Par Karine Grandbois et Laura Fequino
Dès cet automne, une nouvelle équipe étudiante multidisciplinaire du Groupe de coopération internationale de l’Université de Sherbrooke (GCIUS) sera mobilisée en Côte d’Ivoire. Son projet annuel, CAJOUS 2022, porte sur le soutien technique à une coopérative agricole de femmes, par le développement d’une chaîne de transformation de résidus agricoles — coques de cajous et d’arachides — en briquettes biocombustibles, lesquelles pourront être utilisées en substitution au charbon de bois.
Cette initiative s’inscrit dans la lutte aux changements climatiques et à la déforestation, ainsi que dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin. En effet, comme c’est le cas dans plusieurs régions du monde, le charbon de bois est un combustible solide utilisé pour le chauffage et la cuisson des repas. En Afrique, et plus particulièrement en Côte d’Ivoire, l’industrie du charbon de bois est largement présente. Son emprise est considérable puisqu’elle affecte, simultanément et réciproquement, les sphères économiques, sociales et environnementales. Depuis 1990, le couvert forestier ne cesse de reculer en Afrique subsaharienne, avec un rythme moyen de 0,5 % par an, comme le mentionne l’expert Gérard Madon dans son article « Le bois, énergie de première nécessité en Afrique ».
La déforestation est l’un des effets les plus directs de la production du charbon et pèse lourdement sur la résilience alimentaire en exacerbant l’érosion et la dévitalisation des sols. Cependant, malgré les effets néfastes du charbon de bois sur la santé et l’environnement, ce dernier demeure la source principale d’énergie produite en milieu rural. Son faible coût et l’absence d’alternatives sont les facteurs de dépendance les plus directs.
Devant ce contexte, la transformation des coques de cajous et d’arachides pour la fabrication de briquettes biocombustibles et la commercialisation de ces dernières par une coopérative agricole de femmes constitue une initiative qui permet de lutter contre l’utilisation du charbon de bois et ses effets néfastes. Elle renforce également les capacités économiques des femmes en milieu rural.
Les objectifs et les retombées souhaitées du projet CAJOUS sont multiples. On pense notamment au développement d’un extrant abordable, accessible et adapté aux contraintes du terrain ainsi qu’au renforcement et la pérennisation du pouvoir économique des femmes en milieu rural. Cela aura pour conséquences de les mobiliser dans la gouvernance des projets à impact durable, en plus de valoriser le développement d’une structure agricole pérenne, tout en contribuant à la sensibilisation de la communauté locale aux pratiques d’agriculture durable.
Le PFCI, l’UPGC et le GCIUS unissent leurs forces
Le projet CAJOUS est le fruit d’une initiative ivoirienne, appuyée par un partenariat entre le GCIUS, le Pôle de Formation en Coopération internationale de l’Université de Sherbrooke (PFCI) et l’Université Peleforo Gon Coulibaly (UPGC).
Le GCIUS est un organisme à but non lucratif, composé principalement de personnes étudiantes de l’Université de Sherbrooke. Depuis 2002, les projets du GCIUS ont pour principal objectif d’améliorer le niveau de vie de diverses communautés situées dans des pays du Sud par le partage de connaissances, et ce, tout en respectant les valeurs et savoir-faire locaux des communautés. L’organisme se positionne comme un acteur de la coopération internationale et participe au développement d’un monde plus solidaire, équitable et inclusif. Grâce à une approche interdisciplinaire, le GCIUS a notamment contribué à la réalisation de 19 projets à incidence durable aux quatre coins du monde, impliquant plus de 200 étudiantes et étudiants de l’UdeS.
Le PFCI, nouveau joueur à l’UdeS depuis 2021, regroupe les acteurs de la coopération internationale à l’Université de Sherbrooke et leurs partenaires afin de faciliter les démarches de développement international. Il s’agit d’un organisme qui se concentre sur quatre grands éléments complémentaires, soit la formation, les projets et les stages universitaires, la recherche, ainsi que le transfert de connaissances au Canada et à l’étranger. Parallèlement, l’UPGC est un établissement public administratif d’enseignement supérieur et de recherche dont le siège est fixé à Korhogo, soit la quatrième ville la plus peuplée de la Côte d’Ivoire. Ensemble, ces trois organisations unissent leurs forces cette année dans le cadre du projet CAJOUS.
Découvrez les membres du projet CAJOUS
Pour la première fois de son histoire, le GCIUS a le plaisir d’intégrer au sein de ses projets une équipe issue de la Faculté de génie ayant choisi de mettre son Projet de conception majeure (PMC) à profit de la coopération internationale. Ce sont donc huit personnes ingénieures approchant la fin de leur formation qui travaillent à la réalisation du projet CAJOUS pour clore leur baccalauréat. Cette équipe PMC est composée de Benjamin Bonneau Landry, Maxime Courcy, Albert Gaudreau, Mathieu Gendron, Nathan Guay, Charles Ugo Ouellette, Olivier Raymond et Mathilde Renaud.L’agencement de leur spécialisation respective en ingénierie — électrique, mécanique, biotechnologique et chimique — contribue à la réflexion de la conception technique du projet. Leur mandat ? Dimensionner, modéliser et établir une preuve de concept pour une chaîne de transformation adaptée aux besoins et aux contraintes du terrain. Ainsi, depuis les derniers mois, et pour les mois à venir, l’équipe PMC travaille sur le développement d’une machine de production de briquettes de biocombustible à base de coquilles de noix de cajous et d’arachides, laquelle pourra être reproduite une fois sur le terrain, en Côte d’Ivoire.
Fidèle à son approche interdisciplinaire, le GCIUS enverra sur le terrain une équipe de stagiaires rigoureusement sélectionnée. Elle est formée d’Albert Gaudreau, Cedrick Guertin, Fabien Kouamé et Valérie Morin. Issues de facultés et programmes différents, ces personnes étudiantes proviennent d’horizons variés et mettent leur expertise en matière d’environnement, d’administration, de politique et d’ingénierie à profit du projet CAJOUS. Ce groupe multidisciplinaire a pour mandat de valider la preuve de concept de même que de produire un cadre d’évaluation et de mesure des impacts en matière de développement durable.
Fêtant ses 20 ans d’existence en 2022, le GCIUS continuera d’offrir à la communauté étudiante des expériences professionnalisantes liant une multitude de domaines d’étude au monde de la coopération internationale. Pour s’informer sur la diversité d’activités qu’offre le GCIUS à l’international et sur le campus, rendez-vous au www.gcius.ca, ou suivez-nous sur nos pages Facebook et Instagram.
Crédit image @GCIUS