Par Sarah Gendreau Simoneau
Qui n’a pas entendu parler de la saga de Hockey Canada dans les dernières semaines ? L’organisation a été critiquée et pointée du doigt à la suite de l’explosion de plusieurs informations dernièrement. Voici un résumé des points importants.
Ce qui s’est passé avec Hockey Canada et les joueurs impliqués dans l’histoire a encore une fois mis en évidence des scandales de violences sexuelles qui soulèvent l’indignation partout. Les dirigeants tentent de s’expliquer, mais ce qu’il en résulte, c’est que le boys club est encore mal placé pour changer la donne en ce qui a trait à la culture toxique du silence et à l’absence de punition dans lequel il évolue.
Résumé des événements
Durant l’été 2018, après un gala de Hockey Canada, huit joueurs de hockey junior (certains de l’équipe nationale junior) auraient agressé sexuellement une jeune femme. C’est en avril 2022 que la présumée victime a lancé une poursuite au civil contre Hockey Canada, la Ligue canadienne de hockey ainsi que les huit joueurs pour un total de 3,5 millions de dollars.
Un mois plus tard, Hockey Canada a réglé le tout hors cour en proposant un arrangement à l’amiable pour permettre aux joueurs d’éviter un procès pour des crimes sexuels. Selon TSN, qui a d’ailleurs sorti la nouvelle, la plaignante aurait été satisfaite de cette conclusion. Des questions ont alors émané d’un peu partout, car Hockey Canada est financé en partie par le gouvernement. Aurait-il versé une compensation monétaire dans cet arrangement ?
En juin, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, accuse l’organisation de perpétrer la culture du silence à la suite des explications « décevantes », selon elle, provenant de Hockey Canada. Les joueurs de hockey visés par les allégations n’auraient rien payé du montant de l’entente, selon Scott Smith, président de la Fondation Hockey Canada.
La ministre St-Onge a ensuite suspendu l’attribution de fonds fédéraux à Hockey Canada à la lumière des témoignages de hauts dirigeants de l’organisation.
Le 14 juillet, les dirigeants de Hockey Canada ont reconnu leurs torts, trop peu trop tard, à cause de la pression des commanditaires et de la grogne populaire. L’enquête a été rouverte par rapport aux huit joueurs de l’équipe nationale junior de 2018.
Du même coup, l’organisation a confirmé qu’elle conserve un « fonds national d’équité » pour couvrir plusieurs dépenses liées aux initiatives de sécurité, de bien-être et d’équité à l’intérieur de celle-ci. L’organisation n’a pas cru bon divulguer cette information avant qu’elle ne sorte dans les médias, ce qui peut être discutable pour la future transparence dont elle souhaite faire preuve. Ce fonds ne serait désormais plus utilisé pour régler les affaires d’agressions sexuelles.
« Un plan d’action pour mettre fin à la culture du silence et aux comportements toxiques dans le monde du hockey » a été présenté par Hockey Canada le 25 juillet dernier. Les dirigeants ont comparu aux audiences du Comité permanent du patrimoine canadien, le 27 juillet, où il a été dévoilé qu’en 33 ans, 22 victimes d’agressions sexuelles se sont partagées jusqu’à 12,45 millions de dollars en dédommagement de la part de l’organisation.
Par la suite, Hockey Canada a engagé l’ancien juge de la Cour suprême Thomas Cromwell pour mener la révision de sa gouvernance. En même temps, les 13 fédérations provinciales et territoriales du pays, y compris Hockey Québec, demandent des comptes à Hockey Canada.
Le président du conseil d’administration d’Hockey Canada, Michael Brind’Amour, a annoncé avoir remis sa démission. La ministre des Sports, Pascale St-Onge, espère voir d’autres départs pour un scandale d’une telle ampleur.
Mardi dernier, l’avocate torontoise Andrea Skinner est nommée présidente intérimaire du conseil d’administration de Hockey Canada. « Elle assumera ce rôle jusqu’à la tenue de l’assemblée annuelle qui se tiendra en novembre », affirme Radio-Canada Sports.
Encore et toujours un boys club
Les démissions et les congédiements des têtes dirigeantes feraient partie de la solution. Est-ce suffisant ? Pas nécessairement. Le problème est plus sérieux. Il est systémique. La culture du hockey masculin serait à revoir, à changer. La masculinité toxique a souvent été dénoncée, mais ce n’est pas en quelques semaines que le tout sera renversé.
Le résultat des réponses des dirigeants de Hockey Canada est frappant : ils ne semblent pas saisir l’aspect systémique du grave problème duquel ils ont été complices. Scott Smith affirme qu’au final, leur objectif est d’éliminer les individus qui ont des comportements inappropriés. Le problème, il est là. Même si des plans d’action sont mis en place, que les formations sur l’égalité hommes-femmes sont bien présentes et que la prévention existe, « rien ne changera tant que l’on traitera les cas d’agressions sexuelles comme des faits isolés qui seraient dus à une poignée d’individus », selon La Presse.
« Les violences sexuelles et la misogynie sont profondément enracinées dans le hockey masculin », a rappelé un groupe pancanadien de 28 universitaires dans une lettre ouverte à la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge.
Selon ces universitaires, « des recherches ont montré que les agressions sexuelles, les abus et le harcèlement sont dus à une culture sportive du hockey fondée sur le principe de la victoire à tout prix, qui normalise la violence, l’agression, la consommation d’alcool, l’intimidation, le badinage sexiste et homophobe et l’humiliation des femmes et des personnes 2SLGBTQ+ ».