Par Gabriel Côté

Après deux ans et demi sans chef et six mois de course, le Parti libéral du Québec (PLQ) a enfin élu son nouveau leader. Avec 52,3% des voix reçus au deuxième tour, Pablo Rodriguez prend les rênes du plus vieux parti de la province alors que celui-ci cherche toujours sa place sur l’échiquier politique.
Cinq candidats avaient amassé les 750 signatures nécessaires de membres (incluant 350 de nouveaux militants) issus des 125 circonscriptions pour être officiellement candidats, en plus d’avoir déposé les 40 000$ obligatoires non remboursables au parti.
Ils ont représenté les cinq choix que les militants ont pu classer par ordre de préférence sur leur bulletin de vote. Chaque circonscription avait 3 000 points. Le vote des militants jeunes (moins de 25 ans) représentait 1 000 points pour chaque circonscription.
Les candidats ont croisé le fer lors de six débats axés sur différents enjeux comme l’économie et le développement régional. Sans surprise, les échanges sont demeurés cordiaux et sans confrontation. Il ne faut pas s’en surprendre pour une course à l’intérieur d’un même parti. Toutefois, au fil des débats, la personnalité de chacun se dessinait.
Les candidats en rafales
Pablo Rodriguez, ancien ministre fédéral, whip et lieutenant du Québec sous le gouvernement Trudeau, incarnait un Québec fort dans un fédéralisme fort. Rodriguez a su charmer les électeurs par son expérience et sa joie de vivre idéaliste pour le futur.
Charles Milliard, pharmacien de formation, ancien vice-président du groupe Uniprix et ex-PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, souhaitait renouveler l’offre politique du PLQ pour un nationalisme fort. Milliard a surtout été remarqué grâce à son aisance et sa répartie dans les débats, en plus de son programme de vitalité économique qui a surtout séduit les jeunes.
L’expert en commerce international et en développement économique, Marc Bélanger, souhaitait développer les PME et les régions à l’international face aux menaces de Trump et institutionnaliser la province de Québec comme nation au sein du Canada. Bélanger est surtout reconnu pour sa proactivité dans la gestion de l’eau potable au Québec, puisqu’il a proposé de l’institutionnaliser au sein du gouvernement.
Mario Roy, l’agriculteur beauceron et économiste de formation, s’est présenté comme le renouveau du parti axé sur des valeurs régionales. Roy était sûrement le moins connu au début de la course. Il a toutefois su stimuler les débats en critiquant Rodriguez de ne pas représenter les régions, d’avoir endetté le pays et d’être malhonnête envers les Québécois. Il a aussi proposé des idées audacieuses comme quitter le marché du carbone et signer la Constitution canadienne.
Finalement, Karl Blackburn, un homme d’affaires de Roberval, autrefois adjoint parlementaire et directeur général du PLQ, incarnait la nostalgie du PLC de l’ère Charest-Couillard avec son slogan « On se retrouve ». Il s’est focalisé sur l’augmentation du seuil d’immigration économique pour le développement régional des PME.
14 juin : la date fatidique
Pour la sixième fois dans l’histoire du parti, les membres du PLQ se sont réunis sous forme d’un congrès pour élire leur nouveau chef. De Daniel Johnson à Dominique Anglade, tous les anciens chefs y étaient.
Alors que toutes les équipes s’affairaient à tenter de sortir le vote dans les dernières heures, les discours des personnalités libérales marquantes se succédaient. C’est vers 15h, après la période de votation et les derniers discours que les résultats du premier tour ont été annoncé.
Mario Roy récolte moins de 1% des voix et Marc Bélanger reçoit 8,9%. Avec seulement 1,1 % de plus, Charles Milliard dépasse Karl Blackburn pour affronter Rodriguez en duel. Grâce à ses 39% des voix, Rodriguez s’est garanti une place au 2e tour. Au total, 70% des membres ont voté.
Quarante-cinq minutes plus tard, Me Plourde et M. Primeau-Ferraro remontent sur scène pour les résultats finaux. Après plus de six mois d’attente et seulement 52,3% des voix, Pablo Rodriguez remporte son pari d’avoir quitté le Parti libéral du Canada et devient chef du PLQ.
Un résultat dubitatif, mais positif
Ce résultat électoral peut difficilement être considéré comme une victoire pour Pablo Rodriguez et pour le parti. Les résultats serrés entre Blackburn, Milliard et Rodriguez au premier tour, puis entre les deux derniers candidats au deuxième tour illustrent que les membres avaient des visions significativement différentes pour le parti.
Comme l’affirme Jeremy Ghio, conseiller stratégique et analyste politique chez TACT Conseil et Radio-Canada, Rodriguez aura besoin de Milliard et Blackburn pour unir le parti, car il a été le premier choix de moins de 40% des libéraux.
De plus, seulement 52% l’ont préféré à Milliard, un homme dont très peu de gens connaissaient le nom il y a un an.
Cette situation n’est cependant pas étrangère. Le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, avait lui aussi reçu seulement 56% des voix lors de la course à la chefferie du parti en 2020.
Avec plus d’un an restant avant les prochaines élections, Rodriguez devra trouver un moyen de rallier le plus de Québécoises et Québécois au PLQ. Malgré les six mois de course, le parti n’a recruté que 10 000 membres pour atteindre ses 20 500 personnes adhérentes. Il reste donc à savoir si Rodriguez sera l’homme qui saura guider le PLQ vers la victoire.
Source : Parti Libéral du Québec (Facebook)