Par Lucas Bellemare
Nous ne parlerons jamais assez de la particularité des grands électeurs dans le système électoral des États-Unis. Sorte de scrutin indirect pour le choix du président, la méthode des grands électeurs, regroupés dans un collège électoral, est et sera toujours source de débats. La mécanique nécessite continuellement des explications tant elle diffère de ce à quoi nous sommes habitués.
Quand l’électeur se présente devant son bulletin de vote, il peut voter pour le représentant et le sénateur de son choix. Le candidat victorieux est celui qui a le plus de votes populaires dans les différentes circonscriptions. Quand vient le moment de choisir le président, l’électeur ne vote pas pour un candidat présidentiel (récemment Clinton, Trump et autres), mais pour un grand électeur affilié à un de ceux-ci. Ce sont ces personnes qui voteront pour l’aspirant président. Autre particularité : les grands électeurs votent selon un système de winner take all. En supposant que 60 % des grands électeurs sont affiliés au candidat X, ce sont 100 % des grands électeurs de l’État qui votent pour le candidat X, même si 40 % sont affiliés au candidat Y.
C’est ce qui dicte le dynamisme et l’organisation des campagnes présidentielles. Les aspirants à la Maison-Blanche se concentrent davantage sur les États qui ont un important nombre de grands électeurs et qui ne sont pas acquis d’avance à un parti politique. Ces États comme la Floride, l’Ohio ou la Caroline du Nord sont appelés les États charnières (swing states). La personne qui obtient le poste de président est celui qui a obtenu le plus de votes des grands électeurs. En 2016, le nombre magique était 270 voix.
Radio-Canada a récemment publié une vidéo tentant de synthétiser le système électoral américain. Elle dit entre autres que le gagnant d’une élection peut devenir président sans obtenir la majorité des voix populaires. C’est vrai, même s’il s’agit d’exceptions. Sur 43 personnes ayant occupé le poste de président entre 1789 et 2016, quatre l’ont été sans avoir au moins 50 % des votes de la population : John Quincy Adams (1824), Rutheford Hayes (1876), Benjamin Harrison (1888) et George W. Bush (2000). Si le scrutin avait été direct, comme c’est le cas en France entre autres, ces personnes n’auraient jamais été nommées président. Ce système est-il juste et légitime? C’est une question qui n’aura sûrement jamais de réponse. Le collège électoral est inscrit dans la Constitution et a servi dès la première élection présidentielle en 1789. Il serait par contre injuste de jouer à la vierge offensée. La distorsion de ce genre peut s’appliquer de bien des manières et ailleurs. Même si nous avons un système électoral différent au Canada, certains chefs et partis politiques ont remporté la victoire sans avoir 50 % des votes. Parlez-en à Justin Trudeau, qui est premier ministre d’un gouvernement majoritaire avec un peu moins de 40 % des voix. Parlez-en à Lucien Bouchard, qui a été premier ministre d’un gouvernement majoritaire du PQ alors que le PLQ de Jean Charest avait obtenu plus de votes.
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