Par Delphine Grégoire-Gendron
Pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on peut faire demain? Voici le nom de la conférence que donnait Marie-Claude Poirier, psychologue et coordonnatrice de soutien à l’apprentissage, le 1er novembre dernier, à l’Agora du Carrefour de l’information. Pleins feux sur la procrastination, problématique qui habite plus d’un étudiant.
Qu’est-ce que la procrastination?
La conférence a débuté par un quiz auprès des auditeurs sur les mythes associés à la procrastination. Ce concept vécu par plusieurs étudiants n’est pas une maladie, nous a expliqué la conférencière. « Il s’agit plutôt d’un comportement appris », affirme Marie-Claude Poirier. L’invitée a présenté une définition de la procrastination selon Rita Emmet. « La procrastination équivaut à un jeu qui consiste à remettre à plus tard, à négliger, à oublier ce que vous aimeriez éviter de faire. »
La psychologue se lance ensuite sur une série de signes de la procrastination. Certains signes plus familiers auprès des spectateurs tels que les retards, les oublis, le fait de remettre à plus tard ou même la honte du peu de travail accompli sont parmi la liste des 25 signes de la procrastination. Cependant, certains signes ont pris les auditeurs par surprise : la procrastination semble s’attaquer non pas aux personnes paresseuses, mais plutôt aux perfectionnistes. Les étudiants ressentent une pression face au besoin d’accomplir tous les travaux parfaitement et ils sont donc plus susceptibles de devenir des procrastinateurs. « Les procrastinateurs évoquent souvent la peur d’échouer », ajoute-t-elle. La procrastination s’avère être un phénomène plus complexe qu’envisagé par la majorité. La conférencière le répétera à plusieurs reprises, tout problème a une solution et dans ce cas, le plus important est d’identifier les facteurs qui nous amènent à procrastiner.
Les trois facteurs à considérer lorsqu’on remet à demain
La première étape d’une solution efficace est l’identification de la cause de la procrastination. Plusieurs facteurs peuvent en être la cause. Marie-Claude Poirier les divise en trois grandes catégories. Le premier facteur est la caractéristique de la tâche. Si une tâche s’avère être désagréable, l’élève aura beaucoup plus tendance à procrastiner face au travail qu’il doit accomplir. Une tâche où la structure de travail est manquante, ou qui apporte trop de difficultés devient une forme de stress négatif, ressentie par une pression trop grande. « On a tous un coach à l’intérieur de nous qui nous dicte la bonne chose à faire, mais si le coach est trop sévère, trop exigeant, l’élève va vivre du stress négatif qui va lui donner envie de fuir ou de figer », explique-t-elle.
La réaction d’un étudiant peut être de figer devant la tâche et donc de procrastiner. Le deuxième facteur est la présence de peurs. En prenant l’exemple d’un travail scolaire, plus l’approche de la date de remise augmente, plus les standards de réussite qu’on s’attribue personnellement ont tendance à diminuer. Ceux qui craignent l’imperfection, l’échec ou qui ont peur d’être jugés ou de décevoir sont ceux qui ont le plus tendance à procrastiner. Le dernier facteur est le complice caché. La procrastination pour certaines personnes pourrait cacher un profond désir de s’opposer à l’autorité. Certains utiliseront cette habitude afin de résister à quelque chose ou à un environnement soit trop exigeant, soit trop peu encadrant. Une fois la cause de procrastination identifiée, il est temps de passer à la solution!
Les solutions clés en main
Plusieurs solutions s’offrent à l’étudiant souffrant de la procrastination. La psychologue commence par expliquer la méthode A-B-C. Il s’agit de venir simplement organiser les travaux ou les tâches à remplir selon le niveau d’urgence. De plus, il est suggéré de s’accorder du temps pour les pauses et d’user de rigueur afin de mettre les sources de distraction de côté comme le téléphone cellulaire ou les réseaux sociaux. Marie-Claude Poirier insiste sur le fait qu’il est important d’être capable de reconnaitre les temps morts ainsi que ce qui nous fait perdre du temps. Pour ceux qui se reconnaissent plus dans le facteur de peur, il est conseillé d’aller chercher du support et de modifier ses attentes afin qu’elles deviennent réalistes. Pour finir, ceux qui utilisent la procrastination comme source de confrontation devraient trouver un moyen de donner un sens aux tâches à faire, de choisir quand et comment les faire ainsi que d’apprendre à plus s’affirmer quotidiennement. « Être occupé ne veut pas dire être efficace. La vraie efficacité, c’est quelqu’un qui ne court pas partout », affirme la conférencière.
La conférencière conclut la présentation en rappelant aux étudiants que la procrastination n’est pas de la paresse. « Si vous procrastinez quelque chose, ce n’est pas de la paresse, ce n’est pas un manque de volonté, c’est beaucoup plus complexe que cela, il faut essayer de comprendre la cause et aller chercher de l’aide si nécessaire. »
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