Handicapé ou inaccessibilité

Australia's Fearnley competes in the men's marathon T54 at the Beijing 2008 Paralympic Games« Les sports aiguisent les sens. » Combien de fois avons-nous entendu cette expression anglaise? En effet, le sport favorise certains atouts, mais pour plusieurs, le sport est un obstacle. L’inaccessibilité de certains centres sportifs et de certaines activités crée un malaise quant à l’adaptation des handicapés dans la société.

Par Andrée-Anne Roy

Le sport a de nombreuses vertus. Il permet d’affiner la dextérité, d’affiler la coordination et surtout d’éveiller les sens. Pour les handicapés, il s’agit de plus qu’un simple éveil alors qu’ils doivent outrepasser leurs barrières pour réussir. « Sport » et « handicapé » sont rarement utilisés dans la même phrase. Pourtant, c’est dépassé de croire que les personnes avec un handicap n’ont pas accès aux sports, et surtout qu’ils n’en pratiquent aucun! D’après l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ), on retrouvait près de 800 000 personnes à mobilité réduite dans la province en 2006. Ils ne représentent pas une exception, ils sont la norme.

Combat pour l’accès

Plusieurs se battent pour l’accès à tout pour tous. Cette phrase illustre bien le phénomène qui se déploie dans une société où l’argent est plus important que l’homme. « Une personne handicapée dans un aménagement accessible est une personne valide. Une personne valide dans un aménagement non accessible est une personne handicapée. » (Louis-Pierre Grosbois) L’aménagement adéquat a certainement un tarif, mais il est de mise que tout le monde puisse s’éblouir, et dans ce cas-ci, s’entraîner comme il le veut.

J’ai rarement vu des personnes ayant quelque handicap que ce soit au gymnase et je trouve ça complètement dégradant, surtout dans l’optique où j’ai de la difficulté à croire que tout leur serait accessible! Les machines sont souvent mises en place de manière à ce que la personne soit assise pour faire l’exercice demandé. De plus, les non-voyants auraient de la difficulté à s’orienter alors que toutes les machines sont collées les unes sur les autres.

L’accessibilité, c’est quoi?

L’accessibilité est le principe par lequel une personne dans le besoin a un usage sans dépendance de l’endroit, c’est-à-dire qu’elle peut agir seule. Le fait d’être en sécurité dans un endroit non habituel malgré une déficience auditive, visuelle ou mentale est l’enjeu pour lequel se battent les handicapés chaque jour.

Dans ce sens, les salles sportives auraient beaucoup d’adaptations à faire quant à l’aisance de ses utilisateurs. La largeur des portes se doit d’être suffisante pour accueillir des fauteuils roulants. De plus, les salles doivent être munies de rampes, de bandes d’éveil à la vigilance, de signalisations spécifiques et surtout de détecteurs de présence. Un facteur important qui se doit d’être adapté est également le niveau d’éclairage approprié qui varie d’une salle à l’autre.

De plus, l’adaptation doit être faite par rapport aux différents handicaps moteurs, sensoriels et mentaux. En effet, que ce soit en lien avec une difficulté de déplacement, une obstruction de communication visuelle ou auditive ou avec des déficiences ou troubles intellectuels, nul ne devrait se battre pour avoir les mêmes droits et accès que les autres.

Un peu d’histoire

Il est surprenant que le débat existe encore! Depuis l’apparition des sports paralympiques en 1968, on en retrouve 28 dont 22 sports d’été et six d’hiver. Il est à mentionner que depuis le 1er janvier 2015, tous les édifices sportifs dits publics se doivent d’être conformes quant à l’obligation de l’accessibilité. Si plusieurs sports sont adaptés pour les personnes handicapées, pourquoi ne pas leur accorder la place suffisante pour qu’elles s’entraînent?

Être un athlète naît de la pratique et surtout de l’aide et du soutien apportés aux sportifs pour qu’ils puissent grandir et s’améliorer. Pourtant, sans le nécessaire, les personnes à mobilité réduite ne pourront jamais avoir ce privilège qui devrait leur être donné.

Le sujet demeure d’actualité, outre les salles sportives. Tout récemment, un test a été fait quant à l’accessibilité du nouveau train de banlieue de l’est de Montréal. L’émission La facture a en effet décelé que la personne en fauteuil roulant pouvait entrer dans le train au premier arrêt, mais n’en sortir qu’une fois arrivée au centre-ville de Montréal. Pourquoi mettre en marche un projet non terminé?

Cette insensibilité est preuve de quoi nous ne sommes pas toujours prêts à accepter la différence même si elle fait partie de nous et du quotidien.

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