Par Frédérique Maysenhoelder

Le mercredi 14 mai, l’Université de Sherbrooke a officiellement lancé sa toute première chaire de recherche en psychologie. Dirigée par la professeure et chercheuse Audrey Brassard, cette nouvelle chaire s’intéresse aux dynamiques de la détresse relationnelle et de la violence entre partenaires intimes.
Entourée du recteur de l’UdeS, Pierre Cossette, et de la doyenne de la Faculté des lettres et sciences humaines, Anick Lessard, Mme Brassard a présenté cette initiative comme l’aboutissement de plus de vingt ans de travail et de recherche.
« Les relations intimes peuvent affecter la santé psychologique »
Devant un public rassemblé pour l’occasion, Mme Brassard a pris la parole avec émotion : « C’est avec beaucoup de fierté que je vous accueille, votre présence me touche […] Les relations intimes peuvent être le terrain de nos plus grandes joies, mais peuvent aussi affecter la santé psychologique », a-t-elle confié.
Son travail se penche sur un enjeu sociétal majeur. Selon les données de Statistique Québec, en 2023, 27 082 personnes ont été victimes d’infractions contre la personne en contexte conjugal, dont 20 590 femmes et 6 492 hommes.
Un rôle social que l’Université prend à cœur
Face à ce constat préoccupant, l’Université de Sherbrooke estime qu’elle a un rôle à jouer. « C’est un enjeu très important. Si l’Université ne s’en occupe pas, qui le fera ? Nous avons une responsabilité sociale », a déclaré le recteur Pierre Cossette.
De son côté, Audrey Brassard rappelle que cette chaire est le fruit d’un long parcours : « Je suis arrivée comme professeure ici en 2006, et dès 2007, j’ai commencé à faire de la recherche sur la violence dans les relations de couple. Ce projet de chaire se construit depuis près de deux décennies.
Une définition plus inclusive de la violence conjugale
La chercheuse choisit de parler de violence entre partenaires intimes plutôt que de violence conjugale. Ce choix n’est pas anodin : il permet d’inclure toutes les orientations sexuelles et de reconnaître une diversité plus large de réalités.
Elle explique que les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre se sentent souvent exclues des services existants :
« Quand ces personnes viennent chercher de l’aide après des gestes violents, elles abandonnent plus rapidement les démarches. On pense que c’est parce qu’elles ne se reconnaissent pas dans les services. Alors on veut savoir comment adapter les interventions pour qu’elles leur parlent davantage. »
Vers des interventions mieux adaptées
Avec cette chaire, l’équipe de recherche espère contribuer à l’amélioration des interventions psychosociales et à l’adaptation des ressources en fonction des réalités vécues par les couples, peu importe leur orientation ou leur identité.
L’ambition est claire : créer un savoir utile, rigoureux et appliqué, capable de transformer la manière dont on comprend et traite la violence dans les relations intimes. L’Université de Sherbrooke s’engage ainsi dans une voie à la fois scientifique et profondément humaine.
Un projet d’envergure
Cette chaire a pour objectif de générer des données essentielles afin d’évaluer et d’améliorer les programmes de prévention et d’intervention en matière de détresse relationnelle et de violence entre partenaires intimes. Première du genre au Département de psychologie de l’Université de Sherbrooke, elle bénéficie d’un financement de 1,4 million de dollars sur sept ans, accordé dans le cadre du Programme des chaires de recherche du Canada.
Un message d’espoir pour les personnes touchées
S’adressant directement aux personnes vivant de la détresse relationnelle ou de la violence entre partenaires intimes, le recteur Pierre Cossette a tenu à rappeler l’importance de briser le silence : « C’est important d’en parler. Vous n’êtes pas seuls, et il y a plus d’aide disponible que vous ne le pensez. »
La professeure au département de psychologie, Audrey Brassard, titulaire de la chaire, nourrit une ambition profonde pour l’avenir : « Mon rêve, c’est de voir la violence dans les relations intimes diminuer, et que le Québec soit vraiment une figure de proue dans ce mouvement-là ».
Source : Université de Sherbrooke