Un troisième album pour Safia Nolin

Par Marie Vachon-Fillion

Le 5 octobre dernier, l’unique Safia Nolin sortait un troisième opus. Après Limoilou et Reprises Vol. 1, la jeune artiste québécoise réfute avec Dans le noir. Un album qui nous plonge, littéralement, dans une écriture tout en noirceur, mais aussi en douceur. Présentation d’une œuvre aussi sensible que forte, aussi vulnérable que furieuse.

Safia Nolin semble être une artiste qui respire la contradiction : alors que l’on connaît bien le personnage à la langue acérée, elle insuffle une étonnante douceur dans les paroles de ses chansons. L’album commence avec La Neige, une introduction à l’album en crescendo, teintée de différentes voix qui s’entremêlent et d’une guitare acoustique nerveuse. Le tout amène une touche qui grafigne, et on s’étonne déjà à chantonner le refrain dès la première écoute.

Une immersion dans l’intimité de Safia

Lorsqu’on se plonge tête première dans Dans le noir, il y a cette impression d’entrer profondément dans l’intimité de l’artiste. La chanson 1998 nous emporte près d’un feu de camp (crépitements des flammes inclus). Une guitare avec une simple mélodie et la voix de Safia accompagnent des paroles telles que « L’été est six pieds sous terre, comme mes rêves et ma tête d’enfant ». On est ici loin d’un positivisme, mais est-ce là le but de cet album?

Avec Miroir, l’artiste adopte une guitare électrique qui semble presque désaccordée. On se questionne si c’est un plaidoyer ou bien une complainte du corps : « Je m’excuse de mon corps, mon cœur. Je m’excuse de mon cœur pour mon corps » L’analogie avec le miroir de Blanche-Neige est certain : « Miroir, miroir, je sais que c’est moi la plus belle ». Une chanson qui porte à réfléchir sur nos standards de beauté.

Des extraits plus surprenants

Quelques chansons viennent bouleverser la fluidité de l’album, mais ce n’est pas en soi une mauvaise chose. Avec Sans Titre, Safia nous laisse entendre des extraits sonores qui semblent sortis de vidéos de son enfance. La voix de son père, des rires, des cris parsèment le début de ce titre. Par la suite, Bye met de l’avant des voix en écho et une simple mélodie enivrante à la guitare. À la fin, une petite référence au métro de Montréal, avec les trois fameuses notes de musique!

Deux chansons sortent, selon moi, du lot : Dagues est un véritable poème décrivant la douleur d’une rupture amoureuse. « Quand j’y pense, j’ai mal dans le dos, enlève les dagues de moi. Quand j’y pense, j’ai froid dans le dos, enlève les traces de toi ». Les chemins, premier extrait radio de l’album, est d’autant plus poignant : « Tant que la mort n’est pas loin, je pourrai partir ».

Dans le noir nous amène sur un chemin sinueux de paroles franches et sans tabous. On se sent privilégié d’avoir accès à autant d’émotions, à autant de transparence de la part de Safia Nolin dotée d’un talent indéniable pour l’écriture. Certains diront que c’est déprimant, j’ose dire que c’est du vrai. On n’y cache pas la tristesse de l’humain, car Dans le noir, ce n’est pas tout blanc.

Safia Nolin sera en prestation le 15 février 2019 au Théâtre Granada à Sherbrooke.


Crédit Photo @ Jean-François Sauvé

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