Sam. Juil 27th, 2024

Par Sarah Gendreau Simoneau 

Occupation Double (OD) a prouvé, cet automne, que la production de n’importe quel show de téléréalité n’est pas à l’abri de quelques (graves) gaffes. L’intimidation s’est immiscée dans les maisons et ça a créé tout un tollé! De quoi l’avenir des téléréalités sera-t-il fait 

Que vous soyez fans de la première heure d’OD, ou que vous détestiez tout ce qui touche à des êtres humains enfermés dans une maison et filmés 24/7, le « Martinique Gate » a peut-être (probablement) atteint vos oreilles durant les dernières semaines.  

Retour sur les faits 

Une maison de garçons. Une maison de filles. Une maison pour le conseil d’administration (une des nouveautés cette année). OD suit la vie de célibataires qui ont un point en commun (théoriquement) : la recherche de l’amour et de l’aventure. Du moins, c’était le but en 2003. Maintenant, un peu moins. Passons !  

Quelques têtes fortes, on est habitués. Trois garçons (Isaack, Philippe et Félix) se sont pris pour des rois et se sont mis ensemble pour imposer leur loi et, surtout, pour dénigrer un de leurs colocs (Jonathan) sans pitié. Les autres gars de la maison suivaient, tels des soldats prêts à défendre le royaume des intimidateurs, parfois avec réticence (allô, Jimy !). Les garçons toxiques, dirigeant jusque dans la maison des filles, ont eu des propos difficiles à entendre envers le pauvre Jonathan qui a vu sa belle (Clémence) se faire éliminer SEULEMENT pour qu’il parte avec elle. Un plan machiavélique. Tommy, un nouveau garçon rentré plus tard dans l’aventure, a subi un peu le même sort que Jonathan.  

À la suite de toute cette intimidation montrée à l’écran, plusieurs critiques à l’égard de l’émission et des choix de la production fusaient sur les réseaux sociaux et une dizaine de commanditaires se sont retirés, souhaitant ne pas être affiliés à une promotion de l’intimidation, avec raison.  

Sur Facebook et Instagram, des spectateurs et spectatrices vont même jusqu’à menacer de cesser de regarder l’émission afin de montrer leur soutien à Jonathan puis, plus tard, à Tommy et ainsi dénoncer l’intimidation télévisée soir après soir. Alors qu’on était habitués de voir de la bisbille entre deux personnes dans les maisons d’OD, c’était la première fois qu’on voyait une gang s’en prendre à un seul candidat et l’exclure de cette façon. 

La production entre deux chaises 

Ce n’est que lors de l’émission du 23 octobre dernier, une émission consacrée à une formation sur l’intimidation, donnée par l’autrice India Desjardins et le professeur au département de didactique de l’UQAM et expert en prévention de l’intimidation, Stéphane Villeneuve, qu’on a pu apercevoir les interventions faites sur les candidats toxiques au cours des semaines précédant l’explosion.  

Malgré tout ça, la production a attendu que des commanditaires se désistent pour couper du montage les trois candidats aux propos dénigrants. Certes, il y a trois semaines entre le moment où l’émission est tournée, et ce que nous voyons à la télévision, mais la production aurait pu, au moins, montrer les interventions faites auprès de ces trois intimidateurs, puis enlever ces derniers graduellement du montage plus ils agissaient mal et les mettre dehors au plus vite ! Mais rien de ça n’a été fait avant et c’est ce qui a provoqué la grogne du public. La production était témoin de paroles malsaines et a cru bon montrer tout ça à la télé.  

Finalement, les trois candidats problématiques se sont fait montrer la porte. Trop peu, trop tard. Hugo Dumas, chroniqueur de La Presse, dit que « le retrait des trois candidats problématiques s’inscrit dans un mouvement de grogne populaire, qui dénote un important changement de culture et de mentalité dans les téléréalités d’ici. Les fans ne tolèrent plus des comportements associés à l’exclusion ou au manque de respect ». 

Ayant plusieurs contacts au sein de l’équipe, Dumas révèle également que « la production était tiraillée : si elle ne montrait pas les gestes d’Isaack, Philippe et Félix, lui reprocherait-on de censurer la vérité ou de protéger des candidats malveillants ? »  

Patrick Lagacé, lui aussi chroniqueur à La Presse, a également adressé la situation en n’y allant pas de main morte. « Ces gens-là (les membres de Productions J) ont filmé le trio à l’œuvre. Ils ont savamment et finement fait le montage de leurs dires, de leurs actes. Ils ont jugé bon d’envoyer ces séquences au diffuseur. Et ils en ont fait la promotion », dénonce-t-il. Il se questionne sur l’hypocrisie de la production, mais aussi sur celles des entreprises qui ont attendu que la controverse éclate avant de se retirer. 

L’avenir de la téléréalité en péril ou une leçon à tirer 

Alors que le « Martinique Gate » semble s’atténuer quelque peu, la populaire téléréalité survivra-t-elle ? Selon Julie Snyder, à la tête de la boîte de production, OD ne serait pas en train de mourir. La productrice s’est ouverte sur les erreurs de la production en prenant tout le blâme sur elle, mais que ça aura été une bonne leçon pour revoir certaines choses et ne pas refaire les mêmes gaffes dans l’avenir. Une formation sur l’intimidation serait donnée maintenant d’emblée aux candidats et aux candidates (s’il y a un retour d’OD l’an prochain), comme la formation sur le racisme et celle sur le consentement qu’ils et elles avaient déjà reçues avant de commencer, en août dernier.  

Reste à voir si ça sera suffisant, concret et si les gens donneront une autre chance à cette émission, qualifiée de péché mignon par plusieurs. 


Crédit image @Facebook OD

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Rédactrice en chef et directrice générale, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE pour le journal Le Collectif | Site web

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

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