Enfant, que rêviez-vous de faire plus tard?
Joueur de hockey, comme 110% des petits gars du Québec? Jusqu’à ce que vous réalisiez que vos talents de patineur s’arrêtaient là où vos tentatives de freinage commençaient.
Vétérinaire parce que, petite, vous étiez une amie-des-zanimaux et que vous vouliez tous les soigner? Jusqu’à ce que vous appreniez que le travail de vétérinaire, c’est aussi d’anesthésier des bêtes ou encore, d’enfoncer son bras loin, loin à l’intérieur d’une vache afin d’y extraire un veau pas trop mignon d’à peine 45 kilos.
Moi? Rien de tout ça. Peut-être est-ce à cause de ma surexposition à Tintin et ses aventures, mais toujours est-il que je rêvais d’être journaliste. Le problème, c’est que j’y rêve encore. C’est pourquoi je me suis inscrite dans le programme de communications à l’Université de Sherbrooke.
Par contre, vouloir être journaliste en 2014, c’est un peu comme un film muet en noir et blanc qui gagne l’Oscar du meilleur film à l’ère de la 3D et du Dolby digital surround sound. Un anachronisme.
Encore et toujours l’économie et la politique…
Mais, joie, je ne suis pas seule. Les cohortes d’étudiants en journalisme n’ont jamais été aussi importantes…et les perspectives d’emploi aussi sombres. Et ce, pour deux raisons: l’une économique et l’autre politique.
La première, c’est ce qu’on a appelé la crise des médias. À cause de l’avènement d’Internet, les médias traditionnels perdent peu à peu une partie de leur lectorat et de leurs revenus publicitaires. Résultat: les aspirants journalistes ont perdu une partie de leurs possibilités d’embauche et d’apprentissage (un exemple: la fin des stages à La Presse et à Radio-Canada il y a deux ans déjà). Vous le savez, chers étudiants. Trouver un stage dans une entreprise renommée est quelque chose de très difficile, car les grands noms qui peuvent engager des stagiaires sont assez rares, et le nombre de stagiaires engagés dans ces entreprises est limité.
Deuxième raison : avec les multiples compressions budgétaires annoncées par le gouvernement, la société d’État se voit obligée de se serrer la ceinture. Par conséquent, les entreprises ne remplacent plus les départs à la retraite et les stages d’été rémunérés sont suspendus depuis quelque temps déjà.
Devenir un vendeur de chars
Bref, vous l’aurez compris, de nos jours, l’aspirant journaliste se doit de saisir le peu d’opportunités qui se présentent à lui. Car il y en a peu. D’autant plus qu’il évolue dans un environnement pour le moins compétitif. Révolu le temps où untel se retrouvait dans le journalisme par hasard. C’est pourquoi, comme chaque vendeur de chars usagés qui se respecte, l’aspirant journaliste doit apprendre à vendre. Ou plutôt à se vendre.
Comment? En se faisant de nombreux contacts, en errant le plus souvent possible dans les couloirs de Radio-Canada, en participant à un journal étudiant…et bien sûr, en bloguant. Un aspirant journaliste vous demande comme ami Facebook? C’est seulement parce qu’il sait que votre belle-sœur travaille au Voir.
Je parle ici de journalisme, car c’est mon domaine d’études. Je suis, par contre, consciente qu’on doit se vendre, peu importe notre domaine dès notre sortie universitaire. Je voulais seulement vous dire ici de ne jamais lâcher vos aspirations et de toujours croire en vous. Oui, plusieurs bonnes choses arrivent à ceux qui s’y préparent et qui y mettent les efforts.