La peur au ventre : aller à la rencontre du mouvement pro-vie 

Par Marie-Jeanne Eid 

Le documentaire La peur au ventre est l’œuvre de Léa Clermont-Dion 

Le 21 octobre sortait le plus récent projet de Léa Clermont-Dion, le documentaire La peur au ventre, portant sur le mouvement pro-vie au Canada à la suite de la révocation de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis. En allant à la rencontre des groupes antiavortement, l’autrice et réalisatrice féministe propose un film immersif et accessible qui met en lumière la fragilité des droits reproductifs.  

Dans les cinq premières minutes du court-métrage, on fait la rencontre de Georges Buscemi, président de l’organisation Campagne Québec-Vie. Tout de suite, son reportage enregistré dans une chambre d’hôtel, de manière intimiste, surprend par sa nature.  

« Le renversement de Roe v. Wade était la meilleure nouvelle pro-vie des 50 dernières années […] Une société doit amener les gens à comprendre la réalité, que l’avortement est un meurtre. » 

Ce genre de témoignage, venant de femmes et d’hommes, et étonnamment d’une forte propension de jeunes, sera omniprésent tout le long du visionnement. Ainsi, la force de Léa Clermont-Dion, dialoguant avec neutralité et respect avec des personnalités connues du mouvement, résidera dans l’accès privilégié aux schèmes de pensées des leaders pro-vie. Au sein d’une manifestation à Washington DC, elle rencontre Abby Johnson, une personnalité influente de la cause aux États-Unis, qui argumente en défaveur du droit à l’avortement, bien qu’elle ait œuvré huit ans dans une clinique de soins reproductifs.  

« Et je sais que les femmes sont tellement plus fortes que ce que le mouvement pour l’avortement leur dit. Elles peuvent être mères, terminer leurs études. Elles peuvent être mères, avoir une carrière. Je viens d’obtenir mon doctorat et j’ai huit enfants! » 

Plusieurs visages  

Mobilisant théories conspirationnistes, arguments pro-Trump, foi chrétienne et valeurs universelles, tel le droit à la vie et à la non-violence, les membres du mouvement pro-vie portent différents visages. Léa Clermont-Dion s’étonnera d’ailleurs du degré d’efficacité de leurs évènements, mais surtout du soutien financier considérable dont ils bénéficient.  

L’infiltration d’une pensée antiavortement dans les institutions démocratiques, poussée par le mouvement malgré un appui populaire mitigé, est au centre des réflexions du documentaire. Si cette infiltration a permis le renversement de Roe v. Wade aux États-Unis, sommes-nous à l’abri au Canada?  

L’ancien député conservateur, maintenant devenu indépendant, Alain Rayes, dénote une montée du nombre de parlementaires pro-vie au sein du parti conservateur du Canada. Le cofondateur de l’organisation Right Now, Scott Hayward, a d’ailleurs fait de sa mission l’élection de parlementaires pro-vie au Canada, en vue de renverser le droit universel à l’avortement.   

« Nous ne nous soucions pas de savoir si c’est un gouvernement conservateur ou un gouvernement libéral, cela n’a pas d’importance pour nous, tant que nous travaillons à la mise en place d’une majorité pro-vie à la Chambre des communes ». 

Si c’est un sentiment de peur qui prédomine lors du visionnement du documentaire, Léa Clermont-Dion souhaite qu’il soit réinvesti en vigilance. En retraçant l’historique des combats pour les droits sexuels des femmes au Québec, on arrive à un constat : ces droits ont été acquis au prix de longues luttes contre le contrôle du corps des femmes. Maintenant, il n’est pas question de reculer. 

Le documentaire de 53 minutes est disponible gratuitement sur la plateforme en ligne de Télé-Québec. Un visionnement plus que pertinent! 


Source: Centre de presse de Télé-Québec

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