Le tournoi des 6 nations : impact sur le rugby au Canada 

Par Émilie Oliver 

Même si le Canada ne participe pas au tournoi des 6 nations, il va sans dire que cette compétition historique laisse ses traces sur le rugby canadien. 

Le tournoi des 6 nations, un des plus grands tournois de rugby au monde, existe depuis 1882. Cela dit, avant d’être le tournoi des 6 nations, c’était le tournoi des 5 nations; 4 nations avant cela, ou Home Nations Championship. Ce n’est qu’en 1910 que la France a été admise, alors que l’Italie a rejoint le tournoi en 2000. Même si la compétition a lieu outre-mer et que le Canada n’y participe pas, il va sans dire que cette compétition historique laisse ses traces sur le rugby canadien.  

Par ordre d’apparition, voici les 6 nations qui s’affrontent au sein du tournoi : le pays de Galles, l’Angleterre (décembre 1882), l’Écosse (janvier 1883), l’Irlande (février 1893), la France (janvier 1910) et l’Italie (février 2000).  

Historique du tournoi 

Étant à la base une confrontation entre le pays de Galles et l’Angleterre, le tournoi s’est rapidement ouvert aux quatre nations des Îles Britanniques. Depuis l’an 2000, ce sont 6 nations qui s’affrontent chaque année, sur cinq semaines de confrontations. Fait intéressant : pour ce tournoi, l’horaire des matchs est prédéterminé et est toujours le même, selon si l’année en cours est un chiffre pair ou impair. En fait, les équipes affrontent toujours la même nation lors de chaque semaine de jeu, seul l’endroit du match diffère. Par exemple, en 2024, lors de la première semaine de compétition, l’Angleterre visitait l’Écosse; en 2025, c’était l’Écosse qui était de passage en Angleterre. 

Les nations s’affrontent pour remporter le trophée du tournoi, qui est en forme d’hexagone (chaque face symbolisant une nation) et composé de 7 kg d’argent. Du même coup, les nations tentent également de ne pas remporter la cuillère de bois, un anti-trophée, décernée soit à l’équipe qui a perdu tous ses matchs ou à celle qui finit dernière au classement général. 

Un héritage culturel partagé 

Le tournoi des 6 nations est un incontournable pour tout amateur de rugby canadien, puisqu’il oppose les meilleurs athlètes du rugby en Europe, alors que les 6 nations participantes sont dominantes sur la scène internationale. Dans les provinces canadiennes à forte tradition britannique, comme la Colombie-Britannique ou l’Ontario, les clubs de rugby entretiennent souvent des liens avec leurs homologues britanniques. Ces relations se manifestent souvent par des échanges réguliers, des tournées amicales et parfois même des jumelages officiels. À Sherbrooke et au Québec en général, c’est davantage avec certains clubs français ou belges que les échanges ont lieu, créant une dynamique et des liens uniques entre les athlètes de rugby.  

Des opportunités tactiques et techniques 

Quoi de mieux qu’un tournoi de cinq semaines opposant les meilleures équipes européennes pour soutirer des stratégies rugbystiques? Pour les stratèges du rugby canadien, le tournoi des 6 nations représente une mine d’or : les styles de jeu sont variés, de nouvelles stratégies sont mises de l’avant et changent, par le fait même, les manières de jouer et d’enseigner le rugby au Canada.  

D’ailleurs, rares sont les entraîneurs qui ne profitent pas de cette occasion pour décortiquer les phases de jeu, les stratégies de touche, les systèmes défensifs et les mouvements offensifs des équipes s’affrontant au tournoi de 6 nations. À Sherbrooke, à chaque semaine, les équipes de rugby et leurs entraîneurs sont devant leurs écrans pour en tirer le plus possible : divertissement et stratégie. 

Le parcours des joueurs canadiens en Europe 

L’un des impacts les plus tangibles du tournoi des 6 nations sur le rugby canadien se manifeste à travers le parcours des joueurs qui évoluent dans les championnats européens. Ces athlètes, immergés dans l’environnement rugbystique des 6 nations, acquièrent une expérience précieuse qu’ils peuvent ensuite mettre au service de l’équipe nationale canadienne. 

À leur retour en sélection nationale, ces joueurs apportent non seulement leurs compétences techniques améliorées, mais aussi une compréhension approfondie des standards internationaux et des exigences du rugby de haut niveau. 

Développement structurel du sport 

Bien que le tournoi des 6 nations ait des impacts importants au niveau purement sportif, le modèle organisationnel de la compétition inspire également les structures administratives du rugby au Canada. La gestion de l’événement, l’engouement pour le tournoi ainsi que l’équilibre entre tradition et innovation constituent des modèles à suivre pour le sport canadien. 

D’ailleurs, les Séries du Pacific Four au niveau féminin, opposant le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, organisé par World Rugby, est un tournoi plus récent mais au format similaire, qui a très bien fonctionné et duquel le Canada est sorti vainqueur l’an dernier. 

La structure sportive européenne alimentée par une forte densité de clubs amateurs représente un modèle vers lequel le Canada tend à évoluer. Les programmes de détection et de formation des jeunes talents servent également de référence pour le développement du rugby junior au Canada. La mise en place d’un tournoi provincial entre les équipes Québec Est et Ouest, ainsi qu’Ontario Est et Ouest, auquel quelques joueuses de l’Estrie ont participé dans les dernières années, constitue également une retombée de ce modèle de structure sportive.  

L’impact médiatique et la visibilité du rugby 

Il est clair que l’attention des Canadiennes et des Canadiens est tournée en grande majorité vers les quatre ligues majeures de sport nord-américains : la NBA, la LNH, la MLB et NFL. Cela dit, le partenariat officiel de rugby Canada avec TSN jusqu’en 2029 permet la diffusion des plus grandes compétitions internationales sur les écrans canadiens et contribue significativement à accroître la visibilité du rugby. 

Bien que les règles de ce sport inconnu de plusieurs puissent paraitre compliquées, cette exposition médiatique régulière aide à familiariser le public canadien au charme du rugby international. Pour une population majoritairement novice en matière de rugby, ces diffusions constituent une initiation accessible et attrayante, présentant le sport sous son meilleur jour, avec le dynamisme et le spectacle propres au tournoi des 6 nations. 

La notoriété dont pourrait bénéficier le rugby au Canada est d’ailleurs très établie en Europe, alors que le tournoi des 6 nations ne cesse d’augmenter en popularité. D’ailleurs, en 2015, les confrontations entre les 6 nations ont attiré en moyenne 72 000 spectateurs par rencontre disputée. Cette moyenne plaçait d’ailleurs le tournoi devant les parties de la National Football League (NFL) avec une affluence moyenne de 68 400 spectateurs lors de la même saison.  

Transposer cet engouement outre-mer pourrait sans doute donner la poussée supplémentaire nécessaire pour propulser le Canada vers de nouveaux sommets dans les prochaines compétitions internationales.  


Source : Tournoi des 6 nations

Émilie Oliver
Cheffe de pupitre SPORTS ET BIEN-ÊTRE at Journal Le Collectif  sport.lecollectif@usherbrooke.ca  Web   More Posts

Sportive depuis son plus jeune âge, Émilie a à coeur la santé, le sport et le bien-être. Elle a obtenu son baccalauréat en communications appliquées en 2021 tout en étant étudiante-athlète auprès du V&O Rugby. Elle poursuit ses études au certificat en langues modernes. 

Fervente des sports émergents, elle s’efforce de porter l’attention de la communauté étudiante vers les nouvelles disciplines, tout en mettant en lumière les sports établis et populaires. Elle est fière de pouvoir mettre son grain de sel à la section Sports et Bien-être depuis déjà quelques années. 

Scroll to Top