Crispations dans les relations entre le Québec et la France

editocampuspropreAu moment le plus fort des élections, alors que le sujet de l’éducation était savamment éclipsé par les différents candidats, tant M. Couillard que Mme Marois rivalisaient d’ingéniosité pour trouver de nouveaux moyens d’équilibrer le budget du Québec en proposant de nouvelles hausses des frais de scolarité, mais des étudiants étrangers cette fois-ci et des étudiants français plus particulièrement.

Nicolas Ternisien

La nouvelle fut ressentie comme un électrochoc parmi les étudiants français qui ont fait le grand saut pour s’installer et étudier au Québec, ainsi que chez les élus et diplomates français. Ainsi, une pétition lancée par Frédéric Lefebvre, attaché parlementaire du député des Français d’Amérique du Nord, et réclamant le maintien de la situation actuelle recueille déjà plus de 3000 signatures.

Il ne s’agit pas d’une augmentant mineure : les Français qui jouissent depuis 1978 d’une entente leur permettant de payer le même prix que les Québécois en matière de frais de scolarité universitaires (soit 2000 $ par an) verraient alors tripler le montant de ces mêmes frais selon la volonté des libéraux d’harmoniser les couts des études des étudiants francophones étrangers avec ceux des Canadiens originaires du Québec.

Nous pouvons éventuellement comprendre le bienfondé d’une telle mesure, qui pourrait peut-être contribuer à redresser la situation budgétaire du Québec, néanmoins nous devons premièrement imaginer l’état de précarité dans lequel cette mesure plongerait des milliers d’étudiants. Inquiets, certains d’entre eux se demandent s’ils auront les moyens de terminer leur cursus universitaire au Québec ou s’ils devront encore plus s’endetter ou alors rentrer en France.

Alors que le Québec se bat pour attirer de nouveaux immigrants qualifiés à cause de son manque de vitalité démographique en allant massivement recruter dans les universités françaises par exemple, est-ce judicieux de ne pas favoriser l’implantation d’étrangers francophones qui ont toutes les chances de bien s’intégrer à la société québécoise et qui sont d’excellents candidats pour la faire prospérer? Le débat est ouvert, mais je pense que le Québec n’a aucun intérêt à freiner l’arrivée d’une population jeune, qualifiée, francophone et désireuse de s’intégrer.

Les préoccupations des expatriés français ont cependant été entendues au sein du gouvernement de Philippe Couillard, qui semble faire machine arrière en se faisant moins catégorique et en affirmant vouloir « respecter l’harmonie » des relations avec la France. Nous pouvons citer les propos de Christine St-Pierre, la nouvelle ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, à l’Agence France-Presse : « J’ai senti l’inquiétude (française) et on ne compte pas mettre en l’air nos relations (diplomatiques avec Paris). » Elle surenchérit : « il faut respecter l’harmonie de nos relations avec la France. » Enfin, selon elle, le dossier devrait être bouclé d’ici la visite d’État du président français François Hollande à l’automne prochain, où les relations entre la France et en parallèle avec le Québec et le Canada seront au cœur des discussions.

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