Violence scolaire : « Il faut que ce soit pris au sérieux » 

Par Meg-Anne Lachance 

Les cas de violences envers le personnel enseignant ont augmenté de 20 % en moins de cinq ans. 

Les élèves s’en prennent de plus en plus au personnel scolaire. Les cas de violences envers les enseignantes et enseignants ont augmenté de 20 %. Bien que fortement présent au secondaire, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) signale sa présence qui va de la petite enfance aux études supérieures.  

D’après les données les plus récentes de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), le nombre d’employés victimes de violence dans le secteur de l’éducation a grimpé de 20 % au cours des cinq dernières années.  

L’an dernier, près de 300 personnes ont été touchées, dont la grande majorité travaillait dans des écoles primaires et secondaires. 

« Cette réalité pèse lourd dans leur quotidien et mine le climat dans les établissements. C’est un lot avec lequel ils ne devraient pas avoir à conjuguer, encore moins devoir le faire à contre-courant », souligne Éric Gingras, président de la CSQ. 

Selon Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), cette violence est beaucoup plus que des simples bagarres de corridor. M. Prévost dénonce le caractère verbal et physique des attaques. 

« Un élève peut pousser un enseignant, un élève peut lancer des objets. L’élève est en crise et peut prendre une chaise et lancer la chaise. C’est des choses qu’on voit beaucoup plus fréquemment », explique-t-il. 

Selon le président de la FQDE, les actes violents envers le personnel enseignant ont augmenté depuis la pandémie. « C’était déjà en augmentation, mais avec la pandémie, cette hausse est encore plus importante », assure M. Prévost.  

« On voit que la détresse psychologique, les problèmes de santé mentale sont en augmentation importante chez nos élèves. On voit que ça commence très jeune. On a des élèves qui, dès la maternelle, ont des comportements violents », continue le président. 

La société au cœur du problème? 

Selon des données obtenues par la CSQ, la violence envers le personnel de soutien a augmenté de 40 % au cours des quatre dernières années.  

« La quasi-totalité (96.4 %) des actes de violence envers les membres du personnel de soutien est commise par des élèves. Et 4 fois sur 5, ce sont des actes de nature physique. Les actes de violence à caractère psychologique représentent 14.6 % des cas », indique Éric Gingras. 

L’année dernière, parmi les employés victimes de violence dans les écoles secondaires, 37 % ont été frappés ou ont reçu des coups de pied, 24 % ont été bousculés, 14 % ont fait l’objet de menaces verbales, et 7 % ont subi des menaces armées. 

Bien que les formes de violence varient selon le contexte, un problème de fond persiste à tous les niveaux. 

Pour M. Gingras, ce problème ne provient pas de l’intérieur des établissements, mais plutôt de l’extérieur, rendant difficile de définir précisément ce qui est à l’origine de cette montée de violence.  

« Pour nous, il est très clair que la violence est un problème de société qui dépasse les murs de nos établissements, mais les conséquences y sont cependant directes et très concrètes. Nos écoles sont le reflet de la société dans laquelle on vit », soutient ce dernier.  

« Si nous devions toutefois pointer un élément, beaucoup de choses se résument par la banalisation de la violence. » — Éric Gingras, président de la CSQ 

Pour M. Gingras, il est primordial que des changements se fassent non seulement à l’école, mais surtout au sein de nos sociétés. « Il est temps qu’on en prenne conscience collectivement, parce que le fait que le message ne passe pas encore clairement dans la société confirme qu’elle est banalisée et tolérée d’une certaine façon. »  

« Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue, les parents inclus », continue-t-il. « À quoi bon avoir des codes de vie et d’éthique et des plans de lutte contre la violence et le harcèlement, si, en bout de ligne, les gestes sont banalisés et les conséquences ne suivent pas », ajoute Éric Gingras. 

Des solutions concrètes plus que nécessaires 

Pour le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS), Éric Pronovost, la situation actuelle nuit à la rétention de personnel. « On a une pénurie de main-d’œuvre au Québec, et ça, c’est une des premières raisons », a affirmé ce dernier au journal le Devoir. 

M. Pronovost presse Québec à prendre des actions concrètes et rapides. « On est tannés des paroles publiques, on veut des gestes concrets », a déclaré M. Pronovost. Le président de la FPSS demande notamment l’ajout de techniciens en travail social dans les écoles pour améliorer la prévention des actes de violence.  

Tout comme son homologue, le président de la CSQ croit qu’il y a un besoin d’action. « Ce n’est certainement pas en créant une semaine nationale de prévention de la violence et du harcèlement ni en faisant reposer la prévention essentiellement sur le dos du personnel qu’on arrivera à contrer la violence », confie M. Gingras. 

« Il faut que ce soit pris au sérieux. Et quand on dit que ça doit être tolérance zéro en matière de violence dans nos écoles, ça signifie qu’on doit agir en prévention », soutient M. Gingras. 

« Dans nos établissements, ça signifie tout faire pour que nos écoles soient des milieux de vie sains, sécuritaires, exemptés de violence qui offrent des conditions d’apprentissages adéquates. C’est la base de tout, pour les jeunes, comme pour le personnel », conclut-il. 

La situation des violences en milieu scolaire inquiète le gouvernement, qui a déjà adressé le problème l’an passé. Le ministre Bernard Drainville a par ailleurs présenté un plan de prévention de la violence et de l’intimidation dans les écoles, en octobre dernier. Des mesures sont d’ailleurs déjà déployées. 


Source: PXHere

Meg-Anne Lachance
Cheffe de pupitre SOCIÉTÉ at Journal Le Collectif | + posts

Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!

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