Un arc-en-ciel à l’horizon

Par Loui Gagner

Pour la plupart d’entre nous, il y a près de vingt ans que nous trimballons notre intellect à travers les institutions académiques. Ainsi paramétrés pour nous conformer au canevas proposé et reproduire l’entendement commun et admis de la réussite, on s’incline devant cette mécanique éprouvée : études, diplômes et travail. De surcroit, on nous demande avec une insistance croissante ce que l’on compte faire de nos vies. On s’attarde rarement à ce qui nous stimule ou à ce qui nous passionne ; on cherche à nous soutirer qu’une seule réponse dans laquelle se complaira l’entourage. Comme si une objection plurielle à cette question était taboue. Comme si parmi toutes les avenues envisageables, une seule cadrait au moule de nos aspirations professionnelles. Mais si celles-ci outrepassaient les limites du tracé carriériste dans lequel se confine parfois aveuglément l’écolier arrivé à maturité ?

À l’université

J’ai rencontré des rêveurs, des leaders, des artistes et des mentors aux talents multiples, de jeunes visionnaires qui renoncent aux bornes qu’on leur propose. J’entrevois sans difficulté ces collègues d’aujourd’hui comme les grands décideurs de demain ; ceux et celles qui, un jour, auront à trancher quant au nom à transcrire sur le chèque : celui d’une multinationale qui propose de cisailler le continent d’un pipeline ou celui d’un OBNL qui souhaite amorcer le grand nettoyage du Saint-Laurent et de ses berges ? Je vous laisse supposer laquelle des entreprises encaisserait les fonds.

Je trouve plaisir à me projeter dans ce futur rapproché, lorsqu’une version un tant soit peu flétrie de Guy A. accueillera sur son plateau ceux et celles que je côtoie aujourd’hui et dont tout le monde parle ; de jeunes gens qui soulèveront les débats et qui poseront de justes réflexions sur les enjeux qui nous préoccuperont ; des zélateurs de la culture locale qui verront à faire rayonner celle-ci sous toute la diversité par laquelle elle se manifeste ; des passionnés qui éduqueront la jeunesse dégourdie, une fratrie déterminée à surpasser les ambitions de ses prédécesseurs. J’ai hâte. J’ai hâte que la cloche sonne et qu’on sorte jouer dehors.

Qu’on fouette le mouvement

Lorsque nous aurons quitté les bancs d’école et que notre génération en sera à gagner sa vie, je souhaite au plus profond de moi que notre compréhension de cette expression figée dépasse largement le rang que nous occuperons individuellement au sein de la hiérarchie salariale. J’espère nous voir émancipés des cordages de cette étiquette qui amarrent au quai notre créativité, notre fougue et notre entêtement à nous surpasser. Je salue mes collègues qui parviendront à voguer dans les eaux de cet idéal ; j’envie mes confrères qui en feront profiter leur communauté.

Plusieurs diront que je conçois un futur très coloré et peu réaliste. D’autres se reconnaitront en ces lignes d’ici quelques années, non sans sacrifices. Aux premiers, je concède : mon daltonisme ternit quelque peu certaines teintes. Aux seconds, je conseille : ne laissez pas les premiers cracher sur votre arc-en-ciel, même si tout comme moi, vous ne percevez pas toutes les nuances qu’il révèle.


Crédit Photo @ Darcy Padilla

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