Avant le déluge : un documentaire ou une distraction?

Par Roxanne Blais

Avant le déluge (Before the Flood), le dernier documentaire sur les changements climatiques réalisé par Fisher Stevens en collaboration avec National Geographic et nul autre que Leonardo DiCaprio a été vu par plus de 10 millions de personnes en seulement quelques jours.

La question importante dans tout ça, ce n’est pas de savoir si la cause environnementale a encore sa place sur nos écrans, mais plutôt de savoir si oui ou non ces documentaires environnementaux nous ont rendus plus tolérants qu’activistes… Voici les raisons qui me poussent à croire qu’Avant le déluge a été vu par un nombre important de personnes par besoin de distraction et non par soif de changements.

« Hey, as-tu vu le documentaire de DiCaprio? »

Le nom de DiCaprio a-t-il eu un rôle important dans la popularité de ce documentaire? Voilà la première question que je me suis posée. Honnêtement, pour ma part, ça a pesé dans la balance, mais comment m’en vouloir… Nous écoutons dorénavant davantage la télévision pour nous divertir que pour nous instruire. J’étais curieuse de savoir ce que Leonardo avait à dire sur le sujet, mais malheureusement ma soif ne fut pas comblée. À la fin de ces 96 minutes, je me suis bien rendu compte que le but derrière ce documentaire était de laisser place aux solutions et aux messages des acteurs clés plutôt que de faire prévaloir son point de vue à lui, disons-le, plutôt pessimiste, sur le réchauffement climatique. En fin de compte, c’est DiCaprio qui a davantage propulsé le documentaire que le sujet en tant que tel.

Des personnalités connues avec des discours déjà entendus

La sélection des intervenants est très impressionnante : Barack Obama, Bill Clinton, Ban Ki-moon, le pape François et j’en passe. Impressionnants, mais sont-ils pertinents ou seulement intéressants pour le spectateur qui veut seulement se distraire? Si vous suivez un tant soit peu l’actualité, vous constaterez qu’ils n’apportent aucune nouvelle information, seulement des constats qui sont faits depuis déjà un bout de temps : « Le réchauffement climatique frappe plus rapidement que prévu et les répercussions toucheront chacun d’entre nous. Nous devons agir maintenant. » Nous sommes tellement habitués d’entendre des prises de conscience de ce genre qu’il est maintenant difficile de passer à l’action à la suite d’un documentaire qui est censé nous réveiller de notre passivité.

Ça passe dans une oreille et ça sort par l’autre

Le point fort de ce documentaire, mis à part les images désolantes mais spectaculaires, ce sont les solutions proposées qui peuvent être mises en place par vous et moi. Par exemple, limiter notre consommation de bœuf en favorisant le poulet, cesser l’achat de produits contenants de l’huile de palme, réduire notre consommation d’électricité, etc. Mais surtout faire valoir notre désaccord face à l’inaction de nos dirigeants. Bien que ces actions semblent simples à appliquer dans notre quotidien, certains les oublieront dès leur télévision éteinte…

L’addition de toutes ces caractéristiques concernant Avant le déluge me pousse à croire que notre habitude de faire face tous les jours à ces changements climatiques alarmants nous amène de plus en plus à passer par-dessus les messages importants que contiennent ces documentaires écologiques. Même lorsqu’on finit par se laisser séduire par l’écoute de ces films verts, ces images de paysages détruits nous apparaissent comme ceux des films de science-fiction et l’on a de la difficulté à diviser la réalité de la fiction même quand il s’agit de notre planète. Constat final : nous sommes tolérants et indifférents parce que pour l’instant, le réchauffement climatique n’affecte pas notre vie de tous les jours, nous voyons encore cela comme une fiction.


Crédit photo © ladepeche.fr

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