Le tout premier roman de Mile´na Babin, e´tudiante a` l’Universite´ Laval en re´daction professionnelle, vient a` peine de sortir qu’il a conquis le cœur aigre-doux de bien des lecteurs, dont le mien.
Laurie Marchand
Les fanto^mes fument en cachette a pour grande qualite´ d’e^tre destine´ a` un public rarement de´peint dans le paysage culturel que´be´cois. Les vingtenaires! De´ja` partis de la maison, mais pas encore si sette´s que c¸a! En plein nous, universitaires que nous sommes. A` mi-chemin entre l’insouciance, les expe´riences et l’envie de ba^tir quelque chose de se´rieux (sans que ce le soit vraiment trop non plus).
Les deux-cents quelques pages qui se de´vorent dans le temps de le dire racontent l’histoire de Maeve, une jeune femme entreme^le´e dans une histoire d’amour a` tendance triangulaire trop souvent insatisfaisante. Son ami/amant d’enfance, Loi¨c, l’empe^che de faire un grand saut dans une nouvelle relation alors que Fre´de´rique, le troisie`me e´le´ment du groupe, tente de ge´rer les malaises. Puis il y a Max, le beau musicien qui vient chambouler les pense´es de Maeve a` la suite d’une rencontre improbable et Murielle, la vielle voisine trop aimable qui tend l’oreille a` toutes ces histoires-la`.
On joue dans les the`mes de l’amour, de l’e´rotisme, des expe´riences bicurieuses, du sarcasme, de la culture musicale et litte´raire, des liaisons et des trahisons. Les romans a` saveur sentimentale e´tant ce qu’ils sont, on y voit venir les intrigues, car bien souvent on s’y reconnait. Quelques e´le´ments clochent toutefois pour qu’on ait droit a` une histoire qui soit pleinement vraisemblable. La curieuse fac¸on dont les personnages de Maeve et Max se sont rencontre´s, l’horaire trop peu charge´ de cette dernie`re qui semble pourtant e^tre en mesure de se payer des restos et du vin re´gulie`rement en ne travaillant que tre`s peu me semble-t- il…
Ne´anmoins, j’ai senti que cette histoire-la`, a` quelques de´tails pre`s, aurait pu e^tre la mienne, celle de ma coloc ou de ma cousine de´crite avec une plume ae´rienne et un rythme effre´ne´. Certes, le roman n’e´tonne pas par son audace, mais de´peint assez bien la ge´ne´ration des late-80’s-90’s-babys.