Le parc du Mont-Bellevue obtient son statut de réserve naturelle 

Par Mathilde Aylwin  

Grâce aux démarches de l’UdeS et de la Ville de Sherbrooke, le parc du Mont-Bellevue est reconnu comme réserve naturelle à perpétuité. 

À quelques pas de l’Université de Sherbrooke (UdeS), un projet majeur a récemment vu le jour. Le parc du Mont-Bellevue, véritable joyau naturel en plein cœur de la ville, possède désormais comme réserve naturelle à perpétuité. 

Cela fait sept ans que l’UdeS et la Ville de Sherbrooke, propriétaires respectifs de 75 % et de 25 % du parc, ont entamé les démarches pour concrétiser cette initiative. 

Les exigences de la réserve naturelle 

Il y a plusieurs années, alors que le milieu se développait très rapidement, le statut de parc municipal semblait ne plus suffire pour protéger le parc du Mont-Bellevue. Craignant ne pas répondre aux exigences de la réserve naturelle, la Ville de Sherbrooke n’a pas intégré sa portion de propriété à la réserve naturelle. Toutefois, elle collabore étroitement avec l’UdeS et le Regroupement du Parc du Mont-Bellevue (RPMB) pour appliquer les mesures de conservation exigées par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MLCCFP). L’une de ces exigences étant que 75 % du territoire reste à l’état naturel, non modifié par l’humain. 

Conformément à la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, le statut de réserve permet à l’UdeS de conserver la propriété du milieu tout en garantissant sa protection. L’objectif principal est de préserver la biodiversité tout en maintenant l’accès aux citoyens. De plus, l’UdeS souhaite conserver la vocation pédagogique du parc, aussi bien pour l’enseignement que pour la recherche. 

Ce statut de conservation, le plus élevé au Québec, a obligé la Ville et l’UdeS à réviser l’aménagement des sentiers, à uniformiser les panneaux de signalisation et à finaliser les infrastructures. L’UdeS a investi 400 000 $, grâce à des dons, pour compléter les travaux avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles, parce que depuis le 8 octobre, on ne touche plus à rien ! 

Les défis de la conservation 

Le parc récréotouristique de seulement 2 km² abrite une biodiversité remarquable, avec environ 400 espèces floristiques et 100 espèces fauniques, dont 70 % sont des oiseaux. On y trouve aussi dix espèces à statut particulier, comme la salamandre sombre du nord, plusieurs chauves-souris, l’ail des bois et la tortue des bois. Le parc compte deux sommets, le Mont-Bellevue, où se trouve la fameuse croix lumineuse et les pistes de ski, et le Mont J-S Bourque, une zone écologique plus sensible au nord-est. 

Or, le parc subit des pressions anthropiques importantes en raison de la fréquentation élevée par les marcheurs, cyclistes, skieurs et tireurs à l’arc. Chaque sentier est déterminé par des experts pour en minimiser les impacts. Les sentiers non officiels, quant à eux créés par le passage répétitif des visiteurs, menacent l’intégrité du parc en fragmentant les habitats fauniques et en accentuant l’érosion du sol. « Je vois fréquemment des gens utiliser ces sentiers illégaux, c’est vraiment désolant », déplore Emma Bursey, patrouilleuse en environnement pour le RPMB.  

Par ailleurs, l’absence de prédateurs naturels comme les loups gris ou les carcajous entraîne une surpopulation de cerfs de Virginie. Ceux-ci préfèrent ces sentiers illicites pour se déplacer et brouter la végétation herbacée, ce qui participe à la dégradation du parc. Bref, ça peut sembler superficiel, mais rester sur les sentiers aménagés est un geste significatif que l’on puisse poser pour protéger cet environnement naturel.  

De plus, notre proximité avec la réserve est exceptionnelle, car il est rare qu’une réserve naturelle universitaire soit si près d’une université. Non seulement le parc du Mont-Bellevue est près de l’UdeS, mais il se situe également en plein centre d’une ville très vivante. Un enjeu de sa conservation est donc le suivant : concilier la protection des zones sensibles, avec la nature cyclique et dynamique des villes.  

D’ailleurs, les sommets J-S Bourque et Bellevue subissent fréquemment de la pollution sonore. Les activités extérieures comme les 5@8, les matchs du Vert et Or, La Fête du Lac des Nations et autres événements génèrent des impacts significatifs sur la faune. C’est sans compter l’expansion urbaine, les déchets laissés par les visiteurs et la création d’entrées non officielles. Autant que la localisation de la réserve est un avantage pour les étudiants et les citoyens qui ont un accès gratuit et illimité, elle présente son lot de défis. 

Une concertation exemplaire 

Le RPMB a été mandaté pour coordonner une table de concertation appelé de l’Alliance, regroupant les différents acteurs concernés par le parc, incluant des usagers, des associations, des écoles et des clubs sportifs. « Pour que ce projet réussisse, il faut que les utilisateurs en fassent partie », affirme Patrice Cordeau. Bien que cela ne soit pas la méthode la plus simple et rapide, c’est la plus durable.  

Durant les dernières années, l’Alliance s’est rassemblée à plusieurs reprises, afin de concerter les différents points de vue et d’arriver à des ententes malgré l’opposition. Par exemple, plutôt que d’interdire un sentier non officiel utilisé par des résidents du Montagnais, l’UdeS a décidé de l’intégrer officiellement. Selon M. Cordeau, le processus de concertation des utilisateurs deviendra un cas d’exemple pour les futurs projets de conservation au Québec. 


Crédits: Michel Caron UdeS & Emma Bursey

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