Un avenir incertain pour les politiques EDI 

Par Meg-Anne Lachance 

Bien que présente dans plusieurs entreprises canadiennes, les politiques EDI actuelles font face à d’importantes critiques.

Vingt-quatre heures après son entrée en poste, Donald Trump a déjà mis fin aux programmes de diversité et d’inclusion des agences fédérales. Après une année difficile pour les politiques d’équité, diversité et inclusion (EDI), cette interdiction fait questionner à savoir si le même sort leur sera réservé de notre côté de la frontière. Bien que très présente dans les entreprises canadiennes, leur efficacité continue d’être débattue. 

Comme promis par Donald Trump lors de sa campagne électorale, les agences fédérales américaines devront fermer l’ensemble de leurs bureaux chargés de promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) d’ici 60 jours.  

Le nouveau président a également signé un décret ordonnant au département de la Justice d’enquêter sur les entreprises privées qui appliquent des politiques EDI « illégales » qui, dans ses mots, contreviennent aux « droits civils » de la population. 

Plusieurs entreprises, telles que John Deere, Walmart, McDonald’s, American Airlines et Amazon, avaient déjà mis fin à leur politique d’EDI. Une tendance qui ne cesse de croître depuis les dernières années. 

Le gouvernement canadien définit les politiques EDI comme « des initiatives qui s’attaquent aux obstacles systémiques, qui empêchent certains employés d’exceller, et [visent à] réduire les injustices auxquelles certains groupes sont confrontés ». 

Débuté dans le foulé du mouvement Black Lives Matter en 2020, ces politiques semblent toutefois perdre en popularité.  « Au Canada, comme aux États-Unis, il semble y avoir un effet de ressac des politiques EDI », explique Maxime St-Hilaire, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke. 

Pour ce dernier, le jugement de la Cour Suprême américaine mettant fin à la discrimination positive dans les universités a accentué leur chute. 

Critiqué aussi de notre côté 

Selon un sondage de la firme Léger commandé par l’Association d’études canadiennes, « 57 % des Canadiens ne sont pas d’accord avec le fait que les employeurs doivent tenir compte de l’origine culturelle lors de l’embauche ». Une donnée plus élevée que celle de nos voisins du sud qui, selon la plus récente étude, partageaient cet avis à 46%. 

Malgré leur impopularité, Tina Pranjić, cofondatrice et PDG d’Élance (qui offre des formations EDI) affirme que « la majorité des entreprises canadiennes sont engagées en EDI, ont augmenté leur budget et sont encore motivées à continuer ». 

Mais les EDI restent quand même très critiquées.  

« Quand on démonise un peu les groupes majoritaires par rapport aux groupes minoritaires, ça crée des tensions. Et ça fait en sorte aussi que les personnes du groupe majoritaire marchent sur des œufs quand ils s’adressent aux personnes des groupes minoritaires », avance Murielle Chatelier, présidente de l’Association des Québécois unis contre le racialisme.  

Selon la présidente, des études démontrent que les formations EDI offertes aux entreprises sont « inefficaces » et « nuisent aux relations interpersonnelles ». Maxim St-Hilaire soulève également ce point. Une étude de l’Université d’État de Rogers a révélé que les politiques EDI peuvent mener à l’instauration d’un climat toxique.  

« Le débat, il est sur les moyens; il n’est pas sur les fins », souligne le professeur St-Hilaire. « Il va falloir qu’on accepte d’en discuter de manière apaisée, la tête froide, qu’on se penche sur les faits ». 


Crédits : Ted Eytan

Meg-Anne Lachance
Cheffe de pupitre SOCIÉTÉ at Journal Le Collectif  societe.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!

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