Printemps 2016 : la manie des hoarders

Par Guillaume Marcotte

Quand on dit que c’est le temps de faire de la place pour le printemps, j’en entends quelques-uns clamer : « Mais je ne peux pas me débarrasser de mes cossins inutiles, ils ont une valeur sentimentale pour moi! Quel monde cruel dans lequel je vis!! » OK, peut-être ne disent-ils pas la dernière phrase, mais vous comprenez l’idée.

Alors, pour ceux qui ne comprennent pas cette manie de tout garder, des bouts de papier sur lesquels des conversations secrètes ont été écrites jusqu’aux vêtements trop grands sommés « utiles pour la peinture et autres travaux manuels », voici une tentative d’explication.

Le genre « ce ne sont pas des cochonneries, ce sont des souvenirs »

Plus on vieillit – eh oui, même dans la vingtaine on peut se rendre compte qu’on vieillit vite, plus on comprend que ce n’est pas tous les souvenirs qui vont survivre avec nous jusqu’au cercueil : que ce soit à cause d’abus d’alcool ou à cause d’une faible capacité de mémoire, le fait est que même les souvenirs les plus significatifs peuvent involontairement s’échapper de notre esprit. Ainsi, l’objet rattaché au souvenir, aussi anodin puisse-t-il être, revêt une certaine valeur. C’est probablement pourquoi je ne me déferai jamais de mon trop grand coton ouaté gris taché de deux trois gouttes de peinture et troué sur le bras par une étincelle de feu.

Le genre « c’est sûr que ça va m’être utile un jour »

D’un point de vue écologique, économique et consciencieux, le point de vue de « c’est sûr que ça va m’être utile un jour » est louable. J’ai beau ne pas le supporter à 100 % puisque je préfère la liberté de ne pas avoir à me faire du mauvais sang pour du matériel, j’apprécie toutefois l’amie – ou l’ami, quoiqu’il soit rare pour un gars de sortir de la maison avec plus que son portefeuille, son cellulaire et ses clés – dont les ressources semblent sans fin. Tu as besoin d’une paire de bas, d’un cartable, d’une chaise, de shampooing : you name it, le genre « c’est sûr que ça va m’être utile un jour » l’a quelque part dans un coin sombre de son appartement.

Le genre « check ben ça, un jour ça va valoir cher! »

Si ce genre de personne est plus rare et ne concerne strictement que certains objets, tels que les vieux billets ou les vieilles pièces de monnaie, les « machines » disparues – un tourne-disque par exemple, ou carrément les artefacts, je connais personnellement plusieurs personnes qui excusent leur habitude à tout conserver par cette courte phrase. J’ose croire que les billets de 1 $ ou de 2 $ vaudront un jour beaucoup, je doute simplement que nous verrons nous-mêmes ce jour. Il reste cependant que le dévouement en soi n’est pas malsain, seulement encombrant.

Le genre « c’était quoi le but de l’article déjà? »

Que tu sois quelqu’un qui jette tout ou quelqu’un qui refuse de se détacher de sa moindre possession, ça importe peu. Je crois qu’il y a des pours et des contres aux deux côtés de ce léger débat. Tant que tu te rappelles que c’est le temps de cesser d’hiberner dans ton sous-sol devenu sale à cause d’une négligence typiquement étudiante, le reste va suivre. Le printemps est là, et juste derrière, son ami l’été s’en vient, même si ces tempêtes de neige d’avril en démordent obstinément. Alors, va donc faire le ménage : un ménage physique, un ménage mental, un ménage imaginaire; qu’importe!


 

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