Par Erika Aubin
À la fin des classes, ces âmes voyageuses consacrent ce moment de l’année pour s’évader dans un autre pays. Un gout suave de liberté pour un instant. Certains en profitent pour que ce périple soit fructueux en lui donnant un sens : un voyage humanitaire. Personnellement, j’ai peine à croire que la réelle intention derrière ce geste n’était qu’altruiste.
Tourisme d’orphelinat
Plusieurs cas de cela sont très simples et ne demandent que peu de réflexion pour se rendre compte du tort causé. Le tourisme des orphelinats en est le plus bel exemple. Des milliers de missionnaires, souvent des débutants en la matière, vont passer du temps dans les orphelinats pour s’occuper des enfants. L’homme occidental a décidé que de passer du temps dans un orphelinat dans un pays défavorisé était une façon de rendre service à la population issue de cette société défavorisée. Ces petits êtres que sont les orphelins sont énormément fragiles émotionnellement et le fait que nous venions les chambouler en créant des liens avec eux et en les quittant si peu de temps après ne les aide pas forcément. Ces enfants vivent d’abandon et cela crée des problèmes d’attachement bien plus importants.
Projets à court terme, mais rien pour l’avenir
Dans d’autres cas, des missionnaires sont envoyés pour construire des bâtiments qui serviront à accueillir une institution sociale, telle une école. Est-ce que ces gens arrivant des pays plus fortunés ont plus de compétences que quiconque pour construire un bâtiment? Non. Les missionnaires dépensent collectivement plusieurs milliers de dollars seulement pour la planification du projet, alors que les habitants des pays du sud auraient pu faire le travail plus rapidement et avec autant d’efficacité. De ce fait, cela créerait des emplois au sein de ladite communauté démunie.
Une autre question mérite d’être soulevée. Une fois les ouvriers repartis dans leur confort, quel argent servira à faire rouler l’institution sociale? Malheureusement, la plupart du temps, les fonds sont manquants à cet effet. Les projets que les missionnaires implantent sont délaissés peu de temps après le départ de ceux-ci par manque de ressources et d’engagement. Parce que construire une école, c’est chose facile, mais établir un enseignement de qualité et la faire perpétuer en est une autre bien plus compliquée. L’aide humanitaire est très axée sur l’état d’urgence alors qu’il serait plus avantageux d’implanter des projets sur le long terme pour réellement aider les communautés.
L’ironie de l’aide humanitaire résulte du fait que près de deux billions de dollars américains sont dépensés annuellement en voyage de ce type et que le réel impact de l’aide apportée peut parfois être inexistant ou même nuisible. Dans certains cas, les enjeux culturels, politiques ou géographiques sont bien plus importants qu’estimés et seules des équipes d’experts peuvent réellement intervenir.
D’un autre côté, ce n’est pas toutes les sortes de missions de bénévolat à l’étranger qui sont forcément mauvaises. Avant de se lancer dans un voyage de la sorte, il est important de s’entourer d’experts et de s’assurer que notre geste a un impact positif sur les populations démunies. L’aide humanitaire, si elle est faite dans les règles de l’art, peut réellement avoir un impact positif sur les pays sous-développés, autant que sur les pays développés. Les gens en reviennent toujours grandis, une belle prise de conscience s’en suit et cela enrichit notre culture et notre vision des choses qui ne demande qu’à s’étendre.