Retour sur le Festival Hilarium à Sherbrooke 

Par Elizabeth Gagné 

La troupe d’impros au théâtre Granada regroupant Philippe Laprise, animateur Jo Cormier, Michelle Desrochers, Marie Ève Morency et Stéphan Fallu humoristes.  

Du 27 août au 1er septembre se tenait le festival d’humour Hilarium. Cela faisait plusieurs années que la ville de Sherbrooke n’avait pas accueilli de festival d’humour. Au cours de ces quelques jours, le public a vu passer plus d’une dizaine d’humoristes dans de nombreuses salles intérieures et extérieures telles que le Granada, Le Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, le parc Jacques-Cartier et le Boq. Passant du stand up à l’improvisation au spectacle de talent, on sentait qu’Hilarium voulait s’imposer, se démarquer et réussir, y est-il arrivé?   

Malgré le coup de publicités, les gros noms et la diversité des spectacles, le public n’était que partiellement au rendez-vous. Selon nos informations, les billets pour les événements au Centre culturel se sont difficilement vendus, malgré une baisse de leur prix dans les jours précédant le festival. Au théâtre Granada, la salle était également loin d’être pleine, bien que l’ambiance plus intime ait été intéressante. Si le public manquait à l’appel, c’est peut-être en raison du prix des billets et des forfaits qui avoisinaient les 50 $ pour une soirée et 100 $ pour 3 jours. Bien que des humoristes de renom tels que Mariana Mazza, P.A. Méthot, Katherine Levac et Philippe Laprise aient pris part au festival, ils n’y présentaient pas leur « one man show ». Ils ont plutôt animé les soirées et ont laissé la place à d’autres comédiens un peu moins connus. C’est peut-être cette formule, bien qu’intéressante, qui rendait le public réticent à payer autant pour des prestations réduites de leurs humoristes favoris. Il est certain que ce genre d’évènement est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des humoristes émergents, mais pour un festival qui en est à faire ses classes, le prix des événements n’était peut-être pas en adéquation avec la demande du public.  

Nous nous sommes entretenus avec l’humoriste et comédien Philippe Laprise avant la dernière représentation de son spectacle Projet P13 dans le cadre du festival Hilarium. Le Projet P13 est une soirée de jeux d’improvisation clandestins ou quatre comédiens se lancent à froid dans des scénarios loufoques, dont le but de faire rire et d’amuser. 

L’inspiration derrière le Projet P13 

On y apprend, au tout début du spectacle, que durant les années 1920, alors que le théâtre était en construction, des artistes locaux ont commencé à tenir des jeux d’improvisation clandestins durant plusieurs années. Selon la rumeur, c’est le célèbre fantôme du Granada, Georges, qui prit la tête de ce regroupement secret. Par hasard, Philippe Laprise apprit que George était l’un de ces ancêtres. À partir de ce moment, l’idée du projet P13, en l’honneur du siège P13 de George, prit naissance. « Ce spectacle-là, moi, je le fais pour l’amener en tournée ou en résidence parce que je pense que ça pourrait être un super beau théâtre d’été. Ce qui serait le fun, ça serait de le garder une fois par mois à Sherbrooke, ici, au Granada, pour que le festival reste toujours dans le décor », nous indique Philippe Laprise. « C’est le fun d’innover en faisant des spectacles différents. Bien évidemment, un gala reste un gala, mais ce que j’aime, c’est que l’on prend des risques et je pense qu’Hilarium va devenir un festival ou il va avoir un peu plus de risque. » 

La passion de l’improvisation 

Pour Philippe Laprise, sa passion pour l’improvisation tient au niveau de création que l’on peut en dégager. « C’est une place aux remue-méninges où l’on ne se juge pas. Parfois, il y a des improvisations qui vont lever, d’autre qui tombent à plat, mais ce qui est le fun, c’est cette espèce de sans filet ou de prise de risque, car même pour nous autres les humoristes, après avoir fait deux cents fois les mêmes choses et qu’on est dans nos pantoufles lorsqu’on tombe en création en rodage, c’est là que je peux m’amuser ».  

L’avenir de l’humour au Québec  

Le monde de l’humour en est un très difficile à percer. Au Québec, nous avons une belle culture humoristique qui se démarque du reste du monde. Philippe Laprise avait un beau message à faire passer concernant l’humour au Québec :  

« Rire c’est le plus beau cadeau que quelqu’un puisse s’offrir. Au Québec, on est privilégié, on en a beaucoup, beaucoup d’humoristes. Notre culture humoristique, notre culture n’est pas pareille à ce qui se fait ailleurs. On est dans le stand up, on est dans le conte, on a toujours été un peuple qui aimait rire de soi-même. Je pense qu’on n’a pas besoin d’avoir peur sur l’avenir de l’humour. Évidemment, il y a beaucoup de trafic et beaucoup de spectacles. C’est plus cette question-là sur laquelle il faudrait se pencher, parce qu’il manquerait au moins deux cents salles pour que tout le monde puisse au moins faire un spectacle une fois par semaine. On est rendu qu’on fait des boucles aux six mois, mais le fait de revenir à Sherbrooke pour un évènement comme Hilarium, c’est le fun, ça crée un engouement. L’avenir va être intéressant, mais il faudrait laisser davantage le stand up aux Américains et garder nos couleurs québécoises. On est des raconteurs. » 


Crédits: Simon Rancourt

Elizabeth Gagné
Cheffe de pupitre CULTURE  culture.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.  

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