Qu’est-ce qu’on lit ce soir ?

« Et pardonnez-nous de n’avoir pour réponse que les chants rauques de nos ancêtres et le chagrin de Nelligan » sont les mots du célèbre et magnifique poème de Michelle Lalonde, Speak White, prononcé lors de La Nuit de la Poésie de 1970. Le 21 mars prochain sonne la journée mondiale de la poésie et, pour l’occasion, les poètes sont à l’honneur dans cette édition de Qu’est-ce qu’on lit ce soir ? Retrouvez une sélection d’ouvrages de poésie qui vous transporteront dans l’univers des vers !

Survivaces, Geneviève Rioux

Par Josiane Demers

Il existe une multitude d’œuvres poétiques accessibles, ancrées dans la vérité, susceptibles de nous faire réfléchir et de nous toucher profondément. C’est le cas du recueil de poésie Survivaces de Geneviève Rioux, qui utilise ce médium d’expression avec brio afin de canaliser ses émotions à la suite d’un événement qui a changé le cours de sa vie. Dans la nuit du 7 au 8 avril 2018, l’autrice a été victime d’une agression sexuelle et d’une tentative de féminicide, un scénario amèrement similaire à une attaque vécue par sa mère en 1999. À travers une poésie poignante, elle cherche un sens à ces événements en explorant ses craintes et sa colère. Elle sort également d’elle-même pour explorer les dommages collatéraux vécus par ses proches. Dans la dernière partie, elle émerge de la noirceur pour aller vers la lumière et l’espoir. Survivaces est une œuvre qui respire malgré un thème lourd. Chaque personne est en mesure de saisir et de ressentir les mots écrits sur ces pages.

Toute raison de m’aimer est forcément bonne, Orane Thibaud

Par Lé Bonneau

Avertissement : la plupart des propos tenus dans cette recommandation seront des euphémismes. D’abord, puisque ma recommandation repose sur un ressenti, sur les effets d’une expérience littéraire. Le style et l’émotion auxquels la poésie d’Orane Thibaud fait appel rendent difficile la rédaction d’une critique objective. Le recueil est si majestueux et bien construit qu’à la fin de ma première lecture — en larmes — je suis retournée à la première page. Cela m’a permis de saisir toute l’ampleur que porte la plume de la poétesse, qui est à la fois espoir et désespoir, bonheur et peine, clarté et trouble. Le ton est l’équilibre parfait entre cynisme et idéalisme. Autrement dit, il s’ancre dans une dure réalité — échecs amoureux, décès d’une proche — sans perdre foi en l’humanité. Vous pourrez sans doute vous reconnaître dans les réflexions de l’autrice sur le sens de la vie, la mort et l’avenir. En plus de tout ça, il est magnifique. Bref, je vous recommande ce livre tout en vous garantissant que le fond est aussi brillant que la forme.

L’observatoire, Rosalie Lessard

Par Ema Holgado

Avant de commencer, je me dois de vous confier que je ne suis pas objective face à cette poésie et à son autrice. Rosalie Lessard était ma professeure de littérature au collégial et celle qui m’a introduite à ce monde tout particulier des romanciers et poètes québécois. Cela étant dit, je ne peux que recommander ce magnifique recueil de poésie québécoise. Publié en 2015, l’Observatoire est un recueil de poésie qui a fait parler de lui. Grand gagnant du prestigieux prix Émile Nelligan et finaliste de l’Académie des lettres du Québec, ce recueil nous parle de point de vue et de représentation de soi. À travers différents personnages, on oscille entre plans rapprochés et plans d’ensemble. Dans sa poésie, Rosalie Lessard nous prend aux tripes, nous donne des frissons, entre noirceur et lumière, elle nous transporte dans un bouillonnement de vie. Une lecture à offrir, à lire et à relire en se laissant emporter par les émotions.

Un pépin de pomme sur un poêle à bois, Patrice Desbiens

Par Alexia Gagnon-Tremblay

Cette semaine, j’ai choisi de vous présenter la poésie de Patrice Desbiens par le biais de son œuvre Un pépin de pomme sur un poêle à bois. Celle-ci, parue en 1995, bien qu’un peu âgée, n’est pas déconnectée de nos réalités d’aujourd’hui. En effet, grâce à un vocabulaire très éloquent et imagé, l’auteur brosse le portrait de sa défunte mère. C’est une lecture qui permet aux lecteurs et lectrices de voyager dans les souvenirs de l’auteur. Écrit sous forme de poésie, ce recueil, accompagné de nostalgie, se lit assez rapidement. De plus, l’auteur a remporté le prix Champlain en 1997 pour cette création littéraire. Cette récompense est offerte à des auteurs d’exception pour encourager la qualité littéraire francophone à travers tout le Canada. C’est une autre raison, parmi de nombreuses autres, pour lesquelles je vous recommande cette œuvre magnifique. De plus, celle-ci permet de mettre un pied, si ce n’est pas encore fait, dans la littérature francophone ontarienne.

Milk and honey, Rupi Kaur

Par Alexia Gagnon-Tremblay

Milk and Honey est un recueil de poésie en anglais qui explore les différentes étapes de la vie de l’autrice, Rupi Kaur. En effet, le livre est séparé en quatre sections distinctes dans lesquelles l’écrivaine explore différents thèmes. L’œuvre se lit vraiment très bien, les pages défilent sans que l’on s’en rende compte. L’autrice a su, selon moi, choisir un vocabulaire précis qui permet de ressentir ses souffrances par moment et ses joies par d’autres. Il y a aussi un aspect féministe aux différents poèmes qui est différent de ce que l’on a l’habitude de lire dans d’autres poèmes de ce genre et qui, par conséquent, est rafraichissant. De plus, pour accompagner ses poèmes émouvants, elle a intégré des dessins aux traits simples qui donnent une allure très esthétique, mais aussi épurée au recueil. Pour ces raisons, c’est, selon moi, une œuvre très complète pour la profondeur du texte et pour l’aspect visuel qui en fait un ouvrage magnifique.


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