par Nicolas Cornellier
La fille au guichet: Tu vas voir Hunger Games?
Moi: Non. Room: Le monde de Jack.
La magie du cinéma
Je l’avoue, j’angoisse pour pas grand-chose. J’ai encore des séquelles psychologiques du film Mars attaque!, le genre de film que j’évite «normalement» d’évoquer. J’ai beau être un grand fan de Quentin Tarantino, mais je ne suis pas pour autant immunisé contre la violence. Je ne fais pas toujours la distinction entre réalité et fiction. Je ne suis pas névrotique, j’ai seulement peur d’avoir peur. Mes amis me disent souvent: « Ouvre les yeux. On voit fuck all.» Le gars dans l’écran se fait briser les jambes avec une masse…laisse-moi tranquille. Je me cogne l’orteil contre la base de mon lit et je deviens une vraie larve! Je suis du genre à hurler dans les moments les moins appropriés au cinéma.
Pour moi, le cinéma, c’est comme un road trip à Walt Disney. Je m’émerveille pour un rien. Je régresse mentalement et j’attends désespérément le moment où les personnages m’invitent à les rejoindre. Ça pourrait être cool de prendre une bière au McLaren’s en compagnie des personnages de How I Met Your Mother, ou encore de croiser Carrie Bradshaw (Sex and the City) dans la rue.
C’est juste de la fiction
Bras dessus, bras dessous avec Marianne, on est allés à la représentation de 21h35 de Room: Le monde de Jack. La salle était déserte. C’était l’occasion rêvée d’y aller en pyjama et trainer une doudou, mais j’ai manqué ma chance! Le port du pyjama devrait être obligatoire pour des films du genre. Même si la séquestration est un sujet lourd, la bande-annonce ne m’a pas laissé indifférent. Ça m’a fait penser à La nostalgie de l’ange de Peter Jackson, un film poétique et poignant. Un film brillant qui arrive à te faire rêver, malgré les pires atrocités. Room: Le monde de Jack ne te fait pas rêver… Room: Le monde de Jack, c’est un wake-up call. On en sort indemne, du moins je l’espère. C’est juste de la fiction…
Tirer les ficelles
Ma (Brie Larson) est séquestrée depuis sept ans dans la remise de Grand méchant Nick (Sean Bridgers). C’est son objet. Le seul truc bien qu’il lui ait donné, à part les cadeaux du dimanche, c’est son fils Jack (Jacob Tremblay), maintenant âgé de cinq ans. Il est grand temps que Jack connaisse autre chose que Madame Porte, Monsieur Tapis, Madame Table et Monsieur Lit… Les prières de Ma vont être entendues, mais à quel prix?
L’adaptation cinématographique de Lenny Abrahamson confronte le spectateur à un paradoxe: d’une part, l’amour est plus fort que tout et, d’autre part, l’amour n’est pas suffisant. Room: Le monde de Jack ne fait pas dans le sentimentalisme. Le scénario est si bien ficelé qu’on ne peut que saluer le génie de celui qui tire les ficelles. Sans parler de la performance impeccable de Brie Larson. L’actrice américaine s’est isolée de tout contact pendant plus d’un mois pour préparer son rôle.
Room: Le monde de Jack est récipiendaire du prix du public au Festival du film de Toronto. Cette coproduction entre le Canada et l’Irlande pourrait bien prendre part à la course aux Oscars.
Faits divers
Emma Donoghue, auteure du livre à succès, s’est inspirée de l’histoire de l’Autrichienne Elisabeth Fritzl, enfermée dans le sous-sol de sa maison pendant vingt-quatre ans.