Qu’adviendrait-il pour la communauté universitaire en cas de grève du transport urbain?

Par Martine Dallaire

Les chauffeurs d’autobus scolaire ont observé quelques jours de grève, du 10 au 17 avril derniers, en riposte à leurs conditions de travail qui n’ont pas bougé depuis plusieurs années. Or, la grève de six jours a entraîné différentes conséquences pour les parents des élèves concernés.  Si une telle situation se produisait dans le transport urbain, quels en seraient les effets sur la communauté universitaire?

Ce n’est un secret de polichinelle pour personne, la communauté universitaire est probablement le plus important utilisateur du transport par autobus urbain à Sherbrooke. Les raisons en sont fort simples : la gratuité ainsi que les améliorations notables au niveau de la couverture du territoire desservi et de la fréquence de service ont grandement contribué à l’augmentation de l’achalandage de ce mode de transport fort prisé par la communauté étudiante. Or, le personnel de la STS jouissant d’une protection syndicale, il ne serait pas exclu que ce dernier fasse des moyens de pression lors de la négociation de sa prochaine convention collective.

Des retards, du stress et des frais onéreux

Les conséquences d’une grève du transport en commun sherbrookois seraient énormes pour les membres de la communauté universitaire.  Dans un premier temps, ce ne sont pas les étudiants qui disposent d’un moyen de transport alternatif, comme une automobile personnelle, ou celle de la famille ou d’un colocataire.  Ensuite, tous n’ont pas d’amis avec qui faire du covoiturage. Il est possible de se rendre à pied sur le campus s’y on ne réside pas trop loin, ou à vélo, l’été. Mais, qu’en est-il en hiver, ou si on réside à plus de deux ou trois kilomètres du campus, ou si la seule route à proximité est l’autoroute et qu’on ne peut y circuler, ni à pied, ni à vélo? Il faudra alors avoir recours aux services de taxi, ce qui signifie des heures d’attente avec possibilités de retards aux cours ou au boulot, ainsi que des déboursés que tous ne peuvent se permettre. Donc, des incidences monétaires pour une clientèle dont la majorité vit en-deçà du seuil de la pauvreté. Et qui dit incidences monétaires, dit stress, un mot qu’il vaut mieux éviter en certaines périodes de l’année et plus particulièrement en période d’examens.

L’UdeS et le MELS touchés

Outre l’impact sur ses étudiants, l’Université de Sherbrooke elle-même subirait les contrecoups d’une grève des autobus urbains. D’une part, parce qu’un nombre important des membres du personnel utilise le transport urbain en raison d’une entente avec la STS. Ces derniers subiraient les mêmes effets d’une grève que les étudiants, mais aussi, est-ce que l’Université devrait rembourser les étudiants et les membres du personnel pour un service non rendu?  Et l’institution devrait-elle renégocier l’entente qu’elle a avec la STS? Bref, des impacts monétaires considérables pour l’établissement et beaucoup de bureaucratie pour une situation dont il ne serait aucunement responsable. De même, il faut voir plus loin. Alors que le MELS octroie des frais de subsistance spéciaux aux étudiants qui résident dans une ville où il n’existe aucun mode de transport en commun entre le lieu de résidence et l’établissement d’enseignement, le ministère devrait-il reconsidérer l’aide financière et octroyer des montants à certains étudiants dans le besoin? Bref, un endettement augmenté pour les étudiantes et les étudiants concernés et beaucoup de travail pour les fonctionnaires du MELS. Reste à espérer qu’un règlement ou que la Loi sur les services essentiels viendrait mettre un terme à un potentiel litige.


Crédit Photo @ Université de Sherbrooke

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