Par Justine Danis
Le 2 décembre dernier, l’UTILE s’est déplacé à Sherbrooke afin de présenter son projet de construction d’un complexe de logements pour la population étudiante sous forme de portes ouvertes. UTILE c’est l’acronyme pour l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant. Se qualifiant d’entreprise d’économie sociale, sa mission vise à faire du logement un catalyseur de réussite pour la population étudiante, et ce, autant dans la conception, dans la construction que dans la gestion.
Le Collectif s’intéresse principalement à ce développement, puisqu’il touche directement la communauté étudiante de l’Université de Sherbrooke, mais aussi, car le Regroupement étudiant des maîtrise, diplôme et doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS) y a investi une somme considérable, soit 800 000$.
La Fédération des étudiants de l’Université de Sherbrooke (FEUS) s’est, quant à elle, retirée du projet en raison des négociations du contrat avec l’UTILE qui se sont avérés infructueuses. En effet, ayant imposé certaines conditions à l’organisme qui s’est vu incapable d’y répondre, le conseil d’administration a rejeté l’entente. De plus, l’Université de Sherbrooke ne s’est pas impliquée dans ce projet.
D’après l’UTILE, Sherbrooke compte environ 20 000 étudiants locataires. Dans cette région, le prix moyen d’un loyer pour un 4 et demi aurait augmenté de 17,5% entre 2021 et 2023.
On le dit souvent que Sherbrooke est une ville universitaire et c’est le cas, car non loin de 25% des locations sont occupées par la communauté étudiante. Environ 90% des universitaires sont locataires.
Afin d’en apprendre davantage sur ce complexe immobilier et, de ce fait, sur les renseignements transmis lors de cette soirée d’informations, Le Collectif s’est entretenu avec le directeur aux affaires politiques et externes du REMDUS, Nicolas Dionne.
La vision de l’UTILE
UTILE est un organisme à but non lucratif qui contribue à offrir du logement aux personnes étudiantes. L’UTILE possède une expertise, après avoir réalisé quatre immeubles dans les régions de Montréal, Québec et Trois-Rivières. Actuellement, trois complexes sont en phase de développement.
Cette entreprise immobilière s’est spécialisée dans une niche où la demande est forte, soit le logement abordable pour la population étudiante. Son objectif, inscrit sur le site web, est clair ; « … vers l’atteinte de son objectif ambitieux de loger 10 % de la population étudiante locataire. »
Un projet pionnier pour Sherbrooke
De prime abord, le projet qui avait été présenté au début de l’année devait comprendre un immeuble de 75 logements. Or, l’UTILE a dû augmenter le nombre d’appartements afin d’absorber des coûts additionnels, notamment ceux liés aux terrains.
L’immeuble sera situé sur le terrain vacant de la rue du Pacifique, tout près du Lac des Nations. Le directeur aux affaires politiques et externes au REMDUS explique que plusieurs tentatives de construction ont été essayées à même ce terrain, depuis plusieurs années, mais il n’y a pas eu de développement. On estime une vingtaine de minutes pour se rendre au campus à pied. L’immeuble sera d’une hauteur de six étages et comportera 180 logements. Parmi ces logements, il y aura 118 studios, conçus plutôt pour des occupations seules et le reste servira davantage pour de la colocation.
Grâce à la contribution du REMDUS, les personnes étudiantes faisant partie de ce regroupement, donc toutes les personnes au deuxième et au troisième cycles cotisants, auront la priorité pour les locations. Encore à ce jour, il est trop tôt pour parler de prix exact dans le cas du projet de Sherbrooke, rappelle Nicolas Dionne. Cependant, les prix des loyers dans les projets de l’UTILE sont généralement situés entre 10% et 20% en dessous des prix du marché. Ce prix réduit permettra en quelque sorte de pallier l’augmentation vécue depuis quelques années, comme mentionné plus haut.
De plus, il y aura la possibilité d’avoir une place de stationnement. Le plan est d’offrir 134 cases.
Le projet prévoit également des commodités pour les habitants. On parle d’espace commun comme une terrasse, car les appartements n’auront pas de balcon, une salle d’étude et un stationnement à vélos, par exemple.
Un constat très intéressant a été amené par Ivelina Nikoolova, directrice générale de la Fédération régionales des OBNL d’Habitation de la Montérégie et de l’Estrie. « Par ailleurs, le projet UTILE répondra aux besoins croissants de logement de la communauté étudiante, tout en libérant des appartements qui seront mis à disposition des ménages sherbrookois confrontés aux difficultés d’accès à un logement adéquat. »
Effectivement, en ce moment, la communauté étudiante habite dans les logements pouvant être abordables pour une portion de la population moins fortunée qui souffre de l’augmentation des loyers. Cette situation pourra être profitable pour plus d’un bénéficiaire.
Des questionnements sont survenus à maintes reprises par rapport aux personnes étudiantes graduées. On ne peut effectivement pas les éjecter du logement. Nicolas Dionne mentionne qu’il y a des clauses dans les contrats de location dans les immeubles de l’UTILE. Celles-ci permettront aux locataires qui ne sont plus à l’école d’avoir une zone de transition d’un an, avant de devoir quitter de bonne foi et de laisser la chance aux suivants.
Durant la soirée d’informations, plusieurs citoyens se sont déplacés pour véhiculer leur sentiment de désarroi. L’aspect de la vue est revenu à maintes reprises. Étant donné que l’édifice aura six étages, certains sont déçus de perdre une partie de leur vue sur le parc Jacques Cartier, sans parler d’une perte de valeur des propriétés qui seront cachées. D’autres sont plus soucieux, de la qualité de vie, du bruit, puisque plus de 180 personnes étudiantes y habiteront.
Le projet de l’UTILE est sur la bonne voie. « On a des signaux positifs du côté de la Ville. On continue d’avancer. On pense que d’avoir le pouls de la population et des élus, cela ne peut que donner de meilleures chances au projet », affirme la directrice des affaires publiques de l’UTILE, Élise Tanguay.
Source: UTILE