Par Dorian Paterne Mouketou
Le temps des fêtes sonne et nous avons déjà envie d’échapper à nos examens et à nos travaux de fins de session. Les vacances de Noël sont grandement appréciées par les étudiants. Peut-être parce que nous pouvons arrêter de courir partout, peut-être parce que nous avons l’impression de ne plus avoir de vie sociale en tant qu’étudiantes et étudiants. Pourquoi donc?
Avez-vous déjà pris quelques minutes pour écouter une émission, profiter d’un bon latté ou ne rien faire tout en vous sentant coupable? Coupable de ne pas être en train d’étudier, de faire vos travaux de session ou de planifier des devoirs? Coupable de juste avoir le droit de vous arrêter, de vous reposer et de vous ressourcer? Eh bien, moi aussi! Mes amis aussi. Tout porte à croire que la majorité des membres de la communauté étudiante ressentent ce sentiment de culpabilité.
Quand on est étudiant, ce sentiment s’appelle la procrastination. Du moins, on veut imposer l’idée que le fait de se reposer ou d’avoir une vie sociale, simplement, c’est de renoncer à nos obligations et responsabilités en tant qu’étudiantes et étudiants. Ne vous inquiétez pas : aucune entité n’est derrière cette imposition. C’est plutôt notre système scolaire et le choix de nos professeures et professeurs au moment de monter leurs plans de cours qui nous imposent cette réalité.
La procrastination, c’est avoir une vie sociale! J’avoue que le concept peut soulever des questions, mais je ne suis pas le seul à m’interroger sur cette question. Force est de constater que beaucoup d’étudiants abandonnent certaines activités (sport, lecture de romans, sorties au cinéma ou au théâtre) pour s’impliquer entièrement dans leurs études. Quel est donc le problème? Est-ce inquiétant pour la santé mentale – peut-être physique pour certains – des étudiantes et étudiants?
Une problématique réelle pour les étudiants
Lors de la dernière conférence sur la procrastination que notre équipe a couverte, on nous disait que « la procrastination équivaut à un jeu qui consiste à remettre à plus tard, à négliger, à oublier ce que vous aimeriez éviter de faire ». Mais la vraie procrastination des étudiants, c’est de simplement prendre une pause. Une pause qui souvent nous donne l’impression de manquer à notre devoir d’étudiante et d’étudiant, simplement parce qu’on ne fait pas sur le moment ce qu’on est censés faire. Comme si on n’avait pas le droit de juste s’arrêter.
Plusieurs études, surtout des sondages auprès des étudiants, ont montré que certains profils succombent à la surcharge de travail demandé par les professeurs. Un sondage révélait en 2012 qu’un étudiant en médecine sur cinq a déjà pensé au suicide. D’autres études ont récemment relevé que les étudiants ont du mal à s’adapter sur le marché du travail, causant ainsi des burn-out chez certains. L’épuisement étudiant est également abordé par des psychologues. Marcel Bernier, psychologue, écrivait :
« On croit d’emblée que [leur] situation universitaire est plus facile que celle d’un travailleur ou d’une travailleuse parce qu’elle comporte moins de responsabilités personnelles et professionnelles. Cependant, même si leurs priorités sont différentes, leurs préoccupations n’en sont pas moins importantes. »
Nous ne sommes pas les seuls
Un article du journal Le Monde titrait en 2016 « Les étudiants plus stressés, déprimés et isolés en 2016 ». Un titre super enthousiaste pour les étudiants, me suis-je dit… Sans doute parce que beaucoup de gens allaient se reconnaitre dans cet article. Même en Europe, no one is safe! Finalement, c’est un problème mondial, faut-il croire. Étudier des cahiers de notes de 200 pages en histoire, en mathématiques ou en biologie en vue des examens finaux, tel était mon parcours d’élève de lycée au Congo. Dans les pays où les systèmes d’éducation sont les plus médiocres, les étudiants sont le plus à risque de ne pas endurer leurs études. Les décrochages scolaires pour des causes de difficultés touchent donc tout le monde.
Sans vouloir ajouter plus de pessimisme sur le sort des étudiantes et étudiants, il est important de souligner qu’une chose motive nos efforts, et cette chose, c’est la réussite. C’est pour elle qu’on se lève tous les matins. C’est dans la visualisation de la réussite qu’on trouve la force de performer davantage. Aussi faut-il rappeler qu’il y a des étudiants qui s’en sortent bien quant à la charge de travail requise par les professeurs. Certains réussissent à garder un équilibre de vie, à faire des activités sportives et à organiser quelques sorties de temps en temps.
Solidaire avec toutes les étudiantes et tous les étudiants de l’Université de Sherbrooke, votre journal étudiant, Le Collectif, vous souhaite un excellent temps des fêtes. C’est l’occasion de profiter des moments chers en famille sans s’accuser de procrastination ou de paresse.
Joyeux Noël à toutes et à tous !
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