Un paysage difficile à Hollywood 

Par Meg-Anne Lachance 

La Californie est touchée par ce que plusieurs estiment comme étant les pires feux de forêt de son histoire.

Les incendies continuent de faire rage à Los Angeles. Trois incendies ont débuté le 7 janvier dernier et se sont transformés en mégafeux ravageant une grande partie de la 2e plus grande ville des États-Unis. En date du 15 janvier, 27 personnes ont été victimes des flammes, qui semblent être loin de s’arrêter. Au moment d’écrire ses lignes, de nouvelles rafales de vent attisent les incendies.  

Plus d’une semaine après le début des feux, les services de météo américains (NWS) ont lancé une alerte contre l’arrivée de rafales pouvant atteindre les 110 km/h durant la journée du 15 janvier. Plusieurs parties du comté de Los Angeles et de Ventura ont été placées en statut de « situation particulièrement dangereuse ». Une grande partie du sud de la Californie est aussi en alerte rouge. 

« Restez attentifs […]. Soyez prêt à évacuer. Évitez tout ce qui pourrait déclencher un incendie », a prévenu le service météorologique national (NWS). 

Dans le comté de Los Angeles 88 000 personnes ont reçu l’ordre d’évacuer et il a été demandé à 84 000 autres personnes de se tenir prêts à évacuer. 

Bien que typique pour la saison, les feux de forêt de cette année ont atteint une ampleur inédite depuis 2011, avec des vents atteignant les 160 km/h. Le faible taux d’humidité et la sécheresse de la végétation causée par huit mois sans précipitation sont derrière la propagation. Selon les météorologues, ces conditions peuvent causer une « expansion ultrarapide du feu ». 

« Toute la végétation est vraiment sèche et prête à brûler, donc […] les incendies peuvent assez rapidement se produire », a expliqué mardi à l’AFP le météorologue Ryan Kittell.   

Les deux principaux incendies ont déjà parcouru 9 700 hectares dans le quartier de Pacific Palisades et 5 500 dans la ville d’Altadena. 

Les causes des incendies sont, pour l’instant, toujours inconnues. Une enquête a cependant déjà été ouverte par les autorités fédérales. « Nous savons que vous voulez des réponses, vous le méritez. L’ATF vous donnera des réponses une fois l’enquête terminée et approfondie », a déclaré Jose Medina, représentant de l’agence responsable de l’enquête. 

Plusieurs opérations en cours 

Les dommages sont énormes. Plus de 12 000 habitations, bâtiments et véhicules ont été détruits et des quartiers résidentiels autrefois huppés, ne sont plus que des cendres et des décombres. 

Dans le comté de Los Angeles, les secouristes sont toujours à la recherche de 24 personnes, toutes des adultes, selon le shérif Robert Luna. 

Depuis déjà plusieurs jours, des équipes avec des chiens pisteurs recherchent de possibles victimes. Lundi dernier, 1 800 domiciles avaient déjà été inspectés et aucun corps n’a été retrouvé, une bonne nouvelle pour Robert Luna. 

Selon la société privée AccuWeather, ces incendies pourraient être les plus coûteux de l’histoire californienne, avec des estimations allant de 250 à 275 milliards de dollars. 

Plus de 8 500 pompiers et pompières ont été déployés pour contrer les flammes de la région et des dizaines de camions-citernes ont été acheminés en renfort.  

La SOPFEU et le gouvernement du Québec avaient annoncé le déploiement en Californie de deux avions-citernes supplémentaires, ainsi que leurs équipages, le 10 janvier dernier. Depuis plus de 30 ans, une entente entre la province et le comté de Los Angeles rend disponibles deux appareils québécois pour la Californie. 

Les autorités prêtes pour un regain 

Le météorologue Ryan Kittell affirme que les feux de Palisades et d’Eaton pourraient reprendre de l’ampleur et continuer à faire plus de sinistres, malgré qu’ils se soient calmés dans les derniers jours. Néanmoins, les autorités se disent prêtes à faire face à de nouveaux feux. 

« Nous avons vérifié le système d’eau dans la zone d’incendie d’Eaton et il est opérationnel, ce qui signifie que nous avons de l’eau et de la pression », a assuré le chef pompier, Anthony Marrone. 

Les services de pompier ont été critiqués dans les derniers jours, après avoir eu de la difficulté à combattre les feux à cause des bouches d’incendie à sec ou avec une faible pression.  

Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a demandé un « examen indépendant complet » des services de distribution d’eau de Los Angeles pour comprendre la source du problème. Ce dernier a également demandé aux équipes de déblayage de se tenir prêtes à intervenir, dans le cas de coulées de boues. 

De leur côté, les services de santé ont alerté la population quant aux risques engendrés par la fumée et les cendres. « Les cendres ne sont pas que de la saleté. C’est de la poussière fine qui peut irriter ou endommager votre système respiratoire et d’autres parties de votre corps », explique Anish Mahajan du service de santé publique du comté. 

La communauté scientifique lance l’alerte 

Les scientifiques ont tenu à rappeler que les changements climatiques augmentent la fréquence des événements météorologiques extrêmes, incluant les feux de forêt.  

Pour Mathieu Bourbonnais, professeur adjoint en sciences de la terre, de l’environnement et de la géographie au campus de l’Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique, les incendies de la Californie sont très similaires à ceux subis par Jasper il y a quelques mois. 

« Nous commençons à observer des schémas récurrents où des conditions très, très sèches contribuent à un début de brasier. Quand ces conditions sont combinées à des vents très forts, cela fait que l’incendie se développe de manière très agressive et dépasse ce que nous sommes capables de gérer », explique M. Bourbonnais. 

Lucy Grainger, du programme Intelli-feu de la Colombie-Britannique, souligne l’importance d’agir de manière préventive. Selon elle, les recherches démontrent que la majorité des maisons sont détruites lors d’un incendie de forêt à cause de braises ou d’étincelles.  

« En enlevant les matériaux inflammables autour de votre maison et la végétation sur votre propriété, vous pouvez empêcher les braises de s’accumuler et empêcher la maison de s’enflammer », indique-t-elle. 

« Quand on dit que les changements climatiques vont créer de plus en plus d’extrêmes – donc des pluies de plus en plus fortes et des sécheresses de plus en plus intenses –, la Californie est l’exemple parfait pour le démontrer », conclut Marc-André Parisien, chercheur scientifique au Service canadien des forêts. 


Crédits: Arnavkainthola-Pexels

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