Par Benjamin Le Bonniec
Et si la campagne était le terrain le plus propice à la création artistique? Depuis toujours, petits et grands artistes sont allés chercher de l’inspiration dans de territoires isolés, loin de la ville et de son bourdonnement permanent. Des écrivains de l’École du Montana aux peintres de Fontainebleau en passant par la forte communauté d’artistes-peintres de la région de Charlevoix, l’isolement rural peut être favorable à la création.
Ces artistes viennent pour y trouver la quiétude, la sérénité, mais aussi pour échapper au conditionnement de la culture dominante inhérente à la vie urbaine. Souvent, les artistes énoncent leur préférence pour l’environnement rural, les lieux pittoresques et les ambiances champêtres. Épanouissement, flegme quotidien, amélioration de la concentration et de l’imagination, la campagne révèle bien des atouts. Pourtant, créer dans ces milieux reculés peut se révéler également légèrement difficile, tant d’un point de vue pratique que dans la capacité à trouver une visibilité ou à surmonter les obstacles de l’enracinement.
De ce côté, le secteur estrien révèle un environnement dynamique, diversifié et qualitatif à bien des égards. Tant le Conseil de la culture en Estrie que les municipalités œuvrent pour promouvoir et stimuler le vivier artistique local. Au service de l’équilibre communautaire, la culture joue un rôle déterminant dans le développement de la collectivité en milieu rural, notamment en tissant les liens au sein de la population ou en contribuant à l’attractivité de la région. La culture se révèle en effet être une richesse capitale et décisive pour les territoires ruraux, à la source du changement et de l’innovation. Elle est également créatrice d’emplois.
Un réservoir de talents et d’artistes au-delà des villes servent à l’intérêt des populations pour le milieu des arts et de la culture, et rien qu’à voir à notre échelle, le succès des lieux culturels de campagne, comme le Cabaret Eastman, le Centre d’Arts Orford ou la Maison des arts et de la culture de Coaticook, pour ne citer qu’eux, ou divers événements comme Forest Lumina, La Grosse lanterne ou récemment Rurart sont la preuve qu’il existe une curiosité et une attention particulière à la culture sous toutes ses formes. Venant communément des artistes et du public local, cette bienveillance contribue à l’essor artistique, à la relève créative et cette vitalité n’a pas à rougir des grandes aires urbaines.
Mais pour que cette dynamique ressentie ces dernières années perdure, les pouvoirs publics, notamment une institution comme le Conseil de la culture de l’Estrie, doivent définir et avancer clairement une politique de développement artistique et une stratégie culturelle en milieu rural. Le Forum des États généraux des arts et de la culture de l’Estrie du 12 janvier 2016 a d’ailleurs permis de passer une nouvelle étape (après quatre ans de consultation) vers une telle stratégie en soulignant notamment l’importance des arts et de la culture comme vecteur de développement régional en Estrie.
La grande réflexion à ce sujet a donc eu lieu, dès lors il relève que des applications concrètes à la mesure des ambitions soient mises en place dans les mois et années à venir pour favoriser le rayonnement culturel de la région.
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