Par Julien Moslener

Lorsqu’on discute avec Mathieu Désy, difficile de ne pas sentir sa passion autant que le respect profond qu’il entretient envers la musique et ceux qui l’accompagnent dans sa pratique. Contrebassiste, compositeur et professeur, il sera de passage, le 22 août, dans le cadre des Concerts de la Cité, avec son trio instrumental atypique, pour un concert à ciel ouvert dans sa ville natale. Rencontre avec un musicien posé, mais constamment en mouvement.
Un retour aux sources
Il aura quitté la ville de Sherbrooke pendant plusieurs années, mais un retour aux sources était inévitable. Né à Sherbrooke, dans le secteur de Brompton, Mathieu Désy n’a jamais vraiment quitté la musique. « Je ne me rappelle pas ne pas avoir eu la musique dans ma vie », confie-t-il. Dès ses quatre ans, il suivait les traces de son grand frère au piano, avant de découvrir la basse électrique, puis la contrebasse… Un coup de foudre total, au point de tout vendre pour s’y consacrer.
Aujourd’hui professeur titulaire à l’Université Bishop’s, il voit dans son retour en région une continuité naturelle : « On est chanceux ici, on peut faire tout notre parcours en musique du primaire jusqu’à la maîtrise universitaire. Dans une région comme la nôtre, c’est assez exceptionnel », dit-il, ayant lui-même bénéficié d’une éducation à l’école Sacré-Cœur, suivi de Mitchell-Montcalm, en musique bien évidemment.
Un trio hors du commun
Le trio Mathieu Désy, composé de Mathieu, Charles Papasoff et Paul Picard, ne ressemble pas à un trio de jazz typique. Pas de piano, ni de batterie, ni de saxophone : on y retrouve plutôt une contrebasse polyphonique, une clarinette basse et des percussions. « On joue avec l’espace, avec l’ambiance. C’est une musique douce, accessible, mais qui garde sa personnalité », explique-t-il.
Doté chacun d’une énorme expérience sur la scène musicale québécoise, allant des contributions avec notamment Isabelle Boulay, Louis-Jean Cormier et Fred Pellerin, à suivre de grands artistes comme Céline Dion en tournée, le trio Mathieu Désy joue de la musique qui éveille une panoplie de sentiments.
Leur premier album, Contrebasse et marées, a été décrit comme du jazz sous-marin. Leur plus récent titre, Vent Contre Airs, est son opposé aérien : « On est passé des fonds marins, profonds, étouffés, vers des sons libres comme le vent. » Leur musique est cinématographique, évocatrice, et surtout ouverte à l’interprétation. Pas besoin d’être initié : il suffit d’écouter.
Transmettre sa passion avant tout

En plus de composer la majorité des pièces du trio, Mathieu Désy est un pédagogue engagé. À l’Université où il enseigne, entre autres, il a remodelé les programmes pour briser les frontières entre les styles : jazz, classique, pop, tout peut se croiser. « Les plus belles musiques viennent de métissages de genres. (citation en exergue) J’essaie d’enseigner ça : la versatilité, l’ouverture d’esprit. »
Et l’enseignement l’enrichit, dit-il. « C’est moi qui apprends le plus. Analyser Mozart ou Beethoven, expliquer une sonate, ça me nourrit. Ça garde la musique vivante. »
Un avenir mouvementé
Questionné sur l’avenir, Mathieu Desy a confirmé travailler avec Charles Papasoff et Paul Picard à l’organisation d’une série de concerts autour de leur album Vent Contre Airs dans les prochains mois. De son côté, il finalise un album trio de contrebasse, où il joue le trio à lui-même, toujours dans l’instrumental, et s’apprête à sortir un album tranquillement à partir de septembre, avec son grand frère Charles. « J’ai besoin de ne pas être ancré dans une routine artistique, c’est ce qui me permet de continuer », dit-il.
En plus d’être actuellement en tournée avec Daniel Lavoie, il a aussi confirmé avoir travaillé sur plusieurs documentaires dans la dernière année, qui sont, ou seront bientôt disponibles, dont un documentaire hommage à Gilles Vigneault avec Louis-Jean Cormier. Il a par ailleurs contribué à un documentaire sur Les Colocs, disponible sur Télé-Québec. De quoi souligner toute la passion que cet homme éprouve envers la musique.
Un concert pour se laisser surprendre
Le 22 août, le trio prendra place sur la scène de la Place Kassiwi. Pour Mathieu, c’est une opportunité précieuse : « Jouer ici, c’est partager ce qu’on fait avec notre communauté. C’est une occasion de se laisser surprendre. Ce sont souvent les commentaires des gens qui ne connaissaient pas ça, qui viennent pour découvrir, qui nous marquent le plus. » À partir du moment où sa musique crée une réaction, selon lui c’est mission accomplie.
Un morceau qui exprime bien l’identité du trio : Bend.

Julien Moslener
Grand sportif dans l’âme, le monde du sport n’a plus de secret pour lui. Diplômé du baccalauréat en études politiques appliquées, Julien approfondit maintenant ses connaissances dans le monde de la communication. Après de multiples expériences dans le monde de la politique, au municipal comme au provincial, Julien prête maintenant sa plume au collectif comme journaliste sportif. Suivez son émission de radio Hors-Jeux, sur les ondes de CFAK 88.3 chaque mardi midi de 12 h à 13 h.