Fini les dimanches gratuits dans les musées 

Par Elizabeth Gagné 

Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke.

Le 28 janvier dernier, l’inquiétude était trop grande dans nos musées sherbrookois pour ne rien dire à la suite de l’annonce gouvernementale de la fin des musées gratuits pour tous les premiers dimanches du mois.  

Alex Martin, directeur général du Musée de la Nature et des sciences de Sherbrooke (MNS2) explique que « les mauvaises nouvelles fusent de toutes parts ». « Nous vivons présentement un gel dans les sorties scolaires, nous apprenons de l’autre côté une réforme drastique du Programme du premier dimanche du mois gratuit dans les musées et nous sommes toujours en attente des critères de financement pour le Programme d’aide financière aux institutions muséales 2025-2028 », relate-t-il, ajoutant que le tout est peu rassurant pour le milieu muséal. « C’est aussi très décevant pour la population qui perd un service direct avec l’abolition de la gratuité pour les plus de 20 ans, le 1er dimanche du mois ». 

Maude Charland-Lallier, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS) renchérit : « ces annonces ont des impacts négatifs considérables pour les institutions culturelles, notamment au niveau financier ». 

Au-delà de cet aspect, les conséquences sont également majeures pour les générations actuelles et futures. « Le programme des sorties scolaires culturelles est une initiation au domaine culturel, bien souvent un premier pas dans un musée pour les enfants ». De plus, le programme du dimanche gratuit offre l’accessibilité aux musées et à la culture, peu importe les revenus familiaux. « Nous sommes persuadés que ces coupures menacent l’universalité de l’accès à la culture, créant des inégalités sociétales à ce niveau », déplore Mme Charland-Lallier. 

Pour David Lacoste, directeur général du Musée d’histoire de Sherbrooke (Mhist), le milieu muséal doit composer avec l’ensemble des contraintes économiques (inflation, augmentation des coûts des matériaux et des fournisseurs, salaires concurrentiels, etc.), notamment en réaction à la mise sur pause du Musée régional de Rimouski et la mise à pied du personnel au Musée de la civilisation de Québec. 

« Nous croyons que le soutien au milieu muséal se doit d’être bonifié et que la culture doit demeurer une source de fierté, explique-t-il. La culture constitue une richesse à supporter, non pas un secteur à amputer davantage. » 

Choyé, Sherbrooke a la chance d’avoir accès à trois musées complémentaires au sein même de son centre-ville. Ensemble, le MNS2, le MBAS et le Mhist font un chiffre d’affaires qui oscille autour de 4 millions de dollars par année, sans compter les retombées économiques et touristiques. Les musées de Sherbrooke comptent également 60 postes annuels. En 2024, c’est plus de 10 000 personnes qui ont profité des dimanches gratuits dans ces trois musées. 

Comme l’exprime Annick Charrette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN), les musées sont des « lieux de culture, de mémoire et d’arts, ils sont essentiels aux communautés pour leur donner accès à l’expression de leurs identités, de leurs valeurs, de leur savoir, de leur créativité et de leur histoire. Ils devraient être accessibles, ouverts et supportés comme une composante essentielle au paysage de notre société distincte. On vient pourtant d’annoncer l’abandon du programme de gratuité des musées les premiers dimanches du mois. Cette initiative permettait aux citoyens et citoyennes, aux jeunes et aux aînés de s’approprier les lieux et ce qui y est mis en valeur. Dans l’état actuel de santé des musées, les valoriser et soutenir leur fréquentation est essentiel ».  

Pour le moment, cette mesure devrait rentrer en vigueur à partir du 2 mars et visera les personnes de plus de 20 ans.   


Source : Facebook

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