la magistrature du Québec. 

Pauline Marois 

Sans surprise, Pauline Marois, née le 29 mars 1949 à Québec, figure dans cette liste. Première femme élue première ministre du Québec, elle détient également le record du plus grand nombre de fonctions ministérielles dans l’histoire de la province, avec 14 charges occupées. 

Durant sa carrière politique de plus de 33 ans, elle réalise plusieurs avancées majeures, notamment l’établissement des centres de la petite enfance, un réseau de garderies accessibles à tous les parents pour la somme de 5 $ par jour. Grâce à ce programme, près de 70 000 mères supplémentaires accèdent à l’emploi, facilitant ainsi l’entrée des femmes québécoises sur le marché du travail. 

Une multitude d’autres noms auraient pu figurer sur cette liste. Avec un si grand bassin de pionnières au Québec, il est impossible de souligner le travail de chacune. Une chose est certaine : il est de notre devoir, en tant que Québécoises et Québécois, de nous souvenir de ces femmes qui ont façonné le Québec tel qu’il est aujourd’hui. 


Crédit : Meg-Anne Lachance

Meg-Anne Lachance
Cheffe de pupitre SOCIÉTÉ at Journal Le Collectif  societe.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!

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