Un sommet du G7 chargé en Allemagne

Par Victor Dionne

Du 26 au 28 juin 2022, sept des plus grandes puissances économiques mondiales se sont réunies à Krün, en Allemagne, pour échanger sur la situation mondiale et y répondre avec coordination. Les chefs d’État de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Japon, des États-Unis et du Canada avaient des sujets importants à traiter. Dans un contexte de crises multiples, où la Guerre en Ukraine, les menaces envers la sécurité alimentaire et énergétique ainsi que l’urgence climatique sont des bombes à retardement, les dirigeants étaient dans l’obligation d’intervenir.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a décidé d’insister principalement sur la menace croissante de la famine, accentué par l’invasion de la Russie en Ukraine. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a quant à elle affirmé qu’Ottawa était dans un « mode écoute » des dirigeants des petits pays, à la suite de la réunion des chefs d’États et de gouvernement du Commonwealth, qui avait lieu au Rwanda quelques jours avant le sommet du G7 2022.

600 milliards en aide

Dès la première journée, les dirigeants des sept États se sont engagés à financer des projets d’infrastructures dans les pays en développement. Le président américain Joe Biden a mentionné que les États-Unis allaient débloquer 200 milliards de dollars provenant de subventions, de fonds fédéraux et d’investissements privés. Les entrepreneurs du programme précisent que le but de ce financement est de soutenir les projets qui visent à lutter contre les changements climatiques, à l’amélioration de la santé mondiale, à l’équité entre les sexes et à l’ajout d’infrastructures numériques. L’Europe va aussi contribuer en subventionnant 300 milliards d’euros sur cinq ans. Au total, 600 milliards de dollars sont prévus à ces fins.

D’après les Américains, le programme permettrait de contrer les ambitions chinoises et leur projet de nouvelle route de la soie. Selon eux, les investissements de la Chine dans les pays en développement n’ont pas conduit à des bénéfices concrets pour ces derniers.

Le Japon, l’Italie et le Canada aideront également ces différents pays, mais en suivant leur propre modèle. Les membres du G7 ont déclaré que « l’Afrique subsaharienne sera sans aucun doute une priorité. » Radio-Canada rapportait que l’Amérique centrale, l’Asie du Sud-Est et l’Asie centrale sont aussi des régions convoitées, d’après les dires d’un haut responsable de l’exécutif américain.

Un « club climat »

Porté par la présidence de cette année, l’Allemagne, un « club climat » a été proposé le 28 juin. Cette nouvelle instance serait ouverte à tous les pays qui décident d’y participer. « Nous invitons nos partenaires, notamment les principaux émetteurs, les membres du G20 et d’autres économies en développement et émergentes, à intensifier les discussions et les consultations avec nous », est-il écrit dans la déclaration commune des pays présents au sommet.

Le but principal du club est d’affermir et d’accroître la coopération entre les États en matière de réchauffement climatique. Les différents pays réunis accepteraient des règles communes, évitant les désavantages concurrentiels. Concrètement, il tenterait notamment d’y élaborer des normes de tarifications du carbone ou des réglementations uniformes à l’égard de l’hydrogène vert. Pour l’instant, l’implantation d’une tarification carbone n’est pas dans les plans du Japon et des États-Unis. Toutefois, l’initiative pourrait amener du changement.

Toujours selon la déclaration, les membres « partageront de meilleures pratiques » pour réduire leurs émissions de CO2. Olaf Scholz, chancelier allemand, a soutenu qu’il aimerait que ce club ne se limite pas qu’aux pays du G7. « Il y a des points de vue différents sur les mesures telles que la tarification (du carbone) », a-t-il expliqué aux médias.

La guerre en Ukraine

Les pays membres du G7 ont réitéré leur soutien à l’Ukraine, alors que la guerre ne prend pas de repos. « Nous continuerons à fournir un soutien financier, humanitaire, militaire et diplomatique et nous resterons aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire », ont fait part les puissances économiques dans un communiqué commun le 27 juin. Ce conflit, qui dure depuis le 24 février, était au cœur des discussions entre Justin Trudeau et ses homologues, tant au sommet d’Allemagne que lors de la réunion des chefs d’État et de gouvernement des pays du Commonwealth. Il en a profité pour annoncer une nouvelle aide financière de 350 millions de dollars pour du soutien humanitaire en Ukraine et de nouvelles sanctions.

En réunion avec les chefs d’État du G7, le président ukrainien Volodymir Zelensky a demandé une position ferme de la part des puissances, notamment en renforçant les sanctions envers Moscou. Par ailleurs, il a souligné leur appui dans le conflit : « merci pour l’aide, concernant la défense et les finances, offerte à notre pays dans sa lutte contre l’invasion russe. »

Dans le communiqué final du sommet, les dirigeants présents mentionnaient qu’ils vont travailler pour que la Russie n’exploite pas sa position de producteur énergétique devant des pays plus vulnérables. Ainsi, ils ont décidé de prévoir un prix plafond pour les exportations du pétrole russe, limitant les revenus possibles pour le pays. Le Canada examine la possibilité de développer de nouvelles infrastructures, permettant aux territoires dépendants des énergies fossiles russes de s’en éloigner éventuellement. D’après les informations de La Presse, aucun compromis n’est à prévoir concernant les objectifs en matière de réchauffement climatique.


Crédit image @OTAN

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