Voltigeurs et Phoenix : une autoroute, deux réalités 

Par Amélia McGuire St-Onge 

Le Phoenix de Sherbrooke tente le tout pour le tout et suit à la lettre son mandat, soit d’être compétitif à chaque saison, et ne semble pas vouloir suivre le cycle non écrit de reconstruction. 

L’une tente d’aller jusqu’au bout pour une deuxième année consécutive ; une première dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec, depuis les Sea Dogs de St. John en 2011 et 2012. L’autre se conforme à la règle non écrite du cycle de hockey junior canadien. La réalité des Voltigeurs de Drummondville et celle du Phoenix de Sherbrooke sont bien différentes, même si les deux équipes sont seulement séparées par l’Autoroute 55 Nord et une quarantaine de minutes en voiture. 

Les Voltigeurs ont pris la décision – controversée – de ne pas liquider à la dernière période des échanges dans le circuit Cecchini. L’équipe croit encore en ses chances de répétition en remportant les grands honneurs. Pourquoi ce choix alimente les discussions? Parce que si le plan des Voltigeurs échoue, la reconstruction sera longue. Très longue. Le directeur général, Yanick Lemay, n’a plus de munition entre les mains. Les attaquants de 20 ans, Luke Woodworth et Sam Oliver, respectivement premier et deuxième meilleurs compteurs des leurs, quitteront le navire cet été, après avoir complété leur stage junior. Le même scénario attend Riley Mercer devant les buts. Le nom d’Ethan Gauthier, 19 ans, pourrait également s’ajouter à la liste. Même s’il est plus jeune, la possibilité que le choix de deuxième tour du Lightning de Tampa Bay en 2023, 37e au total, évolue chez les professionnels en 2025-2026 est grande.  

Après avoir dégarni leur banque de choix et d’espoirs, les temps seront difficiles à Drummondville. Mais dans les cas où l’équipe serait couronnée à nouveau, le pari en aura valu la chandelle. Néanmoins, les Voltigeurs ne sont plus considérés comme favoris. L’Océanic de Rimouski, hôte du prochain tournoi de la Coupe Memorial, et les Wildcats de Moncton ont fait le plein. Mais rien n’est encore joué. 

Apprendre à gagner 

En Estrie, le Phoenix de Sherbrooke se renouvèle, passage obligé de chaque équipe dans la Ligue canadienne de hockey. Après avoir atteint le carré d’as en 2022 et 2023 sous la gouverne de Stéphane Julien comme pilote d’office, les Oiseaux sont maintenant menés par un autre entraîneur d’expérience, Gilles Bouchard. Mais la formation sherbrookoise ne semble pas vouloir faire comme les autres. 

À l’aube d’une saison difficile l’an dernier, le Phoenix s’est qualifié pour le deuxième tour des séries éliminatoires. Et il n’est pas exagérer de dire que sans les performances de Riley Mercer devant le filet, les Voltigeurs auraient été dans l’eau chaude. La logique a tout de même été respectée comme il se doit. Drummondville l’a emporté en six matchs dans une guerre de tranchée. 

Était-ce qu’une saison feu de paille? 

Le Phoenix a transporté ce succès dès les débuts du calendrier régulier en septembre dernier. Quatre mois plus tard, la troupe de Gilles Bouchard est au troisième rang de sa division, presque nez-à-nez avec les Cataractes de Shawinigan. Même si Sherbrooke a une fiche nulle de 4-4-2 à ses dix derniers matchs, l’équipe ne se fait pas déclasser, et ce, malgré des absents importants en raison de blessure et le départ de joueurs clés. 

Le Phoenix a vendu Lewis Gendron aux Eagles du Cape Breton, en plus de refiler l’attaquant Maxime Côté aux prétendants Wildcats. Deux pièces importantes quittent le navire. Thomas Rousseau et Charles-Antoine Beauregard sont toujours sur la touche.  

Or, le Phoenix n’a pas seulement liquidé au cours de la période des échanges. L’état-major a mis la main sur l’attaquant recrue, Jayden Plouffe, des Saguenéens de Chicoutimi. La recrue, choisie au sixième rang du dernier repêchage de la LHJMQ, se greffe au noyau de jeunes joueurs. Il a l’opportunité de grandir à Sherbrooke. Olivier Lampron, acquis l’an dernier du Drakkar de Baie-Comeau, fait aussi partie de ces projets de réclamation. Le meilleur coup du Directeur général? Soutirer le jeune gardien Kyan Labbé au Sea Dogs de St John contre un maigre choix de troisième tour.  

Le portier de 17 ans a déjà exprimé son désir de jouer dans les rangs universitaires et ce changement de scénario lui permettait de se rapprocher de la maison. Devant la cage, il est imposant malgré son jeune âge. Labbé a mené les Cantonniers de Magog au dernier championnat dans le circuit M18.  

Tout comme les Voltigeurs, le chemin du Phoenix n’est pas linéaire. À plus petite échelle que ses rivaux quand même, Sherbrooke n’a pas vendu Israel Mianscum et Samuel St-Hilaire l’an dernier pour demeurer un brin compétitif. Le Phoenix aurait pu obtenir de hauts choix pour les deux vétérans, le premier ayant terminé au cinquième rang pour le championnat des marqueurs.  

Cette décision entraîne des conséquences : le Phoenix possède beaucoup moins de choix que les Remparts de Québec par exemple, aussi en reconstruction. Mais l’organisation suit à la lettre son mandat, soit celui d’être compétitif à chaque saison, tout en préparant l’avenir. Pour le moment, rien ne va à l’encontre des dires du Directeur général, Philippe Sauvé. Est-ce que ce sera la bonne décision à long terme? Les prochains mouvements du Phoenix dicteront assurément la suite des choses.  


Source: Getty Images

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