Par Meg-Anne Lachance

L’ex-première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a été condamnée à mort, lundi dernier, pour crime contre l’humanité, commis lors des manifestations ayant mené à son renversement à l’été 2024. Exilée en Inde, la femme de 78 ans dénonce un verdict « politiquement motivé ».
Cinq mois après le début du procès, un tribunal de la capitale Dacca a finalement reconnu Sheikh Hasina coupable de crime contre l’humanité, après qu’elle ait incité et ordonné des meurtres. « Tous les éléments […] constitutifs du crime contre l’humanité sont réunis. Nous avons décidé de lui infliger une seule peine, la peine de mort », a déclaré le juge Golam Mortuza Mozumder lors de la lecture du verdict le 17 novembre dernier.
L’ex-première ministre a aussitôt accusé les juges d’« un tribunal illégal, nommé et présidé par un gouvernement non élu et sans mandat démocratique » d’avoir rendu un jugement « politiquement motivé ». « Ce verdict de culpabilité était préétabli », a-t-elle dénoncé par communiqué.
La peine capitale avait été réclamée par Tajul Islam, l’avocat représentant l’accusation, en octobre dernier. L’ex-ministre de l’Intérieur a également reçu le même jugement. « Pour un simple meurtre, la peine de mort est la règle. Pour 1400 meurtres, elle la mérite 1400 fois. Elle est une criminelle endurcie et n’a fait preuve d’aucun remords pour sa brutalité », avait déclaré l’avocat lors du procès.
Le ministre de la Justice, Md Asaduzzaman, a qualifié ce verdict d’« exemplaire » et le chef du gouvernement provisoire, Muhammad Yunus, de « verdict historique ». Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de la personne a de son côté rappelé qu’il s’opposait « en toutes circonstances » à la peine de mort, regrettant l’annonce de cette décision. Une de leur porte-parole, Ravina Shamdasani, a toutefois reconnu que ce procès était « un moment important pour les victimes des graves violations commises lors de la répression des manifestations l’année dernière ».
Une répression sanglante
« Les dirigeants du Bangladesh ont agi de bonne foi et avec le souci de minimiser les pertes en vies humaines », a réaffirmé Sheikh Hasina.
Dans son communiqué, Mme Hasina rejette les enregistrements laissant entendre qu’elle avait permis l’usage d’« armes létales » contre la foule. Selon elle, ces « fragments » d’enregistrements « ont été sortis de leur contexte ». En juillet et août 2024, le Bangladesh s’était retrouvé la proie de manifestations monstres réclamant la fin du système de quota au sein de la fonction publique. Principalement mené par les étudiants, le mouvement contestataire avait rapidement tourné en émeute. La répression violente des autorités locales a mené aux décès de 1400 personnes et au renversement du gouvernement de Sheikh Hasina, en place depuis quinze ans.
L’invasion de sa résidence par les personnes manifestantes avait poussé la première ministre à quitter d’urgence le pays par hélicoptère, à destination de l’Inde. Averti du jugement, le ministre indien des Affaires étrangères a assuré que son pays avait « pris note du verdict prononcé », réitérant l’engagement de l’Inde « en faveur des intérêts du peuple bangladais ».
Crédit : Delwar Haussain

Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!
