Journée de la vérité et de la réconciliation : Sherbrooke se mobilise 

Par Marie-Jeanne Eid 

La marche de la réconciliation du Centre Mamik Saguenay à Chicoutimi.

Depuis 2021, la Journée de la vérité et de la réconciliation est célébrée au Canada afin de se rappeler la tragédie des pensionnats autochtones et de reconnaître l’héritage de cette sombre période de notre histoire collective. La commémoration du 30 septembre est une occasion de s’éduquer sur le sujet du passé colonial du Canada et de rendre hommage aux communautés victimes de ce génocide culturel.  

Pourtant, le gouvernement du Québec a refusé de faire du 30 septembre un jour férié provincial en 2021. Dans un texte de La Presse, François Legault évoquait la « trop faible productivité du Québec » et le « coût élevé » d’un congé payé additionnel. Le premier ministre du Québec a manqué l’opportunité de démontrer clairement sa solidarité et son engagement envers le processus de réconciliation.  

Les pensionnats autochtones : une période profondément traumatique   

Entre 1830 et 1990, plus de 150 000 enfants inuits, métis et de Premières nations ont fréquenté les pensionnats autochtones. Parrainé par l’État et administré par l’Église chrétienne, ce réseau de 130 écoles résidentielles, dont 12 au Québec, a été la pierre angulaire de la stratégie d’assimilation du gouvernement canadien. 

En isolant les jeunes autochtones de leur famille, le but était de « tuer l’Indien dans l’enfant », soit les contraindre à abandonner leur culture, leur langue et leurs croyances. Le surpeuplement et l’insalubrité des établissements donneront lieu à des conditions de vie déplorables propices aux épidémies. Loin de leurs parents, plusieurs enfants y seront victimes de négligences et de sévices physiques, dont des abus sexuels. Selon J.R. Miller, on estime que plus de 6000 enfants sont décédés dans les pensionnats autochtones.   

Une programmation autour des thèmes de la guérison et du rayonnement  

Avec ou sans jour férié, à Sherbrooke, comme partout au Québec, une panoplie d’activités étaient organisées afin de commémorer les victimes des pensionnats et célébrer la culture autochtone. 

Dans le cadre de la Semaine nationale de la vérité et de la réconciliation, l’Université de Sherbrooke offrait diverses conférences, ateliers et projections. Si les sujets étaient aussi variés les uns que les autres, traitant de littérature, d’ingénierie, de droit et d’éducation, cette programmation a mis en lumière la transversalité des savoirs autochtones, mais également les diverses formes d’oppression qui pèsent toujours sur les communautés autochtones.  

Cette semaine de sensibilisation fut inaugurée par la marche « Chaque enfant compte ». Un cortège de manifestants et manifestantes vêtus d’orange ont défilé sur la rue King Ouest, lundi dernier. Le port du chandail orange est devenu un symbole de solidarité aux luttes autochtones en référence au récit d’une survivante du peuple secwepemc qui s’était fait confisquer ce vêtement à son entrée au pensionnat, à l’âge de six ans.   

À la lumière de ces célébrations, il est nécessaire de se rappeler que poser des gestes symboliques et s’éduquer, une journée par année, ne représente pas un effort suffisant pour combattre les inégalités néocoloniales dont sont victimes les peuples autochtones encore aujourd’hui. Nous vous invitons à prolonger cet effort de mémoire et de sensibilisation à partir des ressources offertes sur les plateformes numériques de Radio-Canada. Le balado Des remarquables oubliés – Les Premières Nations et la minisérie Pour toi Flora sont des œuvres québécoises à découvrir.   


Crédits: Julianne Gagnon

Scroll to Top