Par Ariane Gauthier
Plus tôt en février, on apprenait qu’un café de la chaine Starbucks situé à Riyad en Arabie Saoudite refusait que les femmes y mettent les pieds pour cause de rénovations. En accord avec les coutumes du pays, la multinationale avait érigé un mur qui séparait respectivement les sections hommes et femmes. Et l’éthique dans tout cela?
Starbucks est pointé du doigt pour ses pratiques jugées dégradantes à l’égard des femmes en Arabie Saoudite. Il faut comprendre que la compagnie, souhaitant faire du profit, ne s’est qu’adaptée à l’environnement d’affaires qui lui était offert. L’Arabie Saoudite n’a jamais signé la Déclaration universelle des droits de l’homme. Dans ce pays, les lois religieuses y sont dominantes et leur non-respect est passible de peine de mort. Les femmes y ont des droits limités, voire absents, puisqu’elles doivent se conformer à la société patriarcale. Selon les idéaux occidentaux, la liberté et les droits de la personne sont des concepts universels et devraient être omniprésents dans toutes les sphères de la vie humaine. Une confrontation idéologique s’établit entre les coutumes de l’Arabie Saoudite et les nôtres.
Une décision critiquée
Compte tenu du fait que l’Arabie Saoudite est le seul pays où les femmes n’ont pas le droit de conduire et qu’elles sont soumises à la tutelle masculine, qu’elles n’ont aucune reconnaissance juridique et qu’elles n’ont pas le droit de prendre de décision majeure, le choix de Starbucks de s’implanter dans ce pays est critiquable. Le grand bassin de consommateur que représente l’Arabie Saoudite pour une société comme Starbucks est certes alléchant. Se priver d’une occasion d’affaire comme celle-ci aurait été illogique selon la compagnie qui souhaite à tout prix conquérir de nouveaux marchés. La multinationale met pourtant de l’avant sur son site Internet qu’elle a à cœur la responsabilité des collectivités. Un manque de cohérence se laisse donc entrevoir alors qu’on écrivait dans la fenêtre du café de Riyad que les femmes ne pouvaient pas entrer et qu’elles devaient envoyer leur chauffeur pour commander à leur place.
Le boycottage impliqué
Le mur avait été érigé afin de suivre les règles en vigueur au pays; les femmes et les hommes ne peuvent pas partager un espace public. Pendant les rénovations dudit mur, une mesure temporaire a été mise en place, soit celle de ne plus accueillir les femmes. La révolte qu’a causée cet événement permet de mettre en question la pertinence même de l’implantation d’une société comme Starbucks en Arabie Saoudite. Le bénéfice pécuniaire serait donc plus important que l’égalité des sexes, enfin pour certaines compagnies. Mais une menace plane sur la société Starbucks, celle du boycottage. Certains, indignés par la situation, appellent la population à ne plus fréquenter le café. Selon la mission de l’entreprise, elle « célèbre la diversité afin de créer un environnement où nous pouvons tous être nous-mêmes ». C’est une démonstration d’un manque de cohérence.