La sensibilité décomplexée d’Elliot Maginot

WEB - Culture_Benjamin Le Bonniec - Elliot MaginotElliot Maginot, voilà un nom qui ne vous disait peut-être rien il y a quelques semaines, mais qui aujourdhui résonne un peu plus dans votre tête.

Par Benjamin Le Bonniec

La raison vient du lancement en grandes pompes d’un premier album en carrière, Young/Old/ Everything.In.Between, le 10 février 2015 au théâtre National à Montréal. Pourtant, cela fait un petit moment que le jeune artiste originaire de Saint-Hyacinthe écume les routes de la province à faire les premières parties des Soeurs Boulay, d’Ian Kelly ou dernièrement de Franklin Electric. C’est justement pour devancer ses compères d’Indica, sa maison de disque, qu’Elliot Maginot se produisait le vendredi 13 février dernier au Théâtre Granada. Dans les dédales de la salle de spectacle sherbrookoise, après une prestation solo pleine de sensibilité de la part d’Elliot qui a charmé le public du Granada venu principalement pour Franklin Electric, je me retrouve sur le trottoir à me griller une cigarette en sa compagnie. Gabriel (alias Elliot Maginot) est une découverte personnelle depuis l’automne 2013, alors qu’il faisait partie de la programmation du festival M Pour Montréal et du festival Sherblues & Folk. Il m’annonce avoir vécu « deux-trois jours de petits nuages » et je le crois sachant l’engouement médiatique que la sortie de son album a suscité. Il me confie que « le show au Granada est une exception dans sa tournée, qu’il rêve maintenant de full band ».

En effet, le changement principal dans la carrière de l’artiste est qu’il n’évolue plus aujourd’hui en solo, les musiciens qui l’accompagnent sur l’album le suivent pour la tournée promotionnelle. Parmi eux, Jesse Mac Cormack qui a, selon Gabriel, « été une belle rencontre, tant musicale qu’en dehors. On s’est rendu compte qu’on n’habitait pas vraiment loin dans le quartier d’Osheaga ». En effet, la musique planante et attendrissante de Jesse n’est pas sans rappeler celle du nouveau venu Elliot Maginot. C’est donc bien seul sur scène, accompagné de sa guitare et de son harmonica, que le public sherbrookois a pu découvrir le talentueux artiste qui a proposé six compositions extraites de son album. Et c’est une réelle ovation qu’a reçue Elliot Maginot au terme de sa prestation, reléguant presque au second plan celle de la tête d’affiche. Avec ce premier opus, c’est l’heure d’une certaine maturité, quand on le compare à son précédent EP. Il bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle visibilité à l’échelle du Québec et rêve, sans le cacher, de voir plus loin, pourquoi pas l’Europe. En effet, excepté sa chanson Le siècle bruyant, toutes les chansons de l’album sont écrites en anglais, ce qui lui ouvre les portes d’une expérience internationale. Il m’explique que pour lui, « ça s’est fait naturellement, c’est en anglais que l’inspiration vient », rajoutant sans confession que l’Europe est un rêve accessible. Je n’hésite alors pas à lui poser la question au sujet de l’intervention de Pierre-Karl Péladeau lors du show de Gronenland. « Il m’est déjà arrivé que quelqu’un me demande de chanter en français. » Selon lui, « il a droit, chacun a droit à son opinion, mais c’est sur la scène politique que le débat doit se jouer ».

Au-delà du spectacle, son album nous livre une musique sincère et mélancolique, un folk contemporain, harmonique aux teintes pop-rock eighties, marquée par sa collaboration avec le fameux réalisateur montréalais Jace Lacek des studios Breakglass. Le long hiver que nous vivons est propice à la découverte de cet artiste sensible, mais libéré et décomplexé, qui n’est pas sans rappeler la musique introspective du bien connu Bon Iver.

Pour en savoir plus : http://elliotmaginot.com/fr/

 

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