Par Filiz Margarete Yildirim
Qu’est-ce qu’un balayeur, la Grèce antique et un distributeur des aliments vegans ont en commun? Exact, ce sont tous des résultats des effusions créatives des joueurs rassemblés pour une autre fois sur la scène de la Ligue universitaire d’improvisation de Sherbrooke (LUIS).
Chaque mardi soir à partir de 20 h s’affrontent les trois équipes; bleus, verts et jaunes en alternance. La mission des 18 joueurs et joueuses est bien définie : stimuler les zygomatiques du public, ce qui semble être presque une mission sacrée pendant cette période de remise des travaux de session. Et quelle réussite! Après les cinq premières minutes, nous avons oublié les nuits blanches à venir.
Au cours de la soirée, il y a différentes formes d’improvisation variant en durée, en nombre de joueurs impliqués, mais aussi dans la manière dont les équipes s’affrontent. Ainsi, il se peut que le team bleu entier commence avec son interprétation du sujet « presque mort » donné par l’arbitre, alors que les verts s’assoient le dos tourné vers la scène jusqu’au moment où ils doivent intervenir et poursuivre l’histoire.
Tandis qu’une improvisation à deux peut créer de moments très intimes, des fois, la petite arène parait trop petite pour l’énergie extraordinaire des joueurs qui n’hésitent pas à monter les parois latérales sous danger de mort, à sauter, à faire le roulé-boulé, assoiffés d’applaudissements et de rires de la part du public.
Mais de temps à autre, la Petite salle du Centre culturel devient aussi un lieu qui nous fait réfléchir. Cette caricature du personnage qui préfère passer du temps à jouer solitaire et qui oublie ce que l’amitié et l’intimité apportent à nos vies finit finalement par ÊTRE solitaire.
Ici réside, depuis toujours, la force des genres humoristiques sous toutes leurs facettes : ils nous font éclater en rire avec ce petit goût amer en bouche quand on s’aperçoit que les acteurs et actrices reflètent aussi la réalité qui nous entoure.
Par contre, il est tout à fait légitime de juste nous amuser lorsque les deux charmantes déménageuses (oui, déménageuses) philosophent à savoir s’il est moralement défendable de déplacer ou non le calorifère, installé dans la maison il y a presque un siècle. Et il ne nous reste qu’à rigoler quand le calorifère se plaint du fait que personne ne lui a jamais donné un nom alors que lui aussi, il a des sentiments.
Suite à chaque improvisation, les spectateurs ont la possibilité de voter par main levée pour l’équipe qui a pu les convaincre, certainement pas avec les meilleurs arguments, mais avec la quantité de larmes versées.
Et puis, le voilà, après deux heures de divertissement, le moment tant attendu : qui est le winner de la soirée? Cette fois, les gagnants portent des chandails bleus et triomphent avec 9 contre 8 points sur les verts.
Est-ce que les bleus ont été honorés pour leur improvisation du sujet « vendredi macaroni »? Après tout, ils ont prouvé leur intrépidité lorsqu’ils ont sucé les macaronis aux légumes dans la cafétéria jusqu’à ce qu’ils les aient libérés de toute trace de légumes afin que la petite fille qui souffre d’une légumo-phobie puisse les manger.
En tout cas, si vous ne souffrez pas d’une phobie qui vous empêche de vous tordre de rire, je tiens à vous recommander d’aller assister aux spectacles de la LUIS, car ce n’est seulement ici qu’on se salue en latin. Ave!