Par Émilie Oliver

Alors que plusieurs tentent de jongler avec la réalité étudiante, certains réussissent à y ajouter la pratique compétitive d’un sport au sein du Vert & Or. Cela dit, très peu sont en mesure de combiner leur horaire de personne étudiante, en plus de faire partie de deux équipes universitaires. Il s’agit du cas d’Amina Sehidou, étudiante de première année au Certificat en sciences de l’activité physique appliquées à l’entraînement sportif.
En étant seulement à sa première année à l’Université de Sherbrooke, Amina a décidé de se lancer un défi de taille : poursuivre des études universitaires, faire partie de l’équipe de cheerleading Vert & Or et faire partie de l’équipe de rugby féminin au Vert & Or.
Des passions grandissantes depuis 2015
C’est en 2015 qu’Amina a découvert le cheerleading à l’école secondaire. Alors qu’elle avait « toujours été attirée par la gymnastique et les acrobaties », elle s’est lancée dans cette nouvelle aventure qu’elle n’a jamais cessé depuis.
Pour Amina, la découverte du rugby s’est faite un peu plus tard, par l’entremise d’une amie. « C’est une de mes amies qui m’avait conseillé d’essayer le rugby, elle qui avait entendu que c’était vraiment amusant. L’aspect physique du contact m’avait un peu fait peur, au début, mais j’ai rapidement eu la piqûre et je n’ai jamais cessé depuis, sauf pour ma blessure », explique-t-elle. D’ailleurs, après les deux années d’arrêt forcées par une déchirure au ligament, Amina est rapidement retournée au jeu. « Ça faisait deux ans que j’attendais ce moment et je suis vraiment fière d’avoir traversé cette épreuve, en plus d’avoir pu faire un retour au jeu complet. »
Après l’école secondaire, elle a poursuivi sa passion du cheerleading au Cégep de Sherbrooke lors de ses études en Techniques en soins infirmiers. Malheureusement, elle n’a pu faire partie de l’équipe de rugby, en raison de sa blessure au genou.
Beaucoup de réflexion avant de se lancer à l’université
« Je savais que je souhaitais poursuivre mes études, mais je ne savais pas si je voulais continuer pendant longtemps. Par contre, c’était important pour moi de poursuivre et de faire au moins une année universitaire. C’est un beau défi que je me suis lancée et je suis heureuse de me dire que je réussis à tous les jours », mentionne-t-elle.
Comme plusieurs étudiants-athlètes, le défi de concilier les études et le sport était une motivation additionnelle pour passer au niveau supérieur. « C’est ce qui m’a donné la motivation supplémentaire pour continuer mes études quand je doutais si c’était la voie que je voulais prendre », explique l’étudiante-athlète.
Des sacrifices à faire pour y arriver
Évidemment, il n’est pas possible d’être partout en même temps. « Par moments, c’est dommage parce que j’aimerais tout faire, mais je dois prioriser la récupération et le temps à consacrer à mes études », explique-t-elle.
Par exemple, les bourses permettent à Amina d’assurer une stabilité financière dans sa vie, puisque les deux sports combinés demandent trop de temps pour être disponible au travail. « Une chance d’avoir accès aux prêts et bourses, parce que les 10 ou 15 heures par semaine que les personnes étudiantes passent généralement au travail, je les mets rapidement dans l’entraînement ou dans toute autre implication reliée au sport, dans mon quotidien », raconte-t-elle, reconnaissante.
Amina peut également se réjouir de la souplesse de ses entraîneurs respectifs, bien que le cheerleading, par l’aspect interdépendant de chacun dans les chorégraphies, est moins propice aux absences. Cela dit, les entraîneurs des deux sports contribuent à alléger son horaire, ou combinent certains entraînements, notamment la musculation en salle. « Je suis chanceuse de pouvoir profiter de rencontres individuelles avec mes entraîneurs pour clarifier les attentes et les compromis qui peuvent être faits pour me permettre de combiner mes deux passions », explique l’athlète.
De son côté, l’entraîneur-chef du Vert & Or Rugby Féminin, Kevin Ratté, souligne les bienfaits de la pratique sportive de plusieurs disciplines. « Les athlètes faisant deux sports ou même plusieurs sports ont plus de chances de continuer à faire du sport, mais aussi d’être moins affectés par les blessures, notamment les blessures d’usure », développe-t-il. « En sachant ça, c’est certain qu’on ajoute un défi au niveau de la gestion d’horaire, puisqu’on souhaite l’engagement et l’implication de tout le monde, surtout pendant la saison. Cela dit, je pense que des choses sont ajustables, surtout quand on priorise des sports dont les saisons ne tombent pas en même temps », ajoute-t-il.
M. Ratté soutient également qu’il est important d’être particulièrement vigilant face au surentraînement, aspect sur lequel l’athlète et l’entraîneur semblent être en accord. « Je prends le temps nécessaire pour ma récupération, le temps de m’étirer et d’investir les efforts nécessaires pour faire attention à mon corps, parce que ça dérape rapidement avec un volume aussi élevé », révèle l’athlète.
Au total, l’horaire d’Amina comprend pratiquement huit entraînements par semaine, s’étalant du dimanche au vendredi. Une chose est certaine : l’aspect social est comblé en faisant partie de deux équipes universitaires.
Somme toute, Amina souligne qu’elle rencontre des difficultés qu’elle estime normales dans la gestion du temps. Cela dit, la discipline nécessaire pour concilier études, sport, vie sociale et autres aspects du quotidien lui procurent un sentiment d’accomplissement « incroyable ». À la question de savoir si elle recommanderait un style de vie comme le sien, l’athlète de 23 ans répond en riant : « Je ne sais pas si je le recommande, mais je ne déconseille pas, ça c’est certain! La clé, c’est de faire des concessions et de faire des compromis, mais c’est certain que je ne regrette pas mon choix ».
Crédits: Émilie Oliver