Les élections européennes s’en viennent 

Par Aurélien Nambride 

Du 6 au 9 juin, plus de 400 millions d’Européens et Européennes iront élire les 720 députés du Parlement européen, siégeant à Strasbourg depuis plus de 25 ans avec la formation de l’Union européenne (UE). Ceci représente la seconde plus grosse élection démocratique au monde, derrière l’Inde.  

Afin de bien comprendre l’élection, il faut expliquer avant tout ce qu’est le Parlement européen, quel est le rôle de ses députés et quels types de partis politiques le remplissent. 

Son fonctionnement 

Le Parlement européen est l’une des institutions législatives de l’Union européenne. Cependant, comparée au parlement canadien, celle-ci n’a pas la possibilité d’entreprendre la création d’une loi. Seule la Commission européenne peut invoquer et proposer une nouvelle loi. C’est par la suite que le Parlement européen adopte la loi, après moult négociations et modifications. Les commissions parlementaires auxquelles certains députés participent donnent une aide au vote des lois. Par exemple, un député français issu d’une famille de fermiers allouerait probablement son temps à la commission sur « l’Agriculture et le Développement rural ». 

Il faut savoir que les lois sont travaillées étroitement entre le Parlement européen et le Conseil de l’UE. Ce conseil englobe les ministres des pays membres de l’Union et se rencontre également pour débattre et négocier des lois. On peut dire que le Conseil de l’UE représente les gouvernements, tandis que le Parlement européen représente les peuples. 

Les lois sur lesquelles le Parlement européen vote portent sur une myriade de sujets. Le budget européen est voté annuellement et englobe des dépenses culturelles, agricoles, etc. Parallèlement, le Parlement vote des lois sur les accords économiques, afin de faire peser davantage l’Europe face aux géants chinois et américains, mais vote aussi sur la gestion de l’immigration et du climat, entre autres. 

Les Eurodéputés 

Pour élire les députés du Parlement européen, le mode de scrutin est similaire à celui du Québec. Il s’agit d’un suffrage universel à un tour, auquel chaque parti politique se bat pour avoir un maximum de votes afin d’envoyer chacun un maximum de députés. Le taux de participation est relativement faible, moyennant 50 %. 

Le député européen est membre du parti politique de son pays d’origine et seulement sa population nationale peut l’élire. Chaque pays de l’UE possède un nombre de députés proportionnel à sa population nationale. Cela veut dire que l’Allemagne, étant le pays le plus peuplé de l’UE, a 96 députés, tandis que la France en a 81, et que Malte, le pays membre le moins peuplé, a seulement 6 députés élus. 

Le citoyen vote pour les partis nationaux, qui ont une liste numérotée de candidats. Par exemple, lors des dernières élections européennes, en 2019, le parti de Marine Le Pen, le Rassemblement national, était arrivé en tête des élections européennes en France, avec un score de 23 %. Ainsi, 22 députés choisis par le RN ont été élus au Parlement européen. Cependant, il faut comprendre que dans certains pays, le parti politique doit atteindre généralement 5 % pour être capable d’envoyer des députés au Parlement. 

Les eurodéputés vont ensuite rejoindre l’un des partis politiques européens auquel leurs partis nationaux sont affiliés. Selon la composition actuelle du Parlement, The Left est le parti le plus à gauche, composé par la France insoumise de Mélenchon en France. Le parti social-démocrate incarne le centre gauche et représente notamment le parti au pouvoir en Allemagne. Il y a ensuite les Verts, qui regroupent les partis écologistes, puis les centristes libéraux de Renew, regroupant entre autres le parti d’Emmanuel Macron. 

Actuellement, l’EPP est le parti de centre droit qui gouverne le Parlement européen, étant le plus gros parti et dont la présidente du Parlement européen, Ursula Von Der Layen, est membre en tant que représentante du parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel. La droite nationaliste est pour sa part divisée en deux partis, avec les conservateurs réformistes regroupant les partis de Giorgia Meloni et Éric Zemmour, et le parti Identité et Démocratie, où le parti de Marine Le Pen siège. 

Une campagne qui favorise la droite 

Jusqu’à présent, les principaux enjeux de la campagne électorale européenne sont l’immigration, la lutte contre l’inflation et la crise en Ukraine. Les sujets environnementaux perdent de l’intérêt, et le parti écologiste est celui qui devrait perdre le plus de sièges d’après les sondages, passant de 71 à environ 50 sièges.  

Source: Parlement européen

Les prognostiques sont plus favorables à la droite, en raison des préoccupations liées à l’immigration et aux manifestations des fermiers face aux restrictions de l’UE. Ces enjeux feraient ainsi hausser les partis ID et ECR, passant de 64 sièges chacun à environ 80 sièges d’après les sondages. La dynamique du parti de Marine Le Pen est si forte que le Rassemblement national pourrait devenir le futur plus gros parti national au niveau européen. Cette montée en puissance des nationalistes se réaffirme aussi avec Giorgia Meloni d’Italie, Geert Wilders des Pays-Bas et d’autres situés un peu partout sur le continent.  

Les relations actuelles renforcent la probabilité de la fusion entre ID et ECR pour former un seul grand parti de la droite nationaliste européenne après l’élection européenne. Ceci est un gros enjeu, car non seulement la dynamique en Europe semble favoriser ce mouvement, mais cela signifierait que la droite nationaliste pourrait se hisser à la seconde place du Parlement européen.  

Cela briserait la balance du pouvoir du parlement, qui est actuellement incarnée par une union entre les sociaux-démocrates du parti Renew et de l’EPP. De plus, Renew pourrait perdre plus de 25 sièges en raison de la perte en popularité du parti d’Emmanuel Macron et des libéraux du FDP allemand. 

En revanche, de l’autre côté du spectre politique, un autre parti pourrait monter en puissance avec une quinzaine de sièges. En effet, The LEFT incarne davantage le ras-le-bol économique de la population européenne libérale. 

Ultimement, les élections du 9 juin pourraient potentiellement chambouler grandement les choses. Il ne reste plus qu’à voir si les sondages ont vu juste. 


Source: Wikimedia

frederique_kim@live.ca  Web   More Posts
Scroll to Top