Par Meg-Anne Lachance

Respectant ses promesses, Donald Trump a signé, dès le premier jour de son retour au bureau ovale, le décret « Défendre les femmes contre l’extrémisme de l’idéologie du genre et rétablir la vérité biologique au sein du gouvernement fédéral ». Avec ce décret, les États-Unis ne reconnaissent maintenant que l’existence de deux sexes.
Donald Trump a signé, lundi dernier, un décret qui ordonne à son administration de « reconnaître » l’existence de seulement « deux sexes » assignés à la naissance. Ainsi, la mention « X » sur les documents officiels du gouvernement ne pourra plus être indiquée.
Un porte-parole de la diplomatie américaine a confirmé la suspension du traitement de ces demandes et a affirmé que « des directives concernant les passeports avec mention de sexe X délivrés antérieurement sont à venir ».
« Les documents officiels du gouvernement, y compris les passeports et les visas, refléteront fidèlement le sexe », a précisé un responsable du gouvernement.
Lancée par Joe Biden, la mention « X » était réservée aux « personnes non binaires, aux personnes intersexes ». Les personnes qui ne se reconnaissent pas dans les critères de genre en général pouvaient en faire la demande.
Le président Trump a également annoncé qu’il ordonnera à toutes les agences fédérales de cesser de soutenir les soins hormonaux de transition de genre et s’est engagé à interdire aux femmes transgenres de participer aux compétitions sportives féminines.
Avec ce décret, l’administration Trump souhaite « restaurer la vérité biologique », « défendre les droits des femmes », et « protéger la liberté de conscience ».
Un décret aux mots durs
« À partir d’aujourd’hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis stipulera qu’il n’y a que deux sexes : masculin et féminin ». Voilà les mots du président Trump lors de son investiture à Washington.
Dès le début de sa campagne, Donal Trump avait promis de mettre fin au « délire transgenre » qui nuisait, selon lui, à « la validité de l’ensemble du système américain ».
Dans son décret, M. Trump accuse les « hommes s’identifiant comme des femmes » d’avoir recours à « des moyens juridiques » et « de coercition sociale » pour avoir « accès à des espaces et à des activités intimes non mixtes conçus pour les femmes ».
Selon ses propos, des « idéologues qui nient la réalité biologique du sexe » « attaquent fondamentalement les femmes en les privant de leur dignité, de leur sécurité et de leur bien-être ».
Le décret définit maintenant le terme « sexe » comme la « classification biologique immuable d’un individu » qui n’inclut pas le concept d’« identité de genre ». Ce dernier est notamment défini comme étant « un sentiment de soi totalement interne et subjectif, déconnecté de la réalité biologique et du sexe et existant sur un continuum infini ».
L’idéologie de genre est quant à elle présentée comme « un concept toujours changeant d’identité de genre auto-évaluée, autorisant la fausse affirmation selon laquelle les hommes peuvent s’identifier comme des femmes et donc devenir des femmes et vice versa ».
Fonder sur la vérité, vraiment?
Donald Trump affirme que « fonder la politique fédérale sur la vérité est essentiel pour la recherche scientifique, la sécurité publique, le moral et la confiance dans le gouvernement lui-même ». Mais de quelle vérité parle-t-il?
Dans son décret, les mots sont durs et le président ne cache pas son opinion anti-trans.
« Cette voie malsaine est pavée d’une attaque permanente et délibérée contre l’utilisation et la compréhension ordinaires et de longue date des termes biologiques et scientifiques, remplaçant la réalité biologique immuable du sexe par un sentiment de soi interne, fluide et subjectif, sans lien avec les faits biologiques. » Dans cet extrait sorti tout droit de son décret, Donal Trump démontre sa mauvaise compréhension de l’enjeu d’identité de genre.
Alors que le « sexe » représente les attributs biologiques d’un individu, le « genre » fait référence aux aspects non physiologiques que la société attribue au sexe féminin/masculin et à son expression.
Mis à part les quelques cas d’intersexuation, le sexe, assigné à la naissance en fonction des organes génitaux externes d’une personne, peut être soit « femme » ou « homme ». Or, de son côté, le genre, représente un large spectre pouvant varier selon les expériences, la perception et les réflexions d’une personne.
La binarité du « sexe » n’a jamais été remise en question et l’identité de genre n’a jamais été présentée comme synonyme de la notion de « sexe ». Elle représente plutôt un complément indissociable des individus.
Donald Trump parle de la question comme si un complot mené par des personnes dérangées était en marche pour éliminer la société américaine. Il présente le concept de transidentité comme étant un choix visant à attaquer les femmes et « la validité de l’ensemble du système américain ».
Si le concept d’identité de genre est fictif, pourquoi est-ce qu’une personne trans est deux fois plus susceptibles de songer au suicide? Pourquoi est-ce que 67% des personnes en transition pensaient à s’enlever la vie, mais seulement 3 % y songeaient après leur transition?
Changer la politique pour reconnaitre que les deux sexes n’élimineront pas le concept d’identité de genre. Les personnes transgenres, non-binaires et de genres différents sont présentes dans nos sociétés depuis des siècles et continueront de l’être malgré les politiques voulant les effacer.
Trump dit se baser sur la vérité. Mais, lorsque la recherche médicale et psychologique supporte les personnes trans, non binaires et de genres différents, n’est-ce pas lui qui suit une vérité mensongère?
Avec ce décret, Donald Trump choisit de nier la complexité et la diversité des expériences humaines, tout en imposant une vision rigide et simpliste de l’identité. Sous couvert de « défendre les droits des femmes » et de « restaurer la vérité biologique », l’administration Trump entame sa croisade illogique guidée par une intense transphobie.
En réduisant l’identité humaine à une seule dimension biologique, ce décret ignore des décennies de recherche sociologique, psychologique et médicale et minimise les souffrances bien réelles des personnes concernées.
Crédits : Ted Eytan