Par Meg-Anne Lachance

Partout au Québec, l’été est synonyme de festivals. Que l’on soit passionné de métal, de pop, de jazz, ou encore de danse et d’arts visuels, il existe un événement pour chaque goût. Pourtant, rares sont ceux qui offrent la possibilité de découvrir une multitude de disciplines aux styles complètement différents. Le ShazamFest fait partie de ces perles rares.
Situé sur la ferme Shazam à Barston Ouest, perché au milieu des arbres et aux abords de la rivière Niger, le ShazamFest est l’un des festivals des plus uniques au Québec. Derrière ce concept, Ziv Przytyk, un natif de la région.
Né de parents polonais et anglo-canadiens, Ziv s’est longtemps senti comme le mouton noir. Couturier de formation, il ne cache pas son attirance pour toutes les formes d’art.
« Quand j’étais jeune, j’ai toujours été obsédé par le carnaval, les avaleurs d’épée, les cracheurs de feu, le burlesque… J’étais un peu exubérant, j’ai commencé à faire de la jonglerie quand j’étais au primaire. »
Après un refus à l’école de cirque, Ziv se retrouve à Montréal, où il fait face à une nouvelle réalité. « J’ai rencontré des personnes qui m’ont amené à plein de partys à Montréal et à plein d’affaires que j’avais pas vus comme petit gars de campagne, même si mes parents étaient quand même pas mal hippies. »
En se penchant sur la famille Przytyk, on peut comprendre d’où vient l’intérêt du directeur pour les festivals un peu marginaux. Propriétaires de la ferme Shazam, les parents de Ziv lancent eux-mêmes un reggae fest en 1987 et 1988.
« J’ai toujours été attiré par le show business. Puis mes parents l’avaient fait, et mes amis aussi, se rappelle-t-il. C’est vraiment eux qui m’ont montré que, moi aussi, je pouvais le faire. Tu sais, si eux sont capable alors pourquoi pas moi. »
20 ans de ShazamFest
« J’avais fait un party en 2005, la première année, j’avais pas fait un festival. J’avais invité une centaine de personnes, on avait construit un petit stage, la moitié de la grandeur qu’on a maintenant. J’avais fait un show avec un band que j’avais engagé, ça n’avait pas couté trop cher, puis ça avait marché ! »
Depuis maintenant 20 ans, le ShazamFest rassemble près de 2 000 personnes prêtes à faire la fête pendant quatre jours.
« Tu sais, le Shazam c’est comme le plus gros house party auquel tu n’es jamais venu », présente humblement Ziv.
Très humblement. Parce que, quand on se penche sur le ShazamFest, on se rend vite compte que c’est beaucoup plus qu’un simple house party. Avec ses quatre scènes, ses trois cuisines et son bateau de pirate pour les enfants, le Shazam offre une expérience à ne pas manquer. Mais derrière ce résultat se cache beaucoup de travail.
« C’est beaucoup d’énergie, je donne, je vide mon cœur toute l’année pour créer quelque chose qui est rassembleur et collectif. » (Citation à mettre en exergue)
Grand admirateur de festival, Ziv s’est promené partout à travers le Canada pour assister à ce type d’évènement, dont certains qui sont devenus une source d’inspiration.
C’est toutefois à son retour de la Saskatchewan et après la faillite du festival Carmagnole que Ziv se lance officiellement dans le business.
« Quand je suis revenu de la Saskatchewan, mes amis avaient démarré Carmagnole. J’y ai fait du DJ, prêté mon système de son. Quand le festival a fait faillite, j’ai pu récupérer leur stock : panneaux électriques, équipements de base, etc. Ça m’a permis de lancer ShazamFest avec du matériel existant. »
C’est avec ce peu de matériel, mais des idées de grandeurs que Ziv et des proches débutent la construction des infrastructures. Situé sur la ferme familiale, l’emplacement était idéal, un vrai « petit coin de paradis ».
Bien que toutes les années soient toujours différentes, les vingt ans sont soulignés d’une belle façon. « Pour 20 $, on va nourrir ton enfant toute la fin de semaine, ça inclut neuf repas, puis deux collations par jour. Ça rend ça plus accessible aux gens. »
Musique, cirque, danse, freak show et même ateliers pour enfants, toute la famille est invitée à participer aux activités. « On reçoit environ 400 enfants chaque année. Le soir, les jeunes et les aînés vont se coucher, et les parents fêtent ! »
Un festival de belles valeurs
« Là où les Exclus sont Inclus », avec un slogan pareil, il ne fait aucun doute que l’accessibilité et l’inclusion sont au cœur de l’organisation. « C’est une expérience immersive, pas juste un show où tu regardes passivement. Il y a une vraie ambiance participative », explique Ziv.
« Au festival, on ne fait pas de militantisme agressif, mais on véhicule des idées par notre accueil, notre programmation, notre structure. »
Père de deux personnes issues de la communauté 2ALGBTQ+, Ziv travaille d’arrache-pied pour faire de son festival un espace sécuritaire où chaque personne peut être soi-même.
« Il y a beaucoup d’éducation qui se fait à travers le festival, je pense notamment à comment vivre et laisser vivre. Je n’étais pas conscient dans ce que je faisais les premiers 10 ans, mais là c’est différent, confie Ziv. C’est devenu, comme on dit, une place libre d’expression, c’est vraiment une diversité humaine qui vient au festival. »
En plus de ce souhait de collectivité, ShazamFest est investi dans l’environnement. Tri des déchets, matériaux recyclés, sensibilisation, l’organisation fait tout pour réduire son impact écologique.
Résultat ? Après quatre jours de festivités et plus de 2 000 personnes sur le site, seulement neuf sacs de déchets ont été jetés. Leurs efforts ont d’ailleurs été récompensés par un prix à un concours d’environnement.
« On a aussi lancé des initiatives pour la mobilité active, avec rabais de 25 % pour les cyclistes, navettes vers les marchés fermiers, incitatifs pour le covoiturage… On veut que venir au festival soit facile et écologique », précise Elisabeth Besozzi, présidente de l’OBNL et compagne de Ziv.
La 20e édition du ShazamFest aura lieu du 10 au 13 juillet prochain. Des navettes gratuites seront disponibles et le stationnement est gratuit pour les covoiturages de trois personnes et plus. Les billets sont actuellement en vente sur leur site web au shazamfest.com.


Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!